Tenter de dissimuler l’existence de ces génocidaires n’est pas une nouveauté : Laurent-Désiré Kabila, qui a dirigé la RDC de 1996 à 2001, avait lui aussi cherché à les tenir à l’écart du regard de la communauté internationale, sans succès. À cette époque, il s’était même engagé à les soutenir dans leur projet de renverser le régime rwandais.
Des autorités congolaises divisées
En RDC, les autorités ne s’accordent pas sur l’existence et la nature des FDLR. Certains responsables nient purement et simplement leur existence, les qualifiant de « mensonge du Rwanda » ou de « groupe composé de vieillards incapables et peu nombreux ». Cette position a été soutenue à plusieurs reprises, notamment par Julien Paluku Kahongya, ancien gouverneur du Nord-Kivu.
D’autres responsables admettent leur présence, mais minimisent leur importance. Par exemple, le président Félix Tshisekedi reconnaît que les FDLR existent, mais assure qu’elles ne comptent qu’environ 750 combattants âgés, qui ne représentent aucune menace majeure, surtout comparées au groupe rebelle M23, selon lui. En revanche, d’autres, comme le général-major Sylvain Ekenge, porte-parole des forces armées congolaises, imputent aux FDLR la responsabilité de nombreux massacres, soulignant leur implication significative dans les dix millions de morts enregistrés au cours des trente dernières années dans la région.
Le Dr Christophe Lutundula, ancien ministre des Affaires étrangères, a souvent affirmé que les FDLR n’existent plus, estimant que cette thèse a été fabriquée par le Rwanda pour justifier le déploiement de ses forces dans l’est de la RDC.
Comme il l’a précisé en 2023, puis réaffirmé en mars 2024, le gouvernement congolais ignore la localisation exacte des combattants des FDLR, mais assure que s’il les identifiait, il prendrait les mesures nécessaires pour les éliminer.
« Tout pays disposant d’informations sur les FDLR devrait les transmettre et nous aider à les éradiquer. » a-t-il ajouté.

Les FDLR reconnaissent ouvertement leur existence
Les FDLR, par le biais de communiqués officiels signés par leur président, le lieutenant-général Byiringiro Victor, et leur porte-parole Cure Ngoma, reconnaissent opérer dans l’est de la RDC, mais démentent toute implication dans des actes de violence. Ils se présentent comme des réfugiés rwandais revendiquant leurs droits, qui ont récemment exprimé leur volonté d’engager un dialogue avec le Rwanda pour permettre le retour de leurs combattants.
Après l’adoption en février 2025 d’une résolution de l’ONU demandant leur dissolution, Byiringiro a dénoncé une interprétation erronée de cette décision, qu’il estime susceptible de servir à lancer une opération militaire contre les réfugiés rwandais en RDC.
Du côté rwandais, le gouvernement a levé le statut de réfugié à l’égard des Rwandais réfugiés dans plusieurs pays, notamment en RDC, favorisant ainsi leur retour volontaire, à l’exception de ceux soupçonnés d’appartenir aux FDLR ou retenus contre leur gré par ce groupe.
Le ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a clairement indiqué qu’aucun dialogue n’est possible avec les FDLR, composées de personnes responsables du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994, précisant que même l’ONU ne les reconnaît pas comme interlocuteurs légitimes.

Une collaboration étroite entre la RDC et les FDLR
Malgré les dénégations officielles, la RDC a parfois ouvertement collaboré avec les FDLR, notamment lorsque l’armée congolaise a perdu plusieurs territoires au profit de la coalition AFC/M23. Cette collaboration a inclus la fourniture d’armes, d’argent et de vivres.
Cette alliance s’est même manifestée publiquement, notamment lorsque l’un des combattants d’élite des FDLR, membre du CRAP, a été soigné à Kinshasa après avoir été blessé par le M23. Sous pression, en novembre 2023, le chef d’état-major congolais, le général Christian Tshiwewe, a ordonné par télégramme à l’armée de cesser toute coopération avec les FDLR. Cependant, cette collaboration n’a pas pris fin ; au contraire, elle s’est renforcée à mesure que le conflit s’intensifiait.

Des combattants FDLR capturés et remis au Rwanda
Depuis 2022, le M23 a capturé plusieurs combattants des FDLR, qu’il a remis au Rwanda dans le cadre d’un programme de réinsertion de l’ONU destiné aux anciens membres de groupes armés. Après la prise de Goma en janvier 2025, le M23 a remis au Rwanda une importante délégation de combattants, comprenant le secrétaire général des FDLR, le général de brigade Gakwerere Ezechiel, ainsi que plusieurs officiers.
Parmi ces prisonniers, certains portaient l’uniforme de l’armée congolaise et ont reconnu collaborer étroitement avec elle, servant souvent en première ligne dans les combats contre le M23.

Un appel international au démantèlement des FDLR
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, depuis 22 ans, une vingtaine de résolutions condamnant les FDLR comme une menace pour la région et demandant leur démantèlement. Des rapports d’experts ont confirmé que les FDLR coopèrent avec l’armée congolaise, formant une alliance quasi militaire.
Le 27 juin 2025, le Rwanda et la RDC, soutenus par les États-Unis, ont signé un accord de paix incluant la dissolution des FDLR dans un délai de 90 jours et la levée des mesures de sécurité mises en place par le Rwanda.
« Je le répète : les FDLR doivent être éradiquées. C’est un groupe responsable du génocide, qui a tué plus d’un million de personnes dans notre pays. » a déclaré le ministre Olivier Nduhungirehe, dans une interview accordée à Jeune Afrique.
Le Général de Brigade Ronald Rwivanga, porte-parole des Forces de Défense du Rwanda, estime que les FDLR comptent entre 7 000 et 10 000 combattants, qui se mêlent souvent à la population civile lorsqu’ils sont attaqués.


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