00:00:00 Nos sites KINYARWANDA ENGLISH FRANCAIS

Une diplomatie sans boussole en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 19 décembre 2024 à 01:57

Sous l’ombre lourde des collines congolaises, une diplomatie vacille, s’étiole, comme une flamme vacillante dans le tumulte des vents contraires. La RDC, vaste et tumultueuse, se débat dans les méandres de ses contradictions, tissant des promesses qu’elle déchire aussitôt, se livrant à une danse d’hésitations où chaque pas en avant est suivi d’un pas en arrière. Une symphonie dissonante, où le tambour des engagements est noyé par le fracas des renoncements.

L’ambiguïté des promesses murmurées

Tandis que l’Abbé Bahala, messager de la République, s’envolait vers Kampala, porteur d’une mission à l’éclat officiel, l’histoire lui réservait une chute brutale : limogé, sacrifié sur l’autel d’une fuite d’informations. Cet épisode, loin d’être isolé, révèle les fractures profondes d’une gouvernance où les décisions semblent nées dans l’urgence, sans boussole pour les guider.

Ainsi, lorsque Kinshasa accuse le Rwanda d’avoir introduit inopinément la question du dialogue avec le M23 lors de la réunion du 14 décembre 2024, la vérité, telle une marée montante, vient emporter ce récit. Une correspondance angolaise, datée du 30 novembre, expose l’engagement précoce de la RDC dans ce dialogue, tel un aveu caché sous des couches d’ambiguïté. Cette révélation tranche, implacable, avec les résolutions passées, notamment celle de 2022 classant le M23 comme terroriste et interdisant tout dialogue.

Une cacophonie stratégique

Les déclarations des hautes sphères congolaises, empreintes d’une fermeté théâtrale : "Nous ne négocierons jamais avec le M23", s’étiolent face aux réalités des coulisses diplomatiques.

Les mots résonnent comme une promesse de marbre, mais se dissolvent aussitôt dans la fluidité des faits. Pendant ce temps, le processus de Nairobi, piloté par Uhuru Kenyatta, vacille, miné par les accusations de partialité portées contre William Ruto, allié perçu du Rwanda. Ce cadre, naguère porteur d’espoirs, semble désormais un navire échoué sur les récifs des désaccords régionaux.

L’érosion de la confiance

Chaque volte-face ronge un peu plus la patience des citoyens et des partenaires. Les discours creux, les engagements reniés, tissent une toile d’incertitudes qui finit par emprisonner la RDC dans une spirale d’isolement. Une diplomatie incohérente, fruit d’une gouvernance vacillante, devient une arme contre elle-même, sapant la crédibilité du pays. Aux yeux du monde, la RDC devient l’écho d’une promesse jamais tenue, un acteur imprévisible dont l’inconstance effraie les alliés potentiels.

L’absence de cohérence stratégique

Une diplomatie solide repose sur une vision claire et des actions alignées avec des objectifs définis. La RDC, en multipliant les messages contradictoires, projette l’image d’un État sans stratégie, pris dans les sables mouvants de l’improvisation. L’incohérence dans la gestion du contentieux avec le M23, oscillant entre dialogue secret et rejet public, en est un exemple frappant.

La gestion erratique des alliances

La méfiance affichée envers certains partenaires régionaux, comme le Kenya, et les accusations mutuelles, affaiblissent les fondements d’une diplomatie collective essentielle pour résoudre les crises. Une mauvaise gestion des alliances régionales crée un vide, souvent comblé par des acteurs opportunistes, aggravant l’instabilité.

Une communication chaotique

Le contraste entre les discours officiels et les actions non assumées affaiblit la position du gouvernement. Une communication diplomatique efficace doit être le reflet d’une politique claire et décidée. Dans le cas de la RDC, les écarts entre paroles et actes deviennent des armes pour ses détracteurs.

La fragilité institutionnelle

Une diplomatie efficace s’appuie sur des institutions solides capables de naviguer dans des eaux troubles. La RDC, en confiant des missions critiques à des émissaires comme l’Abbé Bahala sans protection institutionnelle solide, expose ses faiblesses structurelles.

Une voie pour la reconstruction

La RDC, riche d’histoire et de ressources, doit se recentrer sur une diplomatie de responsabilité et de transparence. Il est impératif d’adopter une stratégie cohérente et durable, évitant les décisions impulsives et les promesses creuses. Une gouvernance éclairée, appuyée par des institutions fortes et une communication sans failles, peut encore restaurer la crédibilité du pays sur la scène internationale.

Sans cette réforme, le Congo continuera d’avancer comme un colosse aux pieds d’argile, dont chaque mouvement ébranle un peu plus sa position déjà fragile. Un avenir plus stable passe par l’humilité d’apprendre de ses erreurs, l’engagement ferme envers des principes et la volonté de renouer avec ses aspirations de grandeur.

Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la Francophonie, Thérèse Kayikwamba

Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité