Urgent

La SADC face au double défi de la paix en RDC et de l’intégration économique

Redigé par Tite Gatabazi
Le 18 août 2025 à 10:11

Le 45ᵉ Sommet des Chefs d’État et de gouvernement de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) s’est achevé le dimanche 17 août dans la capitale malgache, Antananarivo. Cette rencontre, première présidence malgache depuis l’adhésion du pays à l’organisation il y a vingt ans, s’est tenue sous le signe d’une double urgence : répondre à l’instabilité persistante dans l’Est de la République démocratique du Congo et consolider un projet d’intégration économique régionale encore largement embryonnaire.

Si la moitié seulement des seize États membres étaient représentés au plus haut niveau, le communiqué final a néanmoins affirmé la volonté des participants de jouer la carte de la complémentarité diplomatique. Ainsi, la SADC a salué la convergence des efforts entre l’Union africaine, la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et elle-même pour favoriser un règlement politique de la crise congolaise.

Les deux organisations régionales ont, à ce titre, institué un groupe commun de facilitateurs. Le texte insiste par ailleurs sur la nécessité d’articuler ces mécanismes africains avec les engagements internationaux déjà signés, notamment l’« accord de Washington » conclu entre Kinshasa et Kigali, ainsi que la déclaration de principe paraphée à Doha entre la RDC et le mouvement rebelle AFC/M23.

L’entourage du président congolais Félix Tshisekedi, grand absent du sommet, n’a pas manqué de souligner que la SADC conserve un rôle diplomatique central pour accompagner ces processus et garantir leur cohérence.

Une intégration économique encore au stade des intentions

Le second grand volet des discussions concernait l’intégration économique régionale, présentée comme un impératif stratégique pour la SADC. Les Chefs d’État se sont prononcés en faveur d’une accélération du projet de corridor économique Nord-Sud, vaste programme d’aménagement destiné à relier le port sud-africain de Durban à Kolwezi en RDC, cœur minier du continent. Selon ses promoteurs, cette route commerciale pourrait générer jusqu’à 1,6 million d’emplois et transformer profondément les échanges régionaux.

Cependant, si l’ambition est réaffirmée avec solennité, les décisions concrètes demeurent en suspens : aucun calendrier n’a été fixé, aucun montant d’investissement n’a été annoncé. Plus largement, le communiqué final se limite à des déclarations de principe sans avancer d’objectifs chiffrés sur l’augmentation du commerce intra-régional ni sur l’harmonisation des tarifs douaniers, pourtant considérés comme des jalons indispensables à l’émergence d’un véritable marché commun de l’Afrique australe.

En définitive, ce 45ᵉ sommet illustre les paradoxes récurrents de la SADC : une organisation consciente de sa responsabilité politique et économique dans l’espace continental, mais encore prisonnière des lenteurs structurelles et des prudences diplomatiques qui freinent la concrétisation de ses ambitions.

Le 45ᵉ sommet de la SADC s’est tenu à Antananarivo le 17 août, sous la présidence malgache, pour traiter de l’instabilité en RDC et de l’intégration économique régionale

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