Matata Ponyo contraint à l’exil

Redigé par Tite Gatabazi
Le 6 août 2025 à 10:10

À l’instar de plusieurs figures marquantes de la scène politique congolaise qu’il s’agisse de Joseph Kabila, de Moïse Katumbi ou encore de Kikaya Bin Karubi, toutes un jour confrontées à l’étau d’un pouvoir prompt à instrumentaliser les leviers judiciaires à des fins de règlement de comptes,

Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre de la République, rejoint à son tour la longue cohorte des exilés politiques. Deux mois après sa disparition énigmatique, c’est désormais une certitude : il a été contraint de fuir un ordre judiciaire devenu, selon ses proches, l’écho servile de l’exécutif. Ce départ hors des frontières nationales, que d’aucuns qualifient de fuite, s’apparente en réalité à une retraite forcée devant l’arbitraire, une mise en retrait dictée par l’impératif de préservation de sa sécurité personnelle et de son intégrité morale, dans un contexte où les garanties constitutionnelles ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes.

Deux mois après un inquiétant silence qui avait alimenté les conjectures les plus diverses, l’ancien Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, a été déclaré officiellement en exil. C’est par la voix de Francklin Tshamala, secrétaire général du parti Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD), que cette révélation a été rendue publique, à l’occasion d’un point de presse tenu ce samedi dans la capitale congolaise.

« Matata Ponyo est bel et bien vivant et en lieu sûr », a déclaré M. Tshamala, précisant avoir eu un échange direct avec le principal intéressé. Celui-ci aurait affirmé avoir été contraint de quitter le territoire national, en invoquant la violation manifeste de l’article 30, alinéa 2, de la Constitution congolaise par les autorités en place. Le responsable politique a ajouté que la destination de son exil serait rendue publique en temps opportun.

Le LGD dénonce avec une virulence particulière ce qu’il qualifie d’« arrêt inconstitutionnel », rendu par la Cour constitutionnelle, ayant abouti à la condamnation par défaut de M. Matata. Cette décision judiciaire est qualifiée de « honteuse », « juridiquement inapplicable » et de reflet patent de la soumission du pouvoir judiciaire aux desiderata de l’exécutif.

Selon le témoignage livré par Francklin Tshamala, quatre années d’un procès à relent éminemment politique ont été le théâtre d’une série d’exactions à l’endroit de l’ancien chef de gouvernement et de sa famille. Ces derniers auraient été l’objet de tortures physiques et psychologiques, dans un contexte marqué par des atteintes répétées à leurs droits fondamentaux, pourtant garantis par la Loi fondamentale.

Le LGD accuse par ailleurs l’État congolais de s’être approprié de manière frauduleuse deux millions de dollars appartenant au cabinet d’études de M. Matata. À cette spoliation financière s’ajoutent une mise en résidence surveillée sans fondement légal, des perquisitions brutales, des destructions de biens personnels, ainsi que l’empoisonnement présumé de l’opposant, qui se serait vu refuser l’autorisation de bénéficier de soins médicaux à l’étranger.

La famille de l’ancien Premier ministre n’aurait pas été épargnée par ces mesures de coercition : le 30 mai, la Direction générale des migrations (DGM) aurait ainsi confisqué le passeport de sa fille, l’empêchant de rejoindre les États-Unis pour y poursuivre ses études, tandis que son épouse se serait vue interdire de quitter le territoire national.

Francklin Tshamala a rappelé que la disparition de M. Matata avait été constatée le 21 mai, au lendemain même du prononcé de l’arrêt controversé de la Cour constitutionnelle. Dix jours plus tard, le LGD officialisait cette disparition, suscitant une vague d’interrogations.

En conclusion, le secrétaire général du LGD a assuré que Matata Ponyo, bien que contraint à l’exil, demeurera engagé dans la lutte pour l’instauration effective d’un véritable État de droit en République démocratique du Congo. Il a renouvelé le soutien de son parti aux initiatives portées par les autorités spirituelles regroupées au sein de la CENCO et de l’ESCC, appelant à une refondation concertée des forces sociales et politiques en vue de la sauvegarde de l’intérêt général.

Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre de la République, a rejoint à son tour la longue cohorte des exilés politiques

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