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Les enjeux de la visite de Félix Tshisekedi au Burundi et l’implication des troupes burundaises en RDC

Redigé par Bazikarev
Le 23 décembre 2024 à 03:30

La courte visite du président congolais Félix Tshisekedi au Burundi suscite des interrogations concernant les relations entre les deux pays, notamment en ce qui concerne l’implication des troupes burundaises dans la guerre en République Démocratique du Congo (RDC).

Selon Pacifique Nininahazwe, président du Forum pour la conscience et le développement (FOCODE), cette visite cache des enjeux plus complexes, notamment la continuation des relations militaires entre le Burundi et la RDC.

Le président Félix Tshisekedi a atterri à Bujumbura où il a été accueilli par son homologue burundais Evariste Ndayishimiye.

Selon des sources officielles, cette visite avait pour objectif de renforcer les relations diplomatiques entre les deux nations, mais elle survient dans un contexte particulier, celui de l’intensification du conflit en RDC, où le groupe armé M23 poursuit sa conquête de territoires.

Ce groupe, que la RDC désigne comme une menace terroriste, s’est récemment emparé de nouvelles zones, notamment dans la région de Lubero, où l’on craint désormais la prise de Butembo.

Pacifique Nininahazwe met en lumière l’implication de plus en plus marquée des troupes burundaises dans ce conflit.

« Le Burundi a déployé plus de 10 bataillons (soit environ 8 000 soldats) pour soutenir l’armée congolaise dans sa lutte contre le groupe rebelle M23. Mais ce soutien militaire n’est pas sans controverse », explique-t-il.

L’armée burundaise, bien que faisant partie d’une coalition sous mandat de la Communauté de Développement de l’Afrique australe (SADC), est accusée de servir d’auxiliaire dans un conflit aux enjeux géopolitiques bien plus vastes.

Des troupes burundaises en RDC : des mercenaires sous couvert

Pacifique Nininahazwe souligne que les troupes burundaises se battent souvent sous des conditions difficiles et sont privées de nombreux droits, notamment celui de pouvoir communiquer avec leurs familles.

« Les soldats burundais sont traités comme des mercenaires, sans salaire digne de ce nom. Non seulement ils ne reçoivent qu’une aide minimale, mais leurs salaires sont détournés par des responsables militaires et gouvernementaux », ajoute-t-il.

Cette situation est d’autant plus préoccupante que ces soldats sont déployés dans des zones de combat sans garantie de leur sécurité, et plusieurs d’entre eux ont perdu la vie dans des conditions dramatiques.

Selon Nininahazwe, les troupes burundaises sont également privées de moyens de communication, ce qui les empêche de prévenir leurs proches en cas de danger.

« Aujourd’hui, les soldats burundais sont les seuls dans ce conflit qui ne peuvent pas avoir de téléphone pour communiquer avec leurs familles. Beaucoup d’entre eux se battent sans savoir si leurs proches sont vivants », explique-t-il avec amertume.

Le contrat entre Ndayishimiye et Tshisekedi : des enjeux cachés

Un autre point important soulevé par Nininahazwe est la question du contrat implicite entre les présidents Ndayishimiye et Tshisekedi.

Bien que peu d’informations aient filtré sur les termes précis de cet accord, il semble que le Burundi soit impliqué dans le soutien à l’armée congolaise en échange de divers avantages, notamment financiers.

« Nous ignorons les détails exacts de cet accord, mais ce que nous savons, c’est que le Burundi a accepté de déployer ses soldats en RDC, peut-être en échange de certains bénéfices », affirme Nininahazwe.

Cette implication burundaise dans le conflit en RDC semble avoir des ramifications bien au-delà des simples questions de sécurité.

Le soutien de Tshisekedi à Ndayishimiye pourrait être vu comme une tentative de renforcer ses relations avec un voisin stratégique tout en cherchant à réduire la pression exercée par les groupes rebelles dans l’Est de la RDC.

Mais, selon Nininahazwe, cette situation soulève des interrogations sur la nature de l’aide apportée et sur l’exploitation de cette guerre pour des gains politiques et financiers.

La guerre de demain : des soldats burundais en première ligne

Cette courte visite cacherait des nouvelles stratégies pour mettre les troupes burundaises en avant pour jouer un rôle plus actif dans le conflit.

« Le président Tshisekedi semble préparer un nouveau tournant dans la guerre, en plaçant des leaders militaires issus du groupe ethnique des Banyamulenge pour mener la lutte contre le M23. Cela pourrait signifier un retour à la ligne de front pour les soldats burundais, qui ont déjà payé un lourd tribut », prévient-il.

Ce retournement de situation pourrait en effet entraîner davantage de pertes humaines, tant pour les soldats burundais que pour les civils pris dans le conflit.

Cette visite de Félix Tshisekedi au Burundi n’est pas qu’une simple rencontre diplomatique contrairement à la déclaration officielle.

Elle intervient dans un contexte de guerre en RDC, où le Burundi est de plus en plus impliqué militairement. Les soldats burundais se retrouvent pris au piège dans un conflit qu’ils ne maîtrisent pas entièrement, et l’accord tacite entre les présidents Ndayishimiye et Tshisekedi semble compromettre davantage la situation.

« La guerre en RDC pourrait ainsi devenir un fardeau lourd à porter pour le Burundi, avec des conséquences humanitaires tragiques pour ses troupes et leurs familles, ajoute Nininahazwe.

« Il est grand temps que le gouvernement burundais revoie sa politique en matière de guerre et de relations internationales, avant que ce conflit ne prenne des proportions encore plus dramatiques pour le peuple burundais, » conclut-il avec beaucoup d’inquiétudes.

Visite de Tshisekedi à Bujumbura cacherait une nouvelle stratégie de la geurre à l'Est de la RDC

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