Thabo Mbeki : la paix en RDC doit venir de l’intérieur

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 27 mai 2025 à 10:34

Thabo Mbeki, ancien président de l’Afrique du Sud, a affirmé que la résolution des conflits persistants en République démocratique du Congo, en particulier dans l’est du pays, devrait provenir d’une initiative interne plutôt que de reposer sur des interventions extérieures.

Mbeki s’est exprimé à ce sujet lors d’un entretien accordé à la SABC, en réaction au retour récent de l’ancien président congolais Joseph Kabila dans son pays natal, après deux années d’exil en Afrique du Sud.

Kabila a regagné la semaine dernière la ville de Goma, tenue par des rebelles, peu après que le Sénat congolais ait levé son immunité parlementaire, à la suite d’accusations l’impliquant dans un soutien présumé au groupe armé AFC/M23.

Au cours de l’entretien, Mbeki a précisé, qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de s’entretenir avec Kabila depuis ces derniers développements.

« Je suis certain que je pourrai lui parler à un moment donné », a déclaré Mbeki.

Cependant, l’ancien président sud-africain, aujourd’hui âgé de 82 ans, a tenu à rappeler que le conflit en République démocratique du Congo, qui perdure depuis plusieurs décennies, résulte principalement de l’incapacité des autorités congolaises à répondre de manière efficace aux défis internes du pays.

Mbeki a critiqué les gouvernements successifs à Kinshasa — y compris celui de Joseph Kabila — pour leur méconnaissance des dynamiques complexes du Congo et de l’héritage laissé par la colonisation. Il a évoqué la vision de Patrice Lumumba, héros de l’indépendance congolaise, qui plaçait l’unité du peuple au cœur de son combat contre les divisions semées par le pouvoir colonial belge.

« Lorsqu’un gouvernement à Kinshasa se montre hostile envers les Banyamulenge de l’est du Congo sous prétexte qu’ils parlent kinyarwanda, ou qu’il prend pour cible Kabila, originaire du Katanga, en le traitant de traître, en l’accusant de soutenir le M23 et en appelant à le sanctionner, il ne faut pas s’étonner de voir toute la population katangaise se retourner contre lui », a expliqué Mbeki.

« Cela ne résout rien, ni pour Kinshasa, ni pour le Congo. »

À propos des pourparlers en cours entre la RDC, les États-Unis et le Rwanda visant à mettre fin au conflit, Mbeki a insisté sur le fait que peu de progrès pourraient être réalisés tant que le gouvernement congolais ne s’engagerait pas pleinement à régler ses problèmes internes, en engageant un véritable dialogue avec les groupes rebelles et en prenant en compte leurs revendications, notamment celles liées à des décennies de marginalisation et de persécution.

« L’idée que les gouvernements du Congo et du Rwanda puissent simplement se rencontrer pour signer un accord de paix capable de résoudre les problèmes de l’est du Congo est une erreur », a-t-il affirmé, rappelant que les tentatives précédentes ont échoué précisément parce qu’elles n’ont pas abordé les causes profondes du conflit.

« Les problèmes de l’est du Congo sont avant tout internes au pays. Ils ne trouvent pas leur origine en dehors de ses frontières », a-t-il ajouté, faisant clairement référence aux accusations répétées de Kinshasa selon lesquelles le Rwanda déstabiliserait la région en soutenant le M23.

Le Rwanda a fermement rejeté les accusations portées par la RDC, affirmant que sa principale préoccupation reste la présence sur son territoire voisin de la milice FDLR, liée au génocide contre les Tutsi de 1994, laquelle constitue une menace sécuritaire majeure.

Par ailleurs, Mbeki a plaidé pour une résolution du conflit dans l’est du Congo portée par les Congolais eux-mêmes, insistant sur l’importance d’un dialogue sincère entre Kinshasa et des groupes armés tels que le M23.

« Kinshasa doit impérativement engager des négociations avec le M23 pour résoudre ces différends », a-t-il souligné. Tout en reconnaissant la nécessité de dialogues avec les pays voisins comme le Rwanda, Mbeki a rappelé que « la solution aux problèmes du Congo ne se trouve pas à Kigali, mais bien à Kinshasa ».

Engagé de longue date sur la crise dans l’est du Congo, Mbeki a par ailleurs dénoncé les tentatives de résolution par voie militaire, privilégiant résolument une approche fondée sur la diplomatie politique.

L’ancien président sud-africain a déclaré que la résolution des conflits en RDC, surtout dans l’est, doit venir de l’intérieur du pays, pas d’interventions extérieures

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