Fractures internes et dérive stratégique au sein de la coalition

Redigé par Tite Gatabazi
Le 3 décembre 2025 à 11:16

Le tumulte qui secoue actuellement la coalition armée active dans la plaine de la Ruzizi révèle une désagrégation accélérée des commandements et un affaissement moral difficilement dissimulable.

Le général Amuli Civiri, commandant du secteur opérationnel, a été violemment pris à partie par les milices Wazalendo, qui l’accusent ouvertement de trahison et de duplicité. L’attaque est d’autant plus lourde qu’elle est menée par Samadari Mutula, coordonnateur des Wazalendo dans les territoires de Mwenga, Fizi et Shabunda, proche de Justin Bitakwira.

Dans ce chaos hiérarchique, le général autoproclamé Makanaki a tenté, en vain, de défendre Civiri : son intervention a surtout exposé l’absence de véritable colonne vertébrale de cette nébuleuse. Déjà minée par ses querelles internes, la coalition avait pourtant envisagé une attaque surprise contre les positions de l’AFC/M23. Mais l’indiscipline, le bavardage inconsidéré et la fanfaronnade de ses cadres ont réduit à néant l’effet de surprise, reléguant la manœuvre au rang de velléité martiale.

Le bombardement volontaire de Kamanyola a, en outre, semé la psychose parmi les civils et mis en évidence l’impréparation et la dérive stratégique de ces groupes. L’épisode s’ajoute à une série de replis successifs et à une désorganisation qui confine à l’incohérence.

Les FARDC ont elles-mêmes procédé à une délocalisation précipitée de leur centre de commandement, quittant Kotonko, après le pont Luvubu, dans la chefferie des Bafulero, pour se repositionner vers la chefferie des Barundi. À Mino, où les forces burundaises avaient édifié barbelés et tranchées, l’AFC/M23 a percé les lignes dès l’aube et se trouve désormais à moins de deux kilomètres de Luvungi. Fidèles à leur discipline, les hommes du général Makenga évitent toutefois tout combat dans les centres urbains.

La fermeture de la frontière annoncée par le gouvernement burundais ajoute une dimension diplomatique, sans empêcher le gouverneur du Sud-Kivu, Purusi Jean Jacques, de traverser auparavant vers Bujumbura avec une partie de son staff.

Entre conflits internes, rivalités politiques et improvisations tactiques, ces coalitions hétéroclites, privées de vision comme de cause véritable, semblent inexorablement vouées à l’échec.

Le général Amuli Civiri a été violemment pris à partie par les milices Wazalendo, qui l’accusent ouvertement de trahison et de duplicité

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