Dans une interview accordée à un journaliste tanzanien, le général Nyamvumba a été interrogé sur la manière dont le Rwanda s’est relevé après le génocide, sur les clés de sa résilience face à des blessures profondes, et sur le processus qui lui a permis de se reconstruire à partir de rien.

Ancien membre de l’Armée patriotique rwandaise (APR), qui a mis fin au génocide, Nyamvumba a décrit l’état du pays en juillet 1994, soulignant que les premières étapes de la reconstruction nationale avaient été entreprises dans un contexte de désolation absolue.

« En 1994, Kigali n’était plus qu’une ville jonchée de cadavres. La toute première chose que nous avons faite, après avoir pris le contrôle du pays, a été de nettoyer la ville et enlever les corps. Des chiens et des vautours se nourrissaient des morts. C’était cela, l’image du Rwanda à l’époque : un pays en plein chaos, dépourvu de toute infrastructure fonctionnelle », a-t-il relaté.

Il a expliqué que la priorité immédiate de l’Armée patriotique rwandaise (APR) avait été de rétablir la dignité et l’ordre dans un pays entièrement déstructuré, où il n’existait ni institutions, ni systèmes, ni ressources sur lesquels s’appuyer.

« Après le génocide contre les Tutsi, il ne restait absolument rien. Les institutions gouvernementales étaient inexistantes, aucun service ne fonctionnait. Lorsque l’on compare cette réalité d’alors avec ce qu’est devenu le Rwanda aujourd’hui, cela relève du miracle. Mais c’est un miracle que nous avons construit de nos propres mains », a-t-il affirmé.

Pour illustrer l’ampleur des transformations, il a partagé une anecdote personnelle : entre 2008 et 2009, ses enfants étaient rentrés de l’école avec un devoir de mathématiques et lui avaient demandé de l’aide. Il s’est alors rendu compte qu’il ne se souvenait plus des méthodes utilisées à l’école.

Il se souvient avoir utilisé son téléphone pour chercher les réponses, avant de les guider pas à pas dans l’exercice. « Je leur ai dit qu’ils avaient de la chance de vivre à une époque où l’on peut tout trouver sur un téléphone, en leur rappelant qu’il fut un temps où ce pays ne possédait même pas de téléphones portables. Ils ont ri, puis m’ont demandé : “Mais papa, comment les gens faisaient-ils pour survivre à cette époque ?” », a-t-il raconté avec émotion.

Nyamvumba a souligné qu’il est souvent difficile pour la jeune génération de mesurer pleinement les épreuves qu’a traversées le Rwanda — notamment l’absence d’électricité, de moyens de communication ou d’infrastructures — tant les progrès réalisés depuis sont profonds et spectaculaires.

Tourné vers l’avenir, le général Nyamvumba a réaffirmé les ambitions du Rwanda en matière de développement : devenir un pays à revenu intermédiaire d’ici 2035 et accéder au statut de pays à revenu élevé à l’horizon 2050.

« Nous sommes convaincus que cet objectif est à notre portée. En 1994, le PIB du Rwanda était d’environ 3 milliards de dollars. Aujourd’hui, il dépasse les 15 milliards. Grâce à des investissements stratégiques et à un engagement soutenu, plus d’un million de Rwandais sont sortis de la pauvreté au cours des vingt dernières années », a-t-il déclaré.

« Nous avons vu d’autres pays, notamment en Asie de l’Est, réussir ce pari. Nous venons peut-être de continents différents, mais nous partageons la même intelligence et la même détermination. Grâce à notre leadership et à une vision claire, nous atteindrons nos objectifs. J’en suis profondément convaincu », a-t-il conclu.

Le général Patrick Nyamvumba, a salué les progrès remarquables accomplis par le pays depuis le génocide contre les Tutsi