Pour le Rwanda, il ne s’agit pas seulement d’un événement sportif. C’est un jalon national, une célébration continentale et un puissant symbole de la manière dont le sport peut transformer une identité, inspirer l’unité et stimuler le développement économique.

La décision de l’Union Cycliste Internationale d’attribuer en 2021 l’organisation de ces championnats au Rwanda ouvre une nouvelle ère pour ce sport. Elle reconnaît la capacité avérée du pays à se positionner comme une nation de cyclisme, grâce notamment au Tour du Rwanda. Depuis sa création en 1988, cette course n’a cessé de gagner en prestige, jusqu’à devenir une épreuve inscrite au calendrier de l’UCI Africa Tour, attirant aujourd’hui des coureurs professionnels venus du monde entier.

Lorsque le Rwanda a devancé le Maroc pour obtenir l’organisation, ce fut un signal clair que l’Afrique est prête à s’affirmer sur la scène mondiale du cyclisme. De la même manière que la Coupe du monde de football 2010 en Afrique du Sud a redéfini la perception mondiale de la capacité d’accueil du continent, Kigali 2025 promet d’en faire autant pour le cyclisme.

Plus de 330 millions de téléspectateurs, via 50 diffuseurs, suivront la compétition. Beaucoup découvriront pour la première fois le Rwanda : non seulement un pays aux paysages spectaculaires et aux horizons urbains modernes, mais aussi un peuple dont l’amour du cyclisme est aussi profond et tenace que ses collines.

Kigali accueillera les Championnats du monde de l’UCI du 21 au 28 septembre 2025

Au Rwanda, la géographie devient théâtre. Connu comme le « pays des mille collines », Kigali offre des routes ondulantes qui ne constituent pas seulement un décor, mais un véritable protagoniste. Avec plus de 5 000 mètres de dénivelé, ces championnats s’annoncent comme l’une des courses les plus spectaculaires et exigeantes de mémoire récente. Les coureurs devront affronter non seulement leurs adversaires, mais aussi le terrain lui-même, où la résilience est récompensée et où seuls les plus forts triomphent.

Pour les Rwandais, cela a une résonance particulière. Les collines qui façonnent leur quotidien façonneront désormais une course mondiale historique.

La croissance économique sur deux roues

Les championnats promettent d’apporter une manne économique. La compétition devrait attirer plus de 7 000 visiteurs, remplissant hôtels, restaurants et marchés. Cet afflux vient compléter la remarquable croissance récente du Rwanda : les recettes touristiques ont augmenté de 36 % en 2023, atteignant 636 millions de dollars, tandis que le secteur des réunions, congrès et expositions (MICE) a bondi de 52 %, pour atteindre 95 millions de dollars.

Cette dynamique s’inscrit dans la Stratégie Sports Hub du gouvernement, qui vise à faire passer les revenus annuels du tourisme sportif de 1 milliard à 30 milliards de francs rwandais en cinq ans. Les partenariats du Rwanda avec Arsenal, le Paris Saint-Germain et le Bayern Munich, ainsi que l’accueil des play-offs de la Basketball Africa League (BAL), ont déjà démontré le pouvoir du sport comme moteur d’investissement, d’emplois et de visibilité. Les Championnats du monde de l’UCI 2025 seront la vitrine la plus ambitieuse à ce jour.

Le Rwanda a démontré sa capacité en tant que nation de cyclisme, grâce en partie au Tour du Rwanda

Mais au-delà des chiffres bat le cœur de l’événement. À peine trois décennies après le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, la capacité du Rwanda à accueillir la plus prestigieuse compétition cycliste mondiale envoie un message de paix, de résilience et de progrès. Comme l’ont souligné des légendes du cyclisme rwandais, c’est un « moment de fierté incroyable », qui inspirera les jeunes athlètes et renforcera la place du Rwanda dans le sport international.

Le long des routes du Rwanda, des enfants brandiront des drapeaux, encourageront les coureurs et rêveront de devenir eux-mêmes des champions. L’histoire de cette jeune fille de Musanze inspirée à rejoindre un club de cyclisme, ou de ce garçon de Rwamagana convaincu qu’il pourrait un jour porter le maillot arc-en-ciel, représente le véritable héritage.

Les femmes, elles aussi, entrent en scène. L’investissement croissant du Rwanda dans le cyclisme féminin garantit que Kigali 2025 inspirera non seulement la prochaine génération de coureurs, mais aussi de jeunes femmes qui voient dans le cyclisme leur avenir.

Des initiatives comme le projet ’Bike for Future’, soutenu par Plan International et le Comité international olympique, sont spécifiquement conçues pour autonomiser les jeunes Rwandaises par le cyclisme. Le programme fournit des vélos, une formation professionnelle et des compétences techniques telles que la mécanique vélo, ouvrant ainsi la voie à la fois à la réussite sportive et à des opportunités génératrices de revenus.

Lorsque le Rwanda a devancé le Maroc pour obtenir l’organisation, ce fut un signal clair que l’Afrique est prête à s’affirmer sur la scène mondiale du cyclisme

L’avenir du cyclisme africain

La Stratégie Afrique 2025 de l’UCI ouvre déjà de nouvelles perspectives : des camps d’entraînement au premier Tour du Rwanda Juniors en 2024. Le Rwanda abrite également le Centre mondial du cyclisme Afrique de l’UCI, ce qui garantit que Kigali 2025 ne sera pas un spectacle isolé, mais un tremplin pour un développement durable à long terme.

Pour le continent, il s’agit d’un tournant. Tout comme le Tour de France est indissociable de l’identité française, Kigali 2025 pourrait déclencher une véritable renaissance du cyclisme africain, nourrissant les talents, développant les infrastructures et donnant à l’Afrique la place qui lui revient sur la carte mondiale du cyclisme.

Lorsque le peloton sillonnera les collines de Kigali en septembre 2025, le monde verra plus qu’une course. Il verra une nation dont le parcours reflète celui du cyclisme lui-même, marqué par l’endurance, la résilience et la capacité à se relever après chaque ascension.

Et à mesure que la compétition approchera de son terme, le maillot arc-en-ciel reviendra peut-être à un champion, mais la véritable victoire appartiendra au Rwanda et à un continent dont l’heure est venue.

Le Tour du Rwanda n’a cessé de gagner en prestige depuis sa création en 1988