Le Burundi à la croisée des périls

Redigé par Tite Gatabazi
Le 11 septembre 2025 à 02:01

Le pouvoir burundais persiste à jouer avec un feu dont les flammes, à terme, pourraient consumer son propre édifice déjà vacillant.

Tandis que les FARDC et leurs supplétifs wazalendo transforment Uvira en un champ de ruines, s’entre-déchirant désormais à l’arme lourde après avoir feint une alliance, l’onde de choc menace de traverser le lac et de se répandre dans Bujumbura, ville jumelle dont la proximité géographique la rend vulnérable à tout déversement de combattants et de chaos. Ce qui, pour un régime en proie à une décrépitude structurelle, constituerait une équation aussi imprévisible que fatale.

Le récent déploiement d’une brigade burundaise, sortie de sa position à Kipupu pour prêter main-forte au conglomérat hétéroclite FARDC–FDLR–Wazalendo, illustre tragiquement cette compromission. L’attaque lancée contre Mikenke s’est soldée par une cuisante défaite après de violents combats, révélant la fragilité de cette collusion et l’inconsistance des moyens militaires dont dispose le pouvoir Burundais.

Mais au-delà de la contingence des armes, c’est l’orientation idéologique du régime burundais qui interpelle : sa proximité avec les FDLR, héritiers d’une idéologie génocidaire jamais reniée, constitue une compromission morale et politique d’une gravité abyssale.

Si cette convergence repose sur un socle idéologique, elle s’alimente aussi d’un mobile moins avouable : l’appât du gain. En s’adossant à la générosité intéressée de Félix Tshisekedi, qui abreuve ce clientélisme militaire de fonds considérables afin de consolider une guerre d’attrition qu’il ne maîtrise plus, le pouvoir burundais s’illusionne sur une manne financière qui masquerait ses propres carences.

Mais la vassalisation politique et la corruption des élites ne sauraient constituer une stratégie durable : elles sont au contraire les prémisses d’un effondrement.

Car la guerre, désormais, frappe aux portes du Burundi. À mesure qu’Uvira s’embrase et que les alliances congolaises se délitent, la perspective d’un débordement armé vers Bujumbura se fait tangible. Or, le régime burundais, miné par son incapacité structurelle à assurer une défense cohérente, rongé par la déliquescence institutionnelle et prisonnier de ses propres dénis, ne saurait longtemps contenir une conflagration dont il a contribué à préparer les conditions.

L’histoire enseigne que les régimes aveuglés par le cynisme et le calcul immédiat finissent tôt ou tard par payer le prix de leur cécité. En s’alliant aux FDLR et en s’adossant à l’argent facile de Kinshasa, le pouvoir burundais s’est compromis dans une aventure dont l’issue ne peut être que désastreuse. À force de jouer avec la braise congolaise, il finira par être consumé par l’incendie qu’il aura contribué à attiser.

Le pouvoir burundais persiste à jouer avec un feu dont les flammes, à terme, pourraient consumer son propre édifice déjà vacillant

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