Dans la tête de Vladimir Poutine : pour comprendre la vision géopolitique russe du monde

Redigé par Atlantico
Le 23 février 2014 à 01:08

Derrière la crise en Ukraine plane l’ombre de la Russie, soutien de Viktor Ianoukovitch. Dans ce dossier comme dans celui de la Syrie, le président russe s’est placé à contre-courant du monde occidental. Une manière pour lui de remettre la Russie sur l’échiquier géopolitique mondial.
Vladimir Poutine et Barack Obama se sont entretenus le 21 février (photo d’archive)Crédit Reuters
Atlantico : Sur fond de relative accalmie de la crise ukrainienne, Barack Obama s’est entretenu le 21 février au soir (...)

Derrière la crise en Ukraine plane l’ombre de la Russie, soutien de Viktor Ianoukovitch. Dans ce dossier comme dans celui de la Syrie, le président russe s’est placé à contre-courant du monde occidental. Une manière pour lui de remettre la Russie sur l’échiquier géopolitique mondial.

Vladimir Poutine et Barack Obama se sont entretenus le 21 février (photo d’archive)Crédit Reuters

Atlantico : Sur fond de relative accalmie de la crise ukrainienne, Barack Obama s’est entretenu le 21 février au soir avec le président russe afin de trouver une voie de sortie viable. Un fait qui n’est pas sans rappeler la résolution de la crise syrienne il y a quelques mois. Souvent qualifié de "nouveau Tsar", l’homme fort du Kremlin semble ainsi peaufiner son image de médiateur sur la scène internationale. Peut-on essayer de définir ce qu’est, au-delà des clichés, la vision géopolitique de Vladimir Poutine ?

Pierre Lorrain : Les discussions entre dirigeants des grandes puissances sur les dossiers brûlants sont inévitables et utiles pour connaître les positions respectives, éviter les malentendus et tenter de trouver des voies de médiation et de sortie de crise. Cela se passerait de la même manière si les dirigeants n’étaient pas Obama et Poutine.

En ce qui concerne la vision géopolitique de Vladimir Poutine, si tant est que l’on puisse appeler ainsi les impératifs russes en politique extérieure, elle peut se résumer en deux points : 1) défense des intérêts de la Russie là où ils existent ; 2) ailleurs, règlement pacifique des conflits dans le cadre des organisations internationales.

Les intérêts de la Russie sont évidemment nombreux, mais les trois priorités actuelles sont la défense des intérêts économiques, le maintien d’une force de dissuasion crédible (ce qui implique une opposition active à tout ce qui peut mettre en danger le potentiel russe de riposte nucléaire) et la lutte contre l’islamisme qui menace directement le Caucase russe et le sud de la Russie.

Contrairement à une vision manichéenne très répandue, la Russie n’est pas dans une position d’antagonisme à l’égard des pays occidentaux. Elle constitue un partenaire fiable pour la résolution d’un certain nombre de conflits.

Elle a soutenu et soutient encore les efforts occidentaux en Afghanistan (notamment transit de fret de l’OTAN par le territoire russe) ou en Iran (la Russie a voté des sanctions contre la république islamique et applique un embargo sur les armes). Elle est également partie prenante dans les tentatives de résolution de la crise au Proche-Orient. Certes, elle s’est opposée à l’action de la coalition américaine en Irak, mais avec la France et l’Allemagne.

En revanche, elle s’est abstenue (avec l’Allemagne) au Conseil de Sécurité des Nations unies lors du vote de la résolution 1973 sur une action occidentale en Libye, ce qui revenait à donner son feu vert. Mais, et c’est le moins que l’on puisse dire, elle n’a pas été satisfaite du résultat.

Sur la Syrie, la position de Vladimir Poutine, affirmée notamment lors de sa rencontre avec le président Hollande à Paris en juin 2012, est depuis le début la suivante : ne pas renverser un régime sans être sûr de ce qui va le remplacer. La montée en puissance des islamistes liés à Al-Qaïda lui a donné raison et a incité Washington et ses alliés à reculer sur le principe d’une intervention armée. Dans le même temps, la Russie a soutenu diplomatiquement la France dans son intervention contre les islamistes au Mali.


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