Situé dans le district de Nyamagabe, province du Sud, ce mémorial fait partie des mémoriaux du génocide perpétré contre les Tutsi récemment inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Avant le génocide, ce lieu abritait une école technique en construction, qui s’est tragiquement transformée en site d’extermination d’un grand nombre de Tutsis réfugiés.

« Effectivement, ce site est aujourd’hui un mémorial, mais en 1994, c’était encore un chantier scolaire », a déploré Mme Azoulay.

Elle a souligné l’utilisation perverse de l’éducation par les instigateurs du génocide, transformant des citoyens ordinaires en meurtriers.

« C’était une école. Les auteurs du génocide étaient des individus instruits. L’éducation a été détournée pour préparer et exécuter le massacre des Tutsis réfugiés dans cette école en construction », a-t-elle ajouté, exprimant son regret quant à la complicité de l’éducation dans les événements.

Azoulay a insisté sur l’importance d’enseigner cette période de l’histoire, de revisiter et de transformer l’approche éducative pour que celle-ci ne se limite pas à un enseignement technique ou à l’acquisition de compétences.

« Les compétences sont certes importantes, mais les valeurs sont une question de vie ou de mort, qu’est-ce qui a échoué dans notre approche de l’éducation ? Comment pouvons-nous l’utiliser comme un moyen de promouvoir la paix, le respect et l’empathie ? Voilà le cœur de la mission de l’UNESCO », a-t-elle affirmé, ajoutant que l’éducation doit impérativement s’ancrer dans le respect de la dignité humaine et la reconnaissance des signaux d’alerte indiquant l’infiltration d’idéologies destructrices.

Azoulay a également souligné l’importance de préserver la mémoire du génocide, rappelant les paroles de Richard Butera, témoin de la tragédie, qui insiste sur le devoir de mémoire. La Directrice Générale de l’UNESCO a mis en lumière la reconnaissance internationale du génocide perpétré contre les Tutsi comme une responsabilité mondiale, soulignant l’importance de conserver les mémoriaux pour combattre la négation et la distorsion historiques.

Claudette Nirere, Secrétaire d’État à l’Éducation, a exprimé sa gratitude envers l’UNESCO pour son soutien, garantissant la préservation des mémoriaux comme héritage commun de l’humanité. Elle a mis en avant l’effort de conservation du site de Murambi, y compris le jardin du souvenir, en tant que témoignage de la tragédie.

« Ce complexe scolaire de 12 locaux avec six portes chacun, auxquels s’ajoutent leurs annexes, sont tous devenus des lieux d’exposition des corps des victimes, des objets utilisés dans le génocide, ainsi que de certains éléments d’identification des victimes. (…) Comme site de mémoire, le jardin du souvenir sur ce site fait également partie intégrante de la propriété. Son état initial a été soigneusement préservé, et sa conservation est d’une grande considération, de la même manière que les autres composantes du site », a-t-elle souligné.

Cette visite a également été marquée par une audience privée accordée par Audrey Azoulay aux survivants de ces tragiques événements du 21 avril 1994 à Murambi.

Audrey Azoulay, D.G de l’UNESCO, rend hommage aux victimes du génocide perpétré contre les Tutsi au Mémorial du Génocide de Murambi

Audrey Azoulay a souligné l'utilisation perverse de l'éducation par les instigateurs du génocide, transformant des citoyens ordinaires en meurtriers

Ce complexe scolaire de 12 locaux avec six portes chacun, auxquels s'ajoutent leurs annexes, sont tous devenus des lieux d'exposition des corps des victimes, des objets utilisés dans le génocide, ainsi que de certains éléments d'identification des victimes