Selon le secrétaire d’État Marco Rubio, ces personnalités ont «  mené des efforts organisés pour forcer les plateformes américaines à censurer, démonétiser et supprimer des points de vue américains auxquels elles s’opposent  ». Cette décision s’inscrit dans une politique visant à contrer ce que l’administration qualifie de «  censure extraterritoriale  ».

Outre Thierry Breton, sont visés Imran Ahmed, directeur du Centre for Countering Digital Hate, Clare Melford, à la tête du Global Disinformation Index, ainsi que Josephine Ballon et Anna‑Lena von Hodenberg, responsables de HateAid, organisation allemande luttant contre les discours de haine.

Breton, qui a piloté le Digital Services Act (DSA), règlement européen visant à lutter contre la haine et la désinformation en ligne, a dénoncé sur X une «  chasse aux sorcières  » à la McCarthy, soulignant que la DSA, adoptée démocratiquement par l’ensemble des États membres, ne cherche pas à censurer la liberté d’expression.

La décision américaine a provoqué une vive réaction à Paris et Bruxelles. Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean‑Noël Barrot, a condamné les restrictions de visa, affirmant que l’Europe ne pouvait «  laisser d’autres imposer les règles de son espace numérique  ». Il a rappelé que la réglementation européenne n’a pas de portée extraterritoriale et ne limite pas le débat public aux États‑Unis.

Ce bras de fer survient alors que les tensions entre Washington et Bruxelles s’accentuent autour de la régulation des géants de la tech et de la liberté d’expression, la DSA étant régulièrement critiquée par des responsables américains conservateurs comme une forme de censure ciblant les voix conservatrices.

Le Département d’État américain a annoncé le refus de visas à cinq personnalités européennes, dont l’ancien commissaire européen Thierry Breton