Editorial : Rapt démocratique

Redigé par Courrier International
Le 6 mai 2013 à 01:16

Et revoilà le mythe de l’union sacrée. Presque un siècle après la formation d’un gouvernement d’union nationale, en 1914, 8 Français sur 10 verraient aujourd’hui d’un bon œil la formation d’un exécutif rassemblant toutes les tendances politiques du pays. On ferme les yeux et on fait un rêve.
Les meilleurs de chaque camp. De vrais ministres, moins préoccupés par leur avenir politique que par la lutte contre le chômage. Finies les bisbilles du Palais-Bourbon et les travaux de bricolage de l’Elysée.
L’heure (...)

Et revoilà le mythe de l’union sacrée. Presque un siècle après la formation d’un gouvernement d’union nationale, en 1914, 8 Français sur 10 verraient aujourd’hui d’un bon œil la formation d’un exécutif rassemblant toutes les tendances politiques du pays. On ferme les yeux et on fait un rêve.

Les meilleurs de chaque camp. De vrais ministres, moins préoccupés par leur avenir politique que par la lutte contre le chômage. Finies les bisbilles du Palais-Bourbon et les travaux de bricolage de l’Elysée.

L’heure de la trêve a sonné : place au redressement national. François Hollande, nouvel architecte de la cohésion nationale, voit sa popularité remonter. Aux ronchons qui ne jurent que par la castagne entre la gauche et la droite, on cite l’exemple du nouveau gouvernement italien, mêlant les partisans de Berlusconi et ceux du Parti démocrate.

On rappelle le succès de la “grande coalition” allemande entre le SPD et la CDU, qui a permis de réduire de 1 million le nombre de chômeurs entre 2005 et 2009. Sauf que... l’idée même d’un gouvernement d’union nationale est une hérésie en France.

A l’inverse des Italiens, les électeurs français se sont exprimés clairement il y a un an. Ils ont choisi un président, un projet et une majorité. Et, contrairement à l’Allemagne, la Ve République accentue cette bipolarisation gauche-droite.

Vouloir artificiellement supprimer ce clivage reviendrait à voler aux Français le résultat de leur vote : ça s’appelle un rapt démocratique. Ce serait aussi fermer la porte à l’alternance classique.

Ceux qui seraient exclus de cette union sacrée se sentiraient pousser des ailes. Pour être certain d’installer demain Marine Le Pen à l’Elysée, ce serait sans doute la meilleure solution.


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