Ce témoignage intervient dans le cadre du procès en appel du Dr Sosthène Munyemana, condamné à 24 ans de prison en décembre 2023 pour son implication dans le génocide contre les Tutsi dans l’ex-Préfecture de Butare, notamment dans le secteur de Tumba et dans la ville de Butare, le procès en appel ayant débuté le 16 septembre 2025.
Le 18 septembre, Damien Vandermeersch a mis en avant la large responsabilité de la Belgique dans l’histoire tragique du Rwanda, notamment en favorisant des divisions ayant conduit au génocide contre les Tutsi, à travers l’introduction de cartes d’identité mentionnant l’ethnie des Rwandais.
Il a également affirmé que les soldats belges de la Mission des Nations unies au Rwanda (MINUAR) avaient largement la capacité de mettre fin à ce génocide, mais avaient choisi de repartir le 11 avril 1994, après que dix d’entre eux avaient été tués à Kigali, abandonnant ainsi les Tutsi réfugiés à l’ETO de Kicukiro.
Agé de 67 ans, Vandermeersch a expliqué avoir enquêté sur des rwandais impliqués dans le génocide contre les Tutsi et réfugiés en Belgique, entre septembre 1994 et 2004. En dix ans, il affirme avoir traité près de 30 dossiers et effectué huit voyages au Rwanda pour entendre des témoins et visiter les lieux où les crimes avaient été commis, y compris dans l’ex-Préfecture de Butare.
Interrogé sur ses relations avec l’État rwandais pendant cette période, il a précisé que celui-ci lui avait accordé la liberté de mener ses enquêtes de manière indépendante, après avoir été informé de son souhait de travailler en toute autonomie.
L’avocat a également dénoncé la pression exercée par la Belgique, qui accueillait alors de nombreux rwandais impliqués dans le génocide contre les Tutsi, tels que Vincent Ntezimana, Alphonse Higaniro, Consolata Mukangango (Sœur Gertrude) et Julienne Mukabutera (Sœur Kizito).
« Cette pression, a-t-il précisé, visait à s’ingérer dans son travail et limiter ses enquêtes. »
Dafroza Gauthier Mukarumongi, cofondateur d’une association œuvrant à traduire en justice les responsables du génocide contre les Tutsi réfugiés en France, a expliqué que cette ingérence belge était motivée par la honte de ne pas avoir empêché ce génocide alors qu’elle en avait les moyens.
« La Belgique était profondément embarrassée de n’avoir rien fait alors qu’elle en avait la capacité, car elle portait une responsabilité politique en tant qu’ancien pays colonisateur », a-t-elle indiqué, ajoutant que certains responsables politiques belges craignaient que les procès ne révèlent la vérité sur cette sombre période de l’histoire.
Le procès en appel du Dr Munyemana se poursuivra jusqu’au 24 octobre 2025. Le médecin souhaite que sa condamnation de 2023 soit annulée et être rejugé, tandis que les plaignants demandent qu’il continue à purger sa peine.

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