Le dernier épisode en date, marqué par le refus ostentatoire de Judith Suminwa de figurer sur la photo officielle du sommet des Chefs d’Etats d’Addis-Abeba, illustre une nouvelle fois cette inclination à confondre posture et diplomatie.
Au lieu de capitaliser sur une présence qui aurait pu être mise à profit pour affirmer avec fermeté les revendications congolaises, la Première ministre a préféré le retrait spectaculaire, dans un geste qui tient davantage de l’enfantillage diplomatique que de la stratégie politique. Ce n’est là qu’un énième avatar d’une gouvernance qui a fait du bouder comme une ligne directrice, multipliant les scènes de vexation et d’indignation feinte pour masquer son incapacité à s’imposer par la diplomatie classique.
Loin d’être un cas isolé, cet épisode s’inscrit dans une longue série d’errances où le pouvoir congolais, en quête de martyrs et d’héroïsation factice, transforme chaque rencontre internationale en un théâtre où la mise en scène l’emporte sur la substance.
AZanzibar, lors de la retraite des ministres des Affaires étrangères de l’EAC, Thérèse Kayikwamba Wagner s’était illustrée par des déclarations absurdes sur des photos prétendument volées, tandis qu’à la francophonie, Sama Lukonde, alors Premier ministre, oscillait entre quête d’attention et réticence calculée, s’invitant dans des conversations informelles aux côtes du Président Kagame mais évitant soigneusement la photo officielle.
Ces contradictions flagrantes trahissent une diplomatie dépourvue de ligne directrice, guidée par l’instant et les émotions du moment plutôt que par une vision d’ensemble.
Or, dans le concert des nations, la diplomatie ne se construit ni sur les humeurs du jour, ni sur des gestes de défiance puérils savamment relayés par des médias acquis à la mise en scène du ressentiment. Elle exige au contraire constance, patience et capacité à convertir chaque espace de dialogue en opportunité de plaidoyer.
Mais lorsque l’objectif n’est plus la recherche d’une solution viable, mais bien la mise en scène d’un affrontement stérile destiné à nourrir une dramaturgie artificielle, la diplomatie se réduit à une simple gesticulation, sans substance ni portée réelle.
Cette politique-spectacle, qui fait de l’évitement une posture et du repli un acte de bravoure, n’a d’autre effet que d’isoler davantage le pays sur la scène internationale. La République démocratique du Congo ne se renforce pas en refusant de figurer sur une photographie ; elle ne défend pas sa souveraineté en s’abstenant de débattre là où se jouent les rapports de force ; elle ne sécurise pas son territoire en transformant chaque sommet en un forum de protestations improvisées.
Une diplomatie qui fuit le dialogue et érige la susceptibilité en ligne politique ne peut que susciter l’incrédulité et la lassitude de ses partenaires.
À ce rythme, le Congo risque de se retrouver relégué à la marge des grandes décisions qui engagent son avenir, prisonnier d’un imaginaire diplomatique où l’illusion de l’affrontement tient lieu d’action, et où l’agitation perpétuelle dissimule mal l’absence de résultats concrets. Mais qu’importe : pour un pouvoir en quête de fracas plus que d’efficacité, il suffit désormais de ne pas apparaître sur une photo officielle pour crier à la victoire diplomatique.
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