Burundi : un nouveau découpage administratif qui plonge le pays dans l’incertitude

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 23 juillet 2025 à 04:44

Depuis l’entrée en vigueur du nouveau découpage administratif au Burundi, la confusion semble gagner du terrain dans de nombreuses localités du pays. Actée par la loi organique n° 1/05 du 16 mars 2023, cette réforme territoriale visait officiellement à harmoniser les structures administratives du Burundi avec celles des autres États membres de la Communauté d’Afrique de l’Est. Toutefois la mise en œuvre sur le terrain laisse place à de profondes perturbations.

La réforme, qui a réduit le nombre de provinces de 18 à 5 (Buhumuza, Bujumbura, Burunga, Butanyerera et Gitega), a également redessiné la carte des communes, désormais au nombre de 42 contre 119 auparavant. Si les autorités espéraient renforcer l’efficacité de l’administration, les conséquences observées depuis les élections législatives et communales du 5 juin révèlent au contraire une grande désorganisation.

Dans plusieurs communes, les anciens administrateurs ont quitté leurs postes sans avoir été remplacés. Faute d’instructions claires et de moyens suffisants, certains responsables se retrouvent désorientés, leurs rôles restent flous et de nombreux engagements sont abandonnés, des dysfonctionnements qui perturbent gravement le quotidien des citoyens dépendants de ces services essentiels

À Kirundo comme à Muyinga, de nombreux bureaux administratifs restent fermés, laissant les citoyens sans réponses ni interlocuteurs. « Nous venons chaque jour, mais personne ne nous reçoit », confie un habitant désabusé. Pour assurer l’intérim, des secrétaires exécutifs ont été nommés, bien que leur présence soit souvent sans réel impact, voire une simple formalité.

Parallèlement, des voix s’élèvent pour dénoncer des abus. Le vide institutionnel aurait favorisé des pratiques opaques, certains anciens cadres étant accusés de tirer profit de la situation. Des soupçons de corruption circulent, notamment concernant la gestion des ressources locales, comme le carburant.

De manière générale, ce changement brutal entraîne notamment la perte du savoir-faire accumulées par les équipes précédentes et des informations essentielles détenues par l’ancienne administration.

L’absence de passation entre anciennes et nouvelles équipes complique la continuité des projets publics et entrave l’évaluation à long terme des politiques locales. À cela s’ajoute le coût logistique de cette réorganisation, qui pèse lourdement sur un pays déjà confronté à de nombreux défis.

Alors que la réforme ambitionnait de moderniser l’administration burundaise, elle semble, pour l’heure, semer le désordre plus qu’elle ne renforce les institutions.

Dans un climat d’incertitude généralisée, les citoyens appellent l’État à rétablir l’ordre dans les administrations locales et à garantir un service public fonctionnel, faute de quoi cette réorganisation territoriale pourrait devenir un fardeau de plus pour la population.

Depuis l’entrée en vigueur du nouveau découpage administratif au Burundi, la confusion semble gagner du terrain dans de nombreuses localités du pays

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