Beate Klarsfeld : « Au Burundi, le risque de génocide n’est pas à exclure »

Redigé par IGIHE
Le 18 mars 2016 à 11:16

Avec son mari Serge, Beate Klarsfeld, âgée de 77 ans, a consacré toute sa vie à traquer les criminels nazis et ceux qui ont organisé et planifié Auschwitz. En janvier, elle s’est rendue pendant une semaine au Burundi et a lancé « un appel angoissé au respect de la vie humaine ».
Pour quelles raisons êtes-vous allée au Burundi ?
Quand j’ai vu ce qui se passait là-bas depuis plusieurs mois, quand j’ai regardé ces photos qui montraient tant d’horreurs, de tueries, je me suis dit que, en tant que membre de (...)

Avec son mari Serge, Beate Klarsfeld, âgée de 77 ans, a consacré toute sa vie à traquer les criminels nazis et ceux qui ont organisé et planifié Auschwitz. En janvier, elle s’est rendue pendant une semaine au Burundi et a lancé « un appel angoissé au respect de la vie humaine ».

Pour quelles raisons êtes-vous allée au Burundi ?

Quand j’ai vu ce qui se passait là-bas depuis plusieurs mois, quand j’ai regardé ces photos qui montraient tant d’horreurs, de tueries, je me suis dit que, en tant que membre de l’Unesco pour l’enseignement de l’Holocauste et la prévention du génocide, je me devais d’aller sur place. J’ai estimé que c’était mon rôle et que je devais agir. Comme je savais qu’on ne me donnerait pas de visa diplomatique, j’ai demandé un visa touristique et je l’ai obtenu.

A Bujumbura, j’ai évidemment rencontré des officiels, mais aussi des responsables d’associations, des journalistes qui sont empêchés de travailler… Les membres du gouvernement étaient d’abord outrés que je sois entrée dans le pays avec un visa touristique, puis ils m’ont chanté le même refrain : « Le président est innocent et c’est l’opposition qui est responsable des massacres. » Nous sommes dans un déni complet, un dialogue de sourds.

Que retenez-vous de ce voyage ?

Dans la capitale, j’ai d’abord vu cette misère, ces enfants qui mendient. Mais j’ai également croisé des véhicules chargés de miliciens qui patrouillent en chemise bleue, les armes à la main. Certains étaient jeunes, très jeunes, même. D’autres sans uniforme. Ils le font probablement parce que le président les paie pour cela.

Un soir avec l’ambassadeur allemand, nous sommes allés dîner sur les hauteurs de la ville. Au cours du repas, le propriétaire est venu nous confier que l’enfant de sa sœur avait disparu, qu’il n’était pas rentré chez lui. Heureusement, il est revenu plus tard, mais beaucoup n’ont pas cette chance et ne réapparaissent jamais, surtout les jeunes.

Après ma venue, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Ban Ki-moon, s’est rendu au Burundi. L’ONU peut agir, beaucoup plus que les pays africains voisins qui ont leurs propres problèmes à gérer. De toute façon, quand l’Union africaine a dit qu’elle comptait intervenir, le pouvoir burundais a répondu qu’il ne la laisserait pas faire.

Avec africatime.com


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