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L’engouement pour les ovocytes congelés : une nouvelle tendance

Redigé par Ange-Carolle Kouassi
Le 8 août 2023 à 07:43

À 37 ans, Nina se retrouve à un carrefour de vie. Elle n’a pas encore trouvé le partenaire avec qui fonder une famille, mais elle souhaite préserver ses chances d’avoir des enfants dans le futur. Comme elle, plus de 11 000 femmes ont opté pour l’autoconservation de leurs ovocytes, une procédure relativement nouvelle qui a ouvert ses portes il y a deux ans. Cependant, l’engouement pour cette possibilité a créé des délais d’attente de plus en plus longs, mettant certaines femmes face à des obstacles inattendus.

Pour Nina, le processus a été aussi stressant qu’heureux. Elle se dit chanceuse d’avoir pu prélever et congeler ses ovocytes juste à temps, deux semaines avant son 37e anniversaire, l’âge limite imposé par la loi. Mais elle a dû se rendre à plusieurs reprises dans un centre spécialisé, situé à des centaines de kilomètres de chez elle, le seul à pouvoir l’accueillir dans les délais impartis.

Avant août 2021, l’autoconservation des ovocytes était autorisée uniquement pour des raisons médicales, comme les traitements contre le cancer ou les maladies pouvant affecter la fertilité des patientes. Désormais, le motif médical n’est plus nécessaire, et les femmes peuvent choisir de congeler leurs ovocytes par précaution face à la diminution de leur fertilité avec l’âge, en vue d’une future procréation médicalement assistée (PMA).

La loi fixe cependant des limites d’âge : le prélèvement des ovocytes est possible entre 29 et 37 ans, et la PMA peut être effectuée jusqu’à l’âge de 45 ans maximum. Le succès de cette procédure a été impressionnant en seulement deux ans, avec près de 11 500 demandes d’autoconservation d’ovocytes depuis son entrée en vigueur. Cependant, seules 4 800 femmes ont pu débuter le processus, et 1 778 ont effectivement bénéficié d’au moins une conservation en 2022, selon les chiffres du gouvernement.

Le Dr Pauline Jaeger, du service de médecine de la reproduction à l’hôpital Femme Mère Enfant de Lyon, admet avoir été prise de court par cette vague de demandes inattendue. La majorité des patientes sont des célibataires qui ressentent la pression sociale liée à l’horloge biologique et veulent garder leurs options ouvertes quant à leur désir d’enfants.

Cependant, cette affluence a rapidement engorgé les quelque trente centres publics spécialisés autorisés à pratiquer cette procédure en France. Malheureusement, certaines femmes qui souhaitent entamer le processus avant leurs 37 ans se voient découragées par des délais d’attente pouvant atteindre deux ans, se voyant contraintes de se tourner vers d’autres solutions, comme Mélanie Trivalet, qui a dû se rendre en Espagne pour congeler ses ovocytes.

Virginie Rio, fondatrice de l’association Bamp !, qui conseille des patients en parcours d’assistance médicale à la procréation (AMP), estime que le gouvernement aurait dû anticiper cet "embouteillage". Elle aurait souhaité que les centres d’AMP privés puissent aussi pratiquer l’autoconservation sans motif médical, une idée rejetée par le législateur par crainte de la marchandisation du corps des femmes, selon elle.

Cependant, des changements sont à prévoir : le gouvernement a annoncé que de nouveaux centres pourront bientôt pratiquer l’autoconservation des ovocytes. Malgré les difficultés rencontrées, Nina reste résolue et se prépare pour l’avenir en entamant les démarches pour une PMA, qui, au vu des délais actuels, pourrait être envisagée dans deux ans.

L’engouement pour les ovocytes congelés : une nouvelle tendance

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