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« Turquoise » et Bisesero, un non-lieu controversé, nouvel appel attendu

Redigé par Jean Jill Mazuru
Le 19 octobre 2023 à 05:24

La controverse autour de l’implication de l’armée française dans les tragiques massacres de Bisesero, au cours du génocide commis contre les Tutsi du Rwanda en 1994, vient de connaître un nouveau rebondissement avec un non-lieu récemment prononcé par les juges d’instruction parisiens en charge de l’affaire.

Cette décision a suscité des réactions mitigées parmi les parties impliquées.

Les associations Survie, Ibuka, FIDH, ainsi que six survivants de Bisesero, en tant que parties civiles, avaient formulé des accusations de "complicité de génocide" à l’encontre de la mission militaro-humanitaire française Turquoise et de la France elle-même.

Leur principale allégation reposait sur l’abandon de civils tutsis réfugiés dans les collines de Bisesero pendant trois jours, entre le 27 et le 30 juin 1994, laissant ainsi place à un massacre de grande ampleur perpétré par les génocidaires.

Ce non-lieu fait suite à une première décision similaire rendue en septembre 2022, ayant immédiatement entraîné un appel des parties civiles. Elles avaient alors avancé des arguments liés à des erreurs procédurales et au manque d’attention portée au rapport de la commission Duclert publié en avril 2021.

Ce rapport, élaboré par des historiens, avait mis en lumière "l’échec profond" de la France dans sa gestion de ces massacres.

Le 21 juin 2023, la cour d’appel de Paris avait donné raison aux parties civiles sur les aspects procéduraux, renvoyant le dossier aux magistrats instructeurs. Toutefois, le 28 juillet de la même année, le parquet de Paris avait requis à nouveau un non-lieu, ce qui a conduit les juges d’instruction à abandonner définitivement l’enquête le 17 octobre 2023, selon une ordonnance consultée par des médias spécialisés.
Les parties civiles avaient formulé des demandes d’investigations supplémentaires, notamment l’audition de l’historien Vincent Duclert, mais celles-ci ont été rejetées par les juges.

Ces derniers ont estimé que la plupart des informations citées dans le rapport Duclert étaient déjà disponibles dans le cadre de la procédure judiciaire.

Pour l’avocat de Survie, Eric Plouvier, cette décision des juges constitue un déni et un refus de prendre en compte les conclusions du rapport Duclert.

Il prévoit de faire appel de cette nouvelle décision pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances entourant le massacre de centaines de Tutsis à Bisesero.

L’implication de Turquoise et de la France en soi dans le génocide commis contre les Tutsi au Rwanda en 1994 interroge toujours les parties civiles- Dessin de Gado (Kenya), The Standard Cartooning for peace

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