La parole, érigée en artifice suprême, suffit à entretenir l’illusion d’un cap, alors même que l’embarcation dérive, ballotée par les tumultes des contingences. Hypnotisées par des promesses incantatoires, les foules, captives d’une adhésion aveugle, se refusent à exiger des comptes, légitimant ainsi l’impéritie sous le vernis trompeur de slogans creux.
Mais lorsque la réalité, implacable, s’impose et que l’imposture ne peut plus se dérober à l’épreuve des faits, le tribut du chaos retombe inexorablement sur le peuple, victime expiatoire d’un naufrage annoncé.
Derrière l’apparence d’un pouvoir exercé avec maîtrise se dissimule, en réalité, un règne livré aux caprices de l’instant, dénué de toute boussole idéologique et stratégique. Gouverner suppose une vision, une capacité d’anticipation, une cohérence dans l’action ; or, ici, point de dessein structuré, point de trajectoire lisible.
Tout se décide au gré des émotions du moment, dans une perpétuelle improvisation où la réaction supplante la réflexion. Chaque événement devient ainsi un prétexte à des ajustements précaires, chaque crise un spectacle où l’illusionnisme politique tient lieu de gouvernance.
Mais ce qui confère à cette errance un caractère encore plus préoccupant, c’est la facilité avec laquelle les masses se laissent séduire par cette mécanique du vide. Loin d’exiger une reddition de comptes, les partisans les plus fervents se complaisent dans une adulation sans recul, hypnotisés par des promesses creuses et des incantations sans lendemain. L’illusion est savamment entretenue : un art consommé de la mise en scène, une rhétorique habilement ciselée, quelques slogans martelés suffisent à masquer l’absence de direction. Sous les oripeaux d’une ambition affichée, le néant se dérobe à la lucidité du plus grand nombre.
Mais toute illusion a un prix, et celui-ci se paie dans la douleur. Car lorsque l’illusion se dissipe et que l’improvisation atteint ses limites, c’est le peuple qui en supporte le tribut. Chaque renoncement, chaque reculade, chaque errance stratégique précipite un peu plus les plus vulnérables vers l’abîme.
Ainsi, à force de naviguer à vue, c’est vers le naufrage que l’on se dirige inexorablement. Et dans la tempête, ce ne sont jamais les timoniers du désastre qui sombrent, mais bien ceux qui, dans un aveuglement orchestré, ont cru à la promesse d’un cap qui n’a jamais existé.

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