Aux confins du monde ou l’odyssée planétaire d’un Américain

Redigé par Tite Gatabazi
Le 19 juin 2025 à 11:30

Dans un siècle qui cloisonne les existences sous le poids des crises, des conflits et des identités figées, un homme a choisi de refuser l’immobilisme.

Michael Zervos, citoyen américain et hellène de naissance, s’est lancé dans une entreprise folle, presque mythique  : arpenter les 195 États membres des Nations unies, non pour battre un record de vitesse, bien qu’il l’ait fait, mais pour interroger le cœur battant de l’humanité.

Pendant 499 jours, ce cinéaste de 36 ans a foulé tous les sols, dormi dans presque tous les pays, et posé la même question à des inconnus : "Quel est le moment le plus heureux de votre vie ?"

Ce périple, baptisé Project Kosmos, est né dans l’ombre d’une dépression, celle que la pandémie avait fait peser sur tant d’êtres. De cette nuit intérieure, Zervos a choisi de faire émerger une lumière  : celle de la rencontre et de la parole partagée. Chaque réponse recueillie, chaque confidence livrée sur son compte Instagram, devenait une parcelle d’un atlas émotionnel mondial. Là où d’aucuns verraient dans le voyage un exercice d’évasion ou d’accumulation, Zervos y voit une ascèse humaine, un miroir tendu à notre commune condition.

Son entreprise, soutenue par la plateforme iVisa, s’est imposée des règles strictes  : passer au moins une nuit dans chaque pays, à l’exception notable du Vatican, réduit à sa stricte spiritualité hôtelière.

Loin du tourisme pressé, son cheminement s’ancre dans le temps vécu, dans l’émerveillement décanté. Certains territoires l’ont marqué d’une empreinte indélébile  : les archipels préservés des Samoa, le Bhoutan hors du temps, ou encore le Lesotho suspendu entre ciel et montagnes.
Trois terres peu visitées, souvent ignorées des circuits balisés, mais qui incarnent à ses yeux la quintessence de la beauté, de l’authenticité et du mystère.

Il ne s’est pas contenté d’arpenter les havres de paix. Conseillé par des experts du voyage à haut risque, il s’est aussi aventuré dans les zones rouges de la carte géopolitique  : l’Afghanistan, la Syrie, l’Iran, ou encore la Corée du Nord.

C’est dans ce dernier pays, fermé comme un poing, qu’il a découvert, contre toute attente, un accueil bienveillant, des échanges décomplexés, et une hospitalité qui contraste avec l’image figée véhiculée par les chancelleries occidentales. Il ne s’agit pas ici de nier les réalités d’un régime autoritaire, mais de rappeler que les peuples ne sont pas toujours les reflets de leurs gouvernements.

Chez les Nord-Coréens, il dit avoir perçu une humanité désireuse de dialoguer, de comprendre et d’être comprise, une constante, au fond, de cette aventure mondiale.

Ainsi, l’odyssée de Michael Zervos n’est pas qu’un exploit chronométré. Elle est le récit contemporain d’un Ulysse du réel, d’un pèlerin des âmes, d’un chercheur de lumière dans un monde éclaté.

Elle nous rappelle que la véritable exploration ne consiste pas tant à traverser les frontières physiques qu’à abattre les murs mentaux. En recueillant les moments de joie de tant d’hommes et de femmes, il n’a pas seulement conquis le globe  ; il l’a écouté, il l’a recueilli, il l’a compris.

Et dans ce monde troublé, n’est-ce pas là le véritable record  ?

Michael Zervos, Américain d’origine grecque, a entrepris un voyage unique : visiter les 195 États membres de l’ONU, non pour la vitesse, mais pour explorer l’âme humaine

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