Tel fut le décor choisi par Donald Trump pour accueillir, vendredi, Vladimir Poutine aux États-Unis. L’image est forte, presque irréelle : le maître du Kremlin, sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale et frappé par une pluie de sanctions occidentales, se voit réhabilité par le faste protocolaire de Washington.
Le spectacle d’une réhabilitation symbolique
Le geste a valeur de message : loin de l’isolement diplomatique voulu par l’administration Biden et les capitales européennes, Poutine réapparaît sur la scène internationale par la grande porte. La poignée de main énergique, les sourires échangés, la familiarité presque théâtrale de Trump tapotant la main de son hôte, constituent autant de signaux délibérément envoyés au monde : l’homme que l’Occident voulait transformer en « paria » retrouve un statut de partenaire, sinon d’égal, dans l’arène diplomatique.
La rupture avec l’orthodoxie occidentale
L’invitation même relève de l’inédit. Que le président russe, depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, ose s’aventurer hors de ses frontières représentait déjà un défi à l’ordre international établi. Mais qu’il le fasse pour être reçu avec les honneurs par Washington, voilà qui bouleverse les cadres établis.
Donald Trump, revenu à la Maison-Blanche, choisit ainsi de rompre avec la ligne dure de son prédécesseur Joe Biden, qui avait voulu incarner l’intransigeance vis-à-vis du Kremlin et afficher une solidarité inconditionnelle avec Kiev. Cette rupture traduit un basculement profond : la diplomatie américaine se détourne du front ukrainien pour renouer, au moins en apparence, avec Moscou.
L’Europe reléguée et le désaveu de Biden
Ce retour fracassant de Poutine constitue une humiliation cinglante pour l’Europe et pour l’ancien président démocrate. Ni Paris, ni Berlin, ni Bruxelles ne peuvent ignorer ce spectacle : leur stratégie d’isolement du Kremlin, bâtie sur l’accumulation de sanctions et le soutien militaire à l’Ukraine, se trouve brutalement désavouée. L’homme qu’ils voulaient vouer aux marges de la communauté internationale est de nouveau accueilli avec tous les égards, et qui plus est par l’allié américain censé incarner le pilier de l’Occident.
Le grand gagnant : Vladimir Poutine
En définitive, le vainqueur de cette chorégraphie diplomatique est sans conteste Vladimir Poutine. Sans avoir cédé sur l’essentiel en Ukraine, il réapparaît sur le devant de la scène mondiale, auréolé du prestige d’une visite d’État aux États-Unis. Le message est limpide : loin d’être brisé par les sanctions, le Kremlin conserve sa capacité d’influence, et son chef sait se réinventer en acteur incontournable.
Par un retournement ironique de l’Histoire, celui que l’on voulait condamner à l’isolement sort renforcé de cette mise en scène, alors que ses adversaires apparaissent divisés, impuissants, voire désavoués.
Ce tapis rouge déroulé à Poutine n’est pas seulement un geste protocolaire : c’est un symbole politique de premier ordre. Il signifie la réintégration d’un acteur que l’on croyait neutralisé, la victoire du réalisme brutal sur la morale diplomatique, et le retour en force de Moscou dans le concert des puissances.
À l’heure où l’Europe se débat dans ses contradictions et où Washington se redéfinit sous l’impulsion trumpienne, le maître du Kremlin peut savourer son triomphe : il est, incontestablement, le grand gagnant de ce nouvel acte de la tragédie géopolitique contemporaine.

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