Tibor Nagy : le retrait du Rwanda risque de fragiliser la CEEAC plus que Kigali

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 10 juin 2025 à 05:30

L’ancien haut diplomate américain Tibor Nagy a vivement réagi au retrait du Rwanda de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), estimant que cette décision risque de porter un coup bien plus sévère au bloc régional qu’à Kigali elle-même.

Nagy, ancien secrétaire d’État adjoint américain aux affaires africaines sous la présidence Trump durant son premier mandat (2018-2021), a qualifié la CEEAC d’institution faible, se limitant à des réunions de routine.

« Le départ du Rwanda de la CEEAC ne constitue pas une grande perte », a-t-il déclaré sur X, ajoutant que ce bloc régional, le moins efficace d’Afrique, sera davantage affaibli sans le Rwanda.

Ce diplomate expérimenté, également ancien ambassadeur en Guinée et en Éthiopie, s’exprimait quelques jours après le retrait officiel du Rwanda du bloc, à l’issue du 26e sommet tenu à Malabo le 7 juin 2025.

Le gouvernement a justifié sa décision par l’hostilité persistante de la RDC, notamment ses tentatives d’empêcher le Rwanda d’assurer la présidence tournante de la CEEAC, ce que Kigali considère comme une violation du traité.

Le ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a accusé la RDC d’utiliser la CEEAC pour légitimer son agressivité envers le Rwanda et saboter les efforts de paix régionaux.

« C’est triste de voir une communauté de 11 États membres être manipulée par un seul pays », a-t-il déclaré dimanche à la ’Rwanda Broadcasting Agency’.

Le ministre a aussi dénoncé les failles de gouvernance de la CEEAC, dont l’absence d’audits financiers depuis 2015, un leadership défaillant et une perte de crédibilité.

Dans une déclaration samedi annonçant le retrait, le ministère des Affaires étrangères a dénoncé le non-respect par la CEEAC des droits du Rwanda selon sa charte.

Le bloc a contourné le système de rotation alphabétique en prolongeant la présidence de la Guinée équatoriale, invoquant le rôle présumé du Rwanda dans le conflit dans l’est de la RDC.

Le Rwanda a à plusieurs reprises rejeté les accusations récurrentes fomentées par la RDC, soulignant au contraire la coopération établie entre Kinshasa et la milice génocidaire FDLR.

Kigali a également condamné les bombardements transfrontaliers répétés, notamment un incident meurtrier survenu en janvier dernier ayant causé 16 morts et plus de 160 blessés.

Ce lundi 9 juin, le Conseil des ministres a réaffirmé le retrait du Rwanda de la CEEAC, estimant que sa participation n’était plus tenable face au non-respect des principes d’égalité, de respect et de bon voisinage.

« La RDC continue de financer et de soutenir la milice génocidaire FDLR, sanctionnée par l’ONU, tandis que la CEEAC détourne le regard », a indiqué le Conseil dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion conduite par le Premier ministre Édouard Ngirente.

Le Conseil a aussi dénoncé les menaces répétées du président Félix Tshisekedi visant à renverser le gouvernement rwandais, preuve supplémentaire de l’attitude belliciste de la RDC.

Malgré ce retrait, le Rwanda a affirmé rester engagé en faveur d’un processus de paix régionale et a indiqué qu’il poursuivra sa participation auprès d’autres communautés économiques, notamment la CAE et le COMESA, tout en soutenant les initiatives de médiation en cours menées par les États-Unis et le Qatar.

L’ancien diplomate américain Tibor Nagy a vivement réagi au retrait du Rwanda de la CEEAC, estimant que cette décision affectera davantage le bloc régional que Kigali

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