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MAGRIVI au Nord Kivu, des liens incestueux avec la RTLM

Redigé par Tite Gatabazi
Le 20 juillet 2022 à 06:13

La République Démocratique du Congo à une tradition des associations culturelles regroupant les originaires d’un territoire, d’une ethnie, d’un clan.

Elles se retrouvent dans les universités et les milieux socio-professionnels. Elles s’expriment souvent au-devant de la scène à l’occasion de manifestations politiques.

Elles constituent le trait d’union entre ceux qui sont dans les grandes villes et ceux restés au village.

C’est dans cet esprit qu’en 1982 prend naissance la Mutuelle des Agriculteurs de Virunga (MAGRIVI), un groupe exclusivement des hutus congolais. Sauf qu’elle est une émanation du pouvoir de Habyarimana du Rwanda qui dispose d’un agenda politique.

Ils vont mener une campagne de sape des tutsis congolais du Nord Kivu jusqu’à Kinshasa.

Ils mèneront quelques assassinats à Goma et dans le Masisi à partir des années 1982.

Lors des élections locales en 1989, dans le Nord Kivu, les Magrivi mèneront une campagne d’intoxication telle que les tutsis seront empêcher d’y prendre part. Et le gouvernement sera obliger de les reporter suite aux incidents violents qui se produisirent dans la province.

Depuis le 24 avril 1990 avec la libéralisation de l’espace politique, la compétition va faire rage et ceux qui se disent ‘‘autochtones’’ s’opposeront ouvertement aux ‘‘étrangers, sous-entendu les tutsis’’ et leur contestent les droits politiques et fonciers.

A la conférence nationale souveraine, les tutsis congolais seront accusés de ‘‘nationalité douteuse’’.

Le gouverneur nande Jean Pierre Kalumbo va créer la milice ‘‘Ngilima composée de nande et mai mai’’ pour donner la réplique aux Magrivi.

Et le cycle des violences d’ordre foncier va se multiplier.

Depuis des décennies, le poids démographique et économique croissant des Banyarwanda était une source de tension avec les autres communautés du Nord-Kivu (les Hunde, les Nyanga, les Tembo, les Kumu et les Nande).

Présents de façon modeste dès avant le partage colonial de 1885, les Banyarwanda étaient devenus, sous l’effet de vagues migratoires successives, une importante communauté de la province.

Leur dynamisme et le soutien de membres influents à Kinshasa leur avaient permis d’acquérir un grand nombre de terres et de têtes de bétail et de prendre le contrôle de plusieurs réseaux commerciaux importants.

Cette emprise croissante sur la province était souvent mal vécue par les autres communautés. Ces dernières accusaient notamment les Banyarwanda de voler leurs terres avec la complicité des ‘‘Mobutistes’’ et de violer les droits ancestraux de leurs chefs coutumiers.

Leur mécontentement était attisé par le fait que beaucoup de Banyarwanda n’étaient arrivés au Zaïre qu’au début des années 1930 et qu’ils n’avaient acquis la nationalité zaïroise qu’en vertu d’une loi contestée du 5 janvier 1972. Ce qui est faux.

La Table Ronde de Bruxelles qui préparait l’accession du Congo a l’indépendance avait décidé que ‘‘tous ceux qui sont établis sur le territoire congolais au 30 juin 1960 seront réputés congolais’’.

Avant 1994, les conflits opposant les communautés engageaient les ‘‘banyarwanda’’.

Avec l’afflux des réfugiés hutu à l’Est du pays, les alliances vont changer de nature. Les massacres des tutsis congolais s’amplifient et donnent naissance à l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo : AFDL.

Mais ceci va modifier les éléments sociologiques sur lesquels reposaient les dynamiques de conflits au Nord Kivu. L’axe Lubero-Beni (chez les nandes) s’étant protéger des événements pendant que Rutshuru-Walikale et Masisi (hunde, nyanga et tembo) seront complétement déstabilisés.

Les scènes des massacres et pillages des vaches et biens des tutsis congolais par les ex-Far et interahamwe vont marquer profondément les esprits.

Magrivi va cimenter le clivage hutu-tutsi au Nord Kivu et amplifier les antagonismes qui caractérisent les conflits ethniques au Nord Kivu.

Le pouvoir en place ne réussissant pas à résoudre l’épineuse question de la nationalité et d’exclusion définitivement, les relations inter communautaires vont rester tendus et provoquer des violences.

Les Magrivi serviront d’intermédiaire pour rallier les nande, les nyanga et les hunde contre les tutsis congolais.

Pour faire le contre poids, des rwandophones hutu et tutsis créent UMOJA. Radicalement opposée au Magrivi dans son idéologie et ses pratiques. Ainsi que le dit son appellation, elle met ensemble hutu et tutsis.

Seulement, les conflits vont devenir de plus en plus violents et meurtriers, avec les méthodes anciennement inconnues en RDC. La pression des nouveaux venus va s’exercer sur les terres et la population locale.

A partir de 1996, le conflit prendra une dimension régionale avec l’implication du Rwanda et de l’Ouganda.

Et la guerre va devenir lucrative a cause de l’exploitation des minerais. Abandonnant ainsi le secteur agro pastoral qui fut traditionnellement la principale activité de la province. Le Nord Kivu nourrissait la ville de Kinshasa.


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