Les tentatives des autorités, aussi bien provinciales que nationales, pour dénouer cet imbroglio, qu’il s’agisse de la circulation alternée ou des récentes mesures de contrôle technique semblent ne jamais atteindre leur but. Ces réponses ponctuelles, qui n’effleurent que la surface de l’immense lac de la crise, révèlent surtout un vide béant dans la vision d’un avenir urbain cohérent. La ville, bien que promise à l’émergence, semble hésiter à prendre son envol.
Il est évident que les solutions cosmétiques, comme les dernières propositions d’un contrôle renforcé des véhicules, sont d’une efficacité éphémère, sinon illusoire. Certes, elles peuvent offrir un semblant d’ordre, un souffle d’espoir, mais elles ignorent le cœur du problème.
La véritable racine de ce mal réside dans un urbanisme défaillant, une infrastructure routière insuffisante, et un transport public qui s’effondre sous le poids d’une population croissante. Kinshasa, dans son état actuel, est comme une symphonie inachevée, une partition qui cherche encore son rythme.
Les autorités, en dépit de leurs bonnes intentions, semblent chercher la clé dans les détails, alors que l’orchestre entier demande une révision totale de sa composition.
C’est dans ce contexte que la ville se révèle dans son ironie tragique : là où des invités prestigieux passent sans encombre, la circulation se fluidifie miraculeusement. Mais pourquoi cette facilité ne serait-elle pas la norme pour tous ? Cette question, suspendue dans l’air, révèle une vérité implacable : à Kinshasa, ce n’est pas la ville qui manque d’outils pour respirer, mais bien ceux qui ont le pouvoir de la faire respirer.
Cette situation est le reflet d’une culture profondément enracinée dans la société, celle du privilège, où chaque individu pense que la route lui appartient.
Les gyrophares, les escortes, les conducteurs indisciplinés, tout cela fait partie d’une même toile, tissée de comportements égocentriques et d’une incompréhension flagrante des règles de la vie en commun. Le Kinois se croit exempt des embouteillages, pensant que l’ordre est fait pour les autres, et que lui seul peut se jouer des lois. Mais cette illusion se nourrit d’une inconscience collective, un mal plus vaste, plus subtil, qu’il serait vain de nier.
Cependant, dans ce chaos, une lueur d’espoir demeure : il ne suffit pas d’appliquer des solutions temporaires ou de chercher à contrôler les dérives individuelles. La véritable réponse réside dans un changement radical de mentalité, dans une révolution des cœurs et des esprits. Il ne s’agit plus de défendre son propre privilège, mais d’adopter un esprit de service envers la communauté.
Ce n’est pas l’individualisme qui doit être l’étendard, mais la solidarité. La fluidité du trafic n’est pas une conquête personnelle, mais une victoire partagée. Ce changement de regard, ce basculement vers une conscience collective, pourrait bien être la clé d’un avenir plus fluide, plus harmonieux pour la ville de Kinshasa.
Réinventer la régulation routière : une discipline partagée pour un futur
commun
Dans cette quête d’un Kinshasa libéré de ses embouteillages, l’enjeu devient celui de la régulation, mais pas n’importe quelle régulation : une régulation qui ne se contente pas de sanctionner, mais qui éveille la conscience collective. Les sanctions, qu’elles soient financières ou pénales, ne doivent pas être perçues comme des châtiments, mais comme des instruments de rééducation civique, des leviers pour redresser une société qui a trop longtemps oublié la notion de responsabilité.
La révision de la régulation routière, dans sa globalité, est une nécessité impérieuse. Il est vital de repenser la prévention, de multiplier les campagnes de sensibilisation, d’éclairer chaque usager sur l’importance de ses actes. Ces efforts doivent s’accompagner d’une application rigoureuse des sanctions, mais aussi de l’instauration d’un système transparent et équitable pour la perception des amendes. En parallèle, les unités spéciales en charge de la circulation doivent être réorganisées, dotées de moyens techniques et humains adéquats, et leur statut valorisé. Il ne s’agit pas simplement de contrôler, mais d’incarner un modèle d’intégrité et de dévouement.
Cette réécriture de l’ordre urbain exige également la participation active de tous les acteurs : autorités publiques, citoyens, société civile. Ensemble, dans un esprit de co-responsabilité, il est possible de fonder une culture de respect mutuel sur les routes, une culture où la sécurité et l’ordre ne sont plus l’apanage de quelques-uns, mais un bien commun.
Ce n’est qu’en œuvrant de concert que Kinshasa pourra devenir une ville fluide, une ville où la circulation se fait à l’image de la société qu’elle porte : solidaire, respectueuse, et résolument tournée vers l’avenir.
Ainsi, l’espoir n’est pas dans la fuite en avant des solutions superficielles, mais dans une révolution collective, un engagement partagé pour réinventer le cœur même de la ville. La fluidité du trafic, la respiration de Kinshasa, ne viendra que lorsque chaque Kinois comprendra que la route, comme la vie, n’est pas un chemin solitaire, mais une aventure collective.
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