Intitulé « Une des Mille Collines », le film explore les vies de trois jeunes enfants tutsi, Fiacre, Fidéline et Olivier, tragiquement assassinés en 1994, victimes du génocide contre les Tutsi au pays des mille collines.
Le récit entremêle les derniers jours de ces enfants avec la mémoire du génocide, les procès Gacaca de 2005 et la résilience d’un village où bourreaux et bienfaiteurs tentent de coexister.
En cherchant à approcher une certaine vérité, le film vise à restaurer l’existence et l’histoire de cette colline, symbolisant l’ensemble du pays.
Lors des échanges avec le public, Bernard Bellefroid a partagé sa motivation de réaliser un film sur ce sujet si sensible.
Pour lui, le revisionisme est inacceptable et il déplore l’absence d’une législation en Belgique, dans son pays, réprimant la minimisation ou la négation du génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda, à l’image des lois existantes pour le génocide des Juifs d’Europe et celui des Arméniens.
« Je le regrette, mais peut-être que l’adoption d’une telle loi en Occident est nécessaire, bien que ce soit encore hypothétique », a-t-il souligné, ajoutant que « c’est un combat de chaque instant. »
Il a également exprimé : « Mais voilà, la plus belle réponse à cela, c’est de réaliser des films. »
En incarnant vivement l’ histoire d’Olivier, Fidéline et Fiacre, le film cherche à créer un fort attachement chez le spectateur.
Bernard Bellefroid explique : « Si l’on dit simplement que trois enfants ont été tués, cela reste abstrait. Mais si l’on dit qu’Olivier, Fidéline et Fiacre ont été tués, et que le spectateur s’attache à ces personnages, alors l’impact émotionnel est considérablement renforcé. Le génocide devient insoutenable, presque insupportable pour un spectateur occidental lorsqu’il est présenté de cette manière. »
Ce film fait suite à son œuvre précédente de 2005 sur le génocide perpétré contre les Tutsi.
À cette époque, le nombre de personnes devant répondre de ces crimes aurait rendu le processus judiciaire extrêmement long avec la justice conventionnelle.
Les Rwandais avaient alors réhabilité les Gacaca, formes traditionnelles de justice villageoise, pour juger les criminels de façon décentralisée, une initiative sans précédent dans l’histoire.
En se concentrant sur le drame de ces trois enfants, le film met en lumière l’ampleur du génocide.
« Je voulais travailler sur une histoire dont on a détruit les photos, les registres d’état civil et même l’existence même de ces enfants », a-t-il ajouté.
Bernard Bellefroid et son équipe, actuellement au Rwanda pour une série de projections du documentaire, ont débuté par celle du Mémorial du Génocide de Kigali à Gisozi et continueront dans divers lieux du pays jusqu’au jeudi 25 avril 2024.
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