Niger ou la souveraineté retrouvée

Redigé par Tite Gatabazi
Le 1er décembre 2025 à 03:30

Pendant des décennies, l’uranium nigérien fut le monopole exclusif de la France, exploitant sans retenue ce trésor minéral tandis que la population, laissée pour compte, s’enfonçait dans une misère indicible, dépourvue des infrastructures les plus élémentaires et privée des bénéfices de ses propres richesses.

Aujourd’hui, le Niger, sous la conduite de la junte militaire du général Abdourahamane Tiani, amorce un tournant historique qui pourrait transformer le pays. Le dimanche 30 novembre 2025, le régime a annoncé la mise sur le marché international de l’uranium extrait par la Somaïr, filiale du groupe français Orano, nationalisée en juin dernier.

Cette décision symbolise non seulement la reconquête de la souveraineté économique, mais aussi la volonté d’inverser un rapport de forces vieux de plusieurs décennies, jusque-là dominé par l’ex-puissance coloniale.

La Société des mines de l’Aïr (Somaïr), auparavant détenue à 63,4 % par Orano et à 36,6 % par l’État nigérien, constitue le cœur stratégique de la production d’uranium du pays. La nationalisation de ce joyau minier s’inscrit dans la volonté manifeste des nouvelles autorités de rompre avec la dépendance historique et de s’ouvrir à de nouveaux partenaires, comme l’Iran ou la Russie, Moscou ayant déjà exprimé son intérêt pour l’exploitation du précieux minerai.

« Le Niger, digne, met sur le marché international sa propre production », a récemment déclaré le général Tiani, réaffirmant le droit inaliénable de l’État de disposer de ses ressources naturelles, de les commercialiser librement et selon les règles du marché, en toute indépendance.

Cette réappropriation souveraine s’inscrit dans un contexte de tensions judiciaires majeures. Orano, dont le capital est largement détenu par l’État français, a contesté la nationalisation et engagé plusieurs procédures d’arbitrage international.

En septembre 2025, un tribunal a statué en faveur de l’entreprise, l’enjoignant de ne pas vendre l’uranium, estimé à environ 1 300 tonnes de concentré et d’une valeur marchande de 250 millions d’euros. Malgré cette injonction, des informations récentes font état d’un convoi transportant près de 1 000 tonnes d’uranium parti d’Arlit, dans le nord du pays, en direction du port de Lomé, transitant par le Burkina Faso, témoignant de la détermination des autorités nigériennes à affirmer leur souveraineté et à sortir de l’ombre de l’ex-puissance coloniale.

Représentant 4,7 % de la production mondiale d’uranium naturel selon Euratom en 2021, le Niger se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins.

La prise de conscience des nouvelles autorités et leur volonté de mobiliser le potentiel minier national pourraient permettre de transformer radicalement la vie de la population et l’état des infrastructures du pays.

Ce moment historique, empreint de dignité et de justice, offre l’opportunité de rompre avec des décennies d’exploitation extérieure, pour faire de l’uranium un levier de développement et de prospérité partagée, enfin au service du peuple nigérien.

Le Niger, dirigé par la junte du général Abdourahamane Tiani, a annoncé la mise sur le marché international de l’uranium de la Somaïr, nationalisée en juin 2025

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