Depuis un certain temps, les rebelles du M23 reprochent à l’armée burundaise de soutenir les FARDC dans leur combat qui les opposent, bien que des preuves tangibles n’aient pas encore été présentées pour étayer ces accusations.

Dimanche 5 novembre 2023, lors d’affrontements intenses, les combattants du M23 ont repoussé une offensive composée de troupes des FARDC et de groupes armés locaux, tels que le FDLR, les Mai-Mai, Nyatura et Wazalendo ainsi que les mercenaires, accusés de s’en prendre aux populations civiles.

« Vers 5h30 du matin, la coalition gouvernementale est venue attaquer, simultanément nos positions à Kitchanga, à Bwiza et à Gitabi. Qu’est-ce que nous avons fait, nous l’armée révolutionnaire congolaise du M23 nous les avons repoussés de loin pour qu’ils ne puissent pas tuer notre population. Puisqu’ils bombardent aveuglément là où il y a la population, » a affirmé le major Willy Ngoma, porte-parole du M23.

Durant cette opération, les forces rebelles du M23 ont saisi un important arsenal appartenant à l’adversaire et ont capturé un nombre significatif de combattants du camp gouvernemental.

Ces événements semblent fournir au M23 les preuves irréfutables qu’ils cherchaient pour soutenir leurs accusations contre les Forces de Défense Nationale (FDN) du Burundi.

Des soldats de la FDN figurent parmi les prisonniers de guerre, comme l’a confirmé le major Willy Ngoma.

« Nous avons récupéré un grand nombre d’armes, de munitions et fait de nombreux prisonniers. Parmi eux, il y a des éléments des forces nationales de défense du Burundi », assure le major Ngoma.

Les soldats burundais avaient pour mission, au sein de la force régionale de l’EAC, de faciliter le processus de paix entre les différentes factions en conflit et non de prendre part aux combats, sauf en cas d’attaque directe. Or, selon des informations rapportées par Voice of Kivu, des éléments de la FDN ont été vus portant des uniformes et insignes des FARDC, s’alignant avec eux pour combattre le M23.

Les journalistes de Voice of Kivu ont recueilli les témoignages de soldats capturés, dont celui de la première classe Ndikumana, matricule 83678 HR 27742, originaire de la province de Mwaro. Membre du bataillon 412 de la 4e division, 2e compagnie, il déclare avoir été envoyé en RDC pour combattre le M23.

« À l’aéroport international de Bujumbura, on nous a ordonné de revêtir l’uniforme congolais et de combattre le M23. À notre arrivée à Goma, nous avons été dirigés vers un camp militaire avant d’être déployés sur le terrain où les combats contre le M23 ont commencé », témoigne Ndikumana, qui a été capturé au cours des affrontements.

Ndikumana ajoute que leur contingent était composé de 300 militaires et qu’ils s’attendaient à retrouver un nombre important de leurs compatriotes burundais en RDC.

Le gouvernement burundais a également intégré des membres de la milice Imbonerakure, la jeunesse du parti au pouvoir CNDD-FDD, dans la FDN. Sans formation militaire adéquate, ces jeunes sont désormais impliqués dans des opérations qui sèment le désordre et la violence dans le pays et dans toute la région.

Dans l’Est de la RDC, cette implication de la force de défense burundaise au sein de l’EACRF soulève des questions quant au respect de leur mandat fixé par les chefs d’État membres de l’EAC, dont le président en exercice est Evariste Ndayishimiye.

Alors que de nombreux soldats burundais ont été tués ou capturés durant ces affrontements, la FDN n’a pas encore formulé de commentaire officiel sur la situation.

Une des preuves irréfutables de la collaboration du #Burundi dans les combats du #FARDC et d’autres groupes armés en #RDC contre le mouvement #M23. Un militaire burundais capturé dans les affrontements du dimanche. @fdnbbi @GeneralNeva @Presidence_RDC @jumuiya
📸 : @VoiceOfKivu pic.twitter.com/MNUqvJW1RC

— Bertrand Ngendakuriyo (@BertrandBURUND1) November 7, 2023