La Constitution encadre peu la période de transition entre deux présidents. Jusqu’au 20 janvier, le président sortant conserve pleinement ses pouvoirs, et aucun pouvoir particulier n’est attribué à son successeur. Pendant cette transition, une rupture apparaît entre la légitimité électorale, qui appartient au président élu, et le pouvoir réel, détenu par le président sortant, créant ainsi une phase où le président en place dispose du pouvoir sans légitimité, tandis que son successeur possède une légitimité sans pouvoir.
Historiquement, la période de transition vise à permettre une passation de pouvoir harmonieuse et efficace dans l’intérêt général. Dès 1913, l’administration du président William Taft avait aidé le futur secrétaire d’État de Woodrow Wilson, William Jennings Bryan, malgré leur rivalité passée. Cette pratique s’est formalisée en 1952, lorsque Harry Truman ordonna à son administration d’assister l’équipe de Dwight Eisenhower dans sa préparation au pouvoir. La transition permet au président élu d’approfondir sa compréhension des questions en cours, de définir ses stratégies politiques, et de choisir les membres de son administration, pour cela, un dialogue avec le président sortant est souvent essentiel.
Même si le président en fonction garde officiellement tous ses pouvoirs, il est de fait limité pendant cette période. Son autorité décroît à mesure que l’investiture de son successeur approche, et ses interlocuteurs, qu’ils soient chefs d’État, élus fédéraux ou cadres administratifs, se tournent davantage vers le président élu. La tradition politique américaine qualifie ce statut de « lame duck » (canard boiteux), représentant un dirigeant dont le pouvoir décline.
Le contexte politique peut atténuer ou aggraver cette perte d’influence. Les transitions sont souvent plus harmonieuses lorsque le président élu est du même parti que son prédécesseur. À l’inverse, une alternance politique accentue les tensions, surtout si le président sortant a perdu sa réélection. Dans certains cas, comme celui de Ronald Reagan remportant largement les voix des grands électeurs face à Jimmy Carter en 1980, l’écart de légitimité électorale amplifie cette dynamique.
Cependant, la transition offre également des opportunités pour le président sortant. Libéré de l’objectif d’une réélection, il peut user de certains pouvoirs sans les contraintes politiques habituelles. Il peut, par exemple, réaliser des nominations finales avec le soutien d’un Sénat favorable, comme l’a fait John Adams en 1800, en désignant plusieurs juges fédéraux. Le président sortant peut aussi adopter des actes réglementaires difficiles à révoquer pour son successeur ou encore exercer son droit de grâce, comme l’ont fait plusieurs présidents pour leurs proches collaborateurs ou soutiens politiques.
Enfin, sur le plan international, le président sortant peut engager des décisions qui auront un impact durable, comme l’a fait George H. W. Bush en envoyant des troupes en Somalie en 1992. Ces actions peuvent placer l’administration suivante dans une position délicate.
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