Approvisionnement et recomposition des alliances armées à l’Est de la RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 2 décembre 2025 à 11:24

Le 29 novembre, le colonel Salomon Tokolonga, commandant du 3402ᵉ régiment d’infanterie des FARDC, aurait ordonné la distribution de trois tonnes de munitions et de trois tonnes de rations de campagne à plusieurs factions affiliées aux FDLR, parmi lesquelles le NDC-R dirigé par le « général » Guidon Shimiray Mwisa, l’unité de renseignement des FDLR conduite par le « lieutenant-colonel » Guillaume Samba, les Nyatura Abazungu et Nyatura Jean-Marie de l’ANCDH, ainsi que l’UPCLN, entre autres groupes armés.

Selon des sources concordantes, ces cargaisons auraient été transportées par voie aérienne depuis le territoire de Lubutu, dans la province du Maniema, par deux hélicoptères ayant atterri, le 28 novembre, sur la piste de Pinga, dans le territoire de Walikale au Nord-Kivu.

Les munitions et rations ainsi distribuées auraient ensuite été déployées dans le groupement de Bashali-Mukoto, en territoire de Masisi, afin de soutenir les forces coalisées dans leurs préparatifs d’opérations militaires contre les positions de l’AFC/M23 dans les localités de Bibwe, Kinyana et Muzimu, en territoire de Rutshuru, province du Nord-Kivu.

Des violations répétées du cessez-le-feu et des bombardements incriminés comme crimes graves

Ces allégations, si elles venaient à être établies, s’inscriraient dans une dynamique inquiétante de violations systématiques des accords de cessez-le-feu imputées au pouvoir de Kinshasa, en amont même de la cérémonie de signature prévue à Washington.

Une telle persistance dans la logique de confrontation, au mépris des engagements annoncés sur la scène internationale, nourrit un climat de suspicion généralisée et affaiblit gravement la crédibilité diplomatique du gouvernement congolais.

Par ailleurs, de multiples rapports issus d’organisations humanitaires, de missions internationales et de sources locales font état de bombardements répétés visant ou touchant des agglomérations densément peuplées de civils dans plusieurs zones du Nord et Sud-Kivu.

Lorsque ces frappes surviennent hors de toute proportionnalité militaire, sans distinction suffisante entre combattants et non-combattants, elles sont susceptibles de constituer, selon le droit international humanitaire, des crimes contre l’humanité.

Ces actes, qui heurtent de plein fouet les principes les plus élémentaires de la protection des populations civiles, « choquent la conscience universelle » pour reprendre la formule consacrée du droit pénal international.

Ainsi se dessine un paradoxe tragique : alors que Washington s’apprête à accueillir la signature d’un texte censé inaugurer une ère de désescalade, les réalités du terrain témoignent d’une persistance voire d’une intensification de pratiques qui contreviennent frontalement aux impératifs de paix, de droit et d’humanité.

Alors que Washington se prépare à signer un accord de paix, la situation sur le terrain montre que les violences et violations persistent, voire s’intensifient

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