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Indignation autour du soutien de Denis Mukwege à Charles Onana

Redigé par Alain-Bertrand Tunezerwe
Le 14 octobre 2024 à 12:43

Le ministre rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération, l’ambassadeur Olivier Nduhungirehe, a exprimé des réserves sur les actions du docteur Denis Mukwege, lauréat du Prix Nobel de la Paix en 2018. Le ministre s’interroge sur la bienveillance de Mukwege, notamment en raison de son soutien public à l’auteur controversé Charles Onana, accusé de nier et de minimiser le génocide perpetré contre les Tutsi au Rwanda en 1994.

Le docteur Denis Mukwege, célèbre pour ses efforts en faveur des femmes victimes de violences sexuelles dans les conflits en République démocratique du Congo (RDC), est récemment intervenu dans l’affaire judiciaire de Charles Onana, qui a comparu devant un tribunal parisien du 7 au 11l octobre 2024. Mukwege a dénoncé la nature politique de cette poursuite, affirmant : « Espérons que ce procès n’entraînera pas une nouvelle injustice. Nous soutenons Charles Onana : la vérité finit toujours par triompher. Nous, Congolais, avons combattu et survécu à la brutalité dans la région des Grands Lacs et nous te soutenons. »

Ces propos ont provoqué une vive réaction du ministre rwandais Olivier Nduhungirehe, qui a exprimé son étonnement quant au soutien du docteur Mukwege à un homme accusé de discours haineux envers les Tutsi. Nduhungirehe a suggéré qu’un tel soutien pourrait remettre en question l’objectivité du travail du médecin dans son hôpital Panzi à Bukavu, où il soigne des femmes victimes de viols pendant la guerre. « Peut-être que parmi les femmes soignées à Panzi, il n’y a pas de Tutsi, puisque Mukwege soutient un homme qui nourrit une haine profonde contre les Tutsi », a déclaré le ministre.

Charles Onana, connu pour ses publications controversées sur le rôle des Tutsi dans les conflits de la région, est l’auteur du livre ‘’Ces tueurs Tutsi : au cœur de la tragédie congolaise’’, publié en avril 2009. Dans cet ouvrage, il affirme que les femmes tutsi ont utilisé des méthodes radicales pour traquer et tuer leurs ennemis. Nduhungirehe a comparé ces écrits aux messages de haine véhiculés par les médias extrémistes comme Kangura et la Radio-Télévision Libre des Mille Collines (RTLM), qui ont préparé le terrain pour le génocide contre les Tutsi en 1994.

Le ministre rwandais a souligné que de tels propos continuaient d’alimenter les persécutions contre les Tutsi congolais dans l’est de la RDC, exacerbant une situation déjà tendue. « Alors que les discours de haine et les persécutions contre les Tutsi congolais s’intensifient, cet écrivain aux propos incendiaires est accueilli chaleureusement à Kinshasa et soutenu par des politiciens de la RDC, des Congolais en France et des négationnistes rwandais en Europe », a-t-il déploré.

Le procès de Charles Onana, qui s’est conclu le 11 octobre 2024, est suivi de près par plusieurs organisations de défense des droits humains, en particulier celles œuvrant pour la justice des victimes du génocide contre les Tutsi. Le tribunal de Paris a fixé la date du verdict au 9 décembre 2024. Ces organisations ont appelé à une condamnation exemplaire vis-à-vis d’Onana, soulignant l’importance de lutter contre les discours de haine et le négationnisme en vue de prévenir de nouvelles violences dans la région.

Denis Mukwege, pourtant salué par certains pour son engagement humanitaire, démontre de nouveau la complexité des dynamiques politiques et historiques dans la région des Grands Lacs, où la mémoire du génocide contre les Tutsi continue a être remise en question par certains ignorants.

Charles Onana, célèbre pour ses livres et ses discours haineux envers les Tutsi
Denis Mukwege apporte son soutien au negationniste Charles Onana

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