Indignés M23 en exil ugandais , pavane Fdlr à l’EstRDC : déficit démocratique

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 13 octobre 2014 à 10:22

Les 1500 combattants congolais essentiellement rwandophones du M23 encore en exil ugandais malgré les accords signés avec le Gouvernement de Kinshasa pour les laisser rentrer pacifiquement chez eux se révoltent contre un récent rapport onusien qui accuse le M23 d’avoir commis des crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans l’Est de la RDC entre 2010 et 2013. FDLR, maîtres de l’Est de la RDC
Entretemps, fortes du soutien leur apporté par Kinshasa, de la protection de la SADC (Southern Africa (...)


Les 1500 combattants congolais essentiellement rwandophones du M23 encore en exil ugandais malgré les accords signés avec le Gouvernement de Kinshasa pour les laisser rentrer pacifiquement chez eux se révoltent contre un récent rapport onusien qui accuse le M23 d’avoir commis des crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans l’Est de la RDC entre 2010 et 2013.

FDLR, maîtres de l’Est de la RDC

Entretemps, fortes du soutien leur apporté par Kinshasa, de la protection de la SADC (Southern Africa Development Community) et ICGLR (International Conference on Great Lakes Region) et de la coopération commerciale des minerais de l’Est de la RDC avec la plupart des conglomérats et autres condominiums anglo-sud africains opérant dans cet Est de la RDC, les grands commandants FDLR, recherchés par l’interpol pour crimes de génocide et autres crimes de guerre, refusent d’abdiquer de leurs postes de commandement pour donner une face avenante de leur mouvement à la Communauté internationale qui pourrait fonder un point de vue, quelque peu potable soit-il, pour intéresser et prier le gouvernement rwandais à un quelconque dialogue avec elles.

Géopolitiquement parlant, ces Fdlr valent beaucoup pour toutes ces forces en présence dans l’Est de la RDC. Elles trouvent que les Fdlr protègent d’une façon ou d’une autre leurs intérêts. Il leur reste donc une infime marge de manoeuvre pour ces mutins congolais du M23 pour lesquels on prête des intentions de revenir à la charge. Pour cela, alors qu’ils vivent leur exil ougandais et rwandais, des communiqués accusatifs seront rédigés sur le tard, plus de 10 mois après leur cuisante défaite pour les accuser de viol et autres crimes de guerre.

Ah ! Et pourtant aussitôt qu’ils ont été jetés hors du territoire congolais où ils bataillaient, leur territoire a été occupé par leurs ennemis jurés, les Fdlr rwandaises qui en ont profité pour régner sans partage en levant les impôts et en s’adonnant à toutes les exactions qu’on ne peut imaginer.

Les M23 émettent un communiqué protestant contre les accusations de violation de droits humains

Le communiqué du 10 octobre 14 émis à Kampala/Uganda par la direction en exil du M23, trouve beaucoup d’absurdités de ce rapport qui incrimine indistinctement tous les combattants ne sachant « placer un nom au crime avancé ».

Et puis, le rapport entretient « volontairement une confusion totale entre les faits isolés de banditisme commun à tous les états du monde et ceux dont le M23 pourrait être délibérément l’initiateur. Ce qui leur permettrait d’établir la responsabilité de notre Mouvement…attribue au M23 les faits collatéraux de la guerre partout où elle a eu lieu et se taisent sur la responsabilité engagée de l’armement lourd et de l’aviation de la coalition gouvernementale FARDC-MONUC dans des massacres des centaines des civils … »

Pourquoi une si tardive publication, se demande le directoire du M23 comme si il voulait demander la raison pour la quelle le rapatriement de ses troupes est bloqué alors qu’il pourrait répondre de ces allégations une fois sur place en RDC.

Et puis, « Le Mouvement du 23 Mars n’a cessé d’exiger la création d’une commission d’enquête indépendante pour établir les faits et, le cas échéant, tirer des responsabilités. Cette position a était soutenue et défendue de la manière la plus officielle à travers des dizaines des correspondances sans suite aux Nations-Unies, à la CIRGL et même sur la table de négociations à Kampala en présence des envoyés spéciaux de la communauté internationale »,

lit-on plus loin dans le communiqué qui insiste sur le fait qu’une telle suggestion de mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante a été farouchement combattue par le Gouvernement de Kinshasa et ses alliés, voyant dans ce refus un stratagème visant

« à faire diversion sur les questions essentielles susceptibles de créer un environnement favorable au rétablissement de la paix et qui fondent le mandat de la MONUSCO mais qu’ elle s’abstient, sans convaincre, à exécuter. Il s’agit notamment de la neutralisation des FDLR, ADF, LRA, FNL, autres groupes armés locaux et même certaines unités de FARDC qui sont la véritable source d’insécurité dans le pays.

Et delà, l’on comprend que l’unique cible pour la MONUSCO a toujours été et demeure le M23 même cantonné, désarmé et engagé totalement dans le processus de paix.

Quel péché ne peut -on donc pas faire porter au vaincu lorsqu’on le tient à respect sous son pied ? C’est un acharnement”.

Le directoire du M23 dans son exil ugandais qui rédige ce communiqué s’étonne du comportement de la Monusco qui passe de la médiation entre parties en conflit à la qualité de bélligérant aux côtés d’une des parties en conflit spécialement avec l’année 2013 pour revenir avec une autre casquette, celle de poser comme un investigateur des droits de l’homme alors qu’elle a contribué à les violer.

Ce Communiqué trouve que cette manœuvre n’est qu’une « diversion sur les questions essentielles susceptibles de créer un environnement favorable au rétablissement de la paix et qui fondent le mandat de la MONUSCO mais qu’elle s’abstient, sans convaincre, à exécuter. Il s’agit notamment de la neutralisation des FDLR, ADF, LRA, FNL, autres groupes armés locaux … ».

C’est comme si toutes les parties adverses, aucune ne veut que le conflit se tasse et qu’une paix durable règne sur la région des Grands Lacs.
Les FDLR n’entendent pas changer leur leadership pour leur nouveau visage avenant.

Le statut donné par la Communauté internationale aux Fdlr qui écument villages, forêts, parcs et mines de l’est RDC est étonnamment très positif contrairement à image noire prêtée aux M23 dans le récent rapport du Bureau Conjoint des Droits de l’Homme de la MONUSCO (BCDHM). A ces combattants du M23, il est rappelé qu’ils ont commis des crimes de guerre, que ce soit ceux qui sont exilés en Uganda ou aux Rwanda. Pour le rapport, ils doivent en répondre au plus vite.

Ce rapport est-il rédigé, plus de 10 mois après leur débandade, suite aux rumeurs d’une certaine réorganisation de leur part afin de revenir dans leur patelin chasser les rebelles rwandais des Fdlr qui règnent sur toutes les mines de coltan, sur le bois noir du Congo et lèvent des taxes au point qu’ils peuvent, d’après un de ces rapports onusiens, bon an mal an, réaliser des recettes de quelques 70 millions de dollars ? Un sérieux budget de réarmement quoi !

Cependant, les M23 semblent avoir consommé la défaite cinglante de novembre-décembre 2013 au point que pour s’armer d’une grande détermination, il lui faut analyser les causes qui ont amené les dissensions apparues en leur sein avant leur catastrophique sauve-qui-peut.

Un idéal de lutte nécessaire aux M23

Au cas où ils avaient des velléités de réorganisation et de reprise d’armes, peuvent-ils s’armer d’une indépendance relative d’action vis-à-vis de leurs arrière-base rwandaise ou ugandaise ? Seront-ils capables de circonscrire leurs intérêts en tant que peuples de l’Est de la RDC et ceux poursuivis par leurs parrains qui trouvent cet Est RDC comme un foyer d’insécurité pour leurs régimes ? Peuvent-ils avoir un idéal de lutte qu’ils ne pourront confiner et circonscrire dans les limites de l’Est de la RDC comme une gestion parcimonieuse des richesses naturelles de ce gros patelin, la pacification et le retour de leurs parents qui souffrent de leur long exil rwandais, ugandais et burundais, le combat contre une relocalisation parfaitement planifiée de réfugiés congolais rwandophones pour le Canada, les USA et l’Australie.

Ces M23 dont les rumeurs disent qu’ils se réorganiseraient pour reprendre les hostilités devraient analyser leurs faiblesses idéologiques qui les ont conduites à l’échec et à la défaite cuisante. Quand on n’a pas un idéal de lutte, si militairement fort qu’on pourrait être, en l’absence d’une machine puissante de communication et de propagande, on est condamné à ne pas réussir dans son entreprise.

Stratégies multiformes et complémentaires de lutte

Contrairement à eux, fortes du soutien et appui leur accordés par certaines puissances de la SADC et de la ICGLR dont la RDC, la Tanzanie ou la RSA, les Fdlr qui contrôlent une platebande très étendue, celle qu’occupaient les M23, un territoire plusieurs fois plus grand que le petit Rwanda, trouvent qu’au fil du temps, elles gagneront de plus en plus en sympathie et en soutien de la Communauté internationale pour arriver à se positionner dans ses revendications malgré les protestations des officiels rwandais qui les taxent de génocidaires.

Ces Fdlr considérées comme une charpente la mieux organisée de l’opposition rwandaise de la diaspora sait organiser toutes les sections de combat qui semblent indépendantes les unes des autres mais qui se complètent excellemment.

Ici la section Communication a une place de choix. Des fora de propagandes aux réseaux sociaux, la lutte médiatique qui scrute l’appareil gouvernemental rwandais pour le critiquer à tort et à travers dynamise les rangs des milieux parallèles qui luttent pour l’impunité de ceux qui, en cavale dans tous les pays du monde, sont sérieusement soupçonnés d’avoir joué un rôle criminel dans le génocide des Tutsi du Rwanda de 1994.

Le livre analytique de l’action politique rwandaise de la féodalité à nos jours est écrit et publié avec des épisodes différents, les uns et les autres tournés idéologiquement pour servir les intérêts de cette opposition.

On comprend ici qu’une telle opposition ne dort pas. Elle travaille sans relâche faisant en sorte que son absence de cause de lutte en soit une à force de distiller fausses ou demi-vérités.

La Société civile rwandaise accompagne-t-elle comme il faut la reconstruction de la société rwandaise telle que conçue et mise en application par le FPR. Sait-elle déjouer les pièges , mensonges et demi-vérités tendus par les politiciens rwandais qui jouent mauvais jeu ? Le rôle de la société civile d’un pays n’est-il de dénoncer toute cause possible du déficit démocratique, de jouer le garde-fou contre tous les dérapages et tendances de politiques qui veulent empietter dans les violences comme voie de conquête du Pouvoir ?

Or la société civile rwandaise semble peu disposée de prendre haut le flambeau de la communication sous tous ses angles dont l’image, le son mais aussi l’écrit journalistique mais aussi le livre et le pamphlet. L’avenir du Rwanda en dépend-il ?


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