Kagame préféré à un autre invité à la Présidence après 2017 : contours et hiatus

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 27 décembre 2015 à 06:16

Les Rwandais, seuls eux, ont voté dans la tranquillité ‘OUI’ au Référendum sur la constitution révisée. Un vote massif dit autrefois ‘stalinien’. Le phénomène étonne car actuellement on ne parle plus du terme argotique de ‘techniquer’ c-a-d bourrage d’urnes. Aucun média qu’il soit local ou international n’a osé soulever cette accusation.«  »
A défaut de cela, vu que le référendum conduit de façon transparente a montré que les citoyens rwandais pensent ne pas avoir, du moins pour le moment, un leader qui pourrait (...)

Les Rwandais, seuls eux, ont voté dans la tranquillité ‘OUI’ au Référendum sur la constitution révisée. Un vote massif dit autrefois ‘stalinien’. Le phénomène étonne car actuellement on ne parle plus du terme argotique de ‘techniquer’ c-a-d bourrage d’urnes. Aucun média qu’il soit local ou international n’a osé soulever cette accusation.«  »

A défaut de cela, vu que le référendum conduit de façon transparente a montré que les citoyens rwandais pensent ne pas avoir, du moins pour le moment, un leader qui pourrait valablement remplacer Paul Kagame, au nom des principes généraux de la démocratie formelle, les USA et l’Union Européenne n’ont pas caché leurs souhaits de voir le Rwanda obéir à celle clause de deux mandats consécutifs et partir. Ces réclamations de la Communauté internationale s’adressaient rien qu’à l’actuel président rwandais Paul Kagame à qui, à travers le référendum, le peuple a exprimé sa ferme décision de lui permettre un autre septennat, après 2017, avant de faire basculer le mandat de 7 à 5 ans.

Des pétitions amenées au Parlement rwandais dans des baskets traditionnels.
Paul Kagame à la Présidence : Un héros mythique, Une grande signification sociale

Paul Kagame est un commandant suprême des armées de fait durant toutes les années de guérilla. Il a appris à évoluer en politique depuis cette date jusqu’en 2000, date où, à la faveur de circonstances opportunes, il a évincé Pasteur Bizimungu le président de la période de transition d’alors et vice président du Parti moteur du Gouvernement, le front Patriotique Rwanda (FPR-Inkotanyi).

Peut-on dire que le Président Pasteur Bizimungu a évolué dans une mare politique difficile à manœuvrer où il fallait du doigté, de la discipline verbale et comportementale rigoureuse. « Si Kagame n’est pas reconduit au rôle, je me suiciderai », s’était ainsi exprimé une jeune dame d’un village reculé lors de la campagne des pétitions citoyennes qui ont alors, entre juillet et septembre 2015, été chiffrées à 3.7 millions provocant ainsi une procédure légale de révision de la constitution du pays pour permettre à Kagame, rien qu’à lui-seul, de briguer un autre septennat dès que le second aura expiré en octobre 2015.

L’a-t-il fait sciemment ? Il aurait pu avoir préparé son dauphin pour l’après 2017, disent beaucoup d’intervenants dans une société civile rwandaise atone noyée dans un immobilisme dû au fait que le doigté du Chef Kagame a prolongé sa rigueur dans la gouvernance sociale par de fortes institutions étatiques garde-fou qu’il a mises en place dont la Commission Rwandaise des Droits Humains, l’Office de l’Auditeur Général des Comptes de l’Etat, le Rwanda Governance Board…

« Actuellement les citoyens rwandais savent qu’ils ont des intérêts à défendre. Et pour les défendre, il faut une institution forte qui leur rend des comptes », a observé le Rév. Jean Pierre Uwimana, professeur de l’Ecole de Journalisme et dirigeant de PGL/Panos Grands Lacs Rwanda qui intervient dans le renforcement de capacité des médias de la région des Grands Lacs.

« Allons, ces citoyens ont eu raison de déclencher une procédure juridique de révision de la constitution. Au moment où l’actuel establishment américain dit qu’il veut des institutions africaines fortes, qu’il n’y a pas nécessairement des personnalités politiques indispensables, il calque l’actuelle situation démocratique américaine régulièrement stable sur plus de 200 ans à celle d’un Rwanda fragilisé par plus de 30 trente de pogroms, de chosification régulière d’une partie de citoyens rwandais dits Tutsi. La situation actuelle est le fruit d’un long processus de rectification de cette tare où toutes les ethnies jouissent des mêmes droits. Où un Tutsi autant qu’un Hutu ayant adopté, preuves à l’appui, des attitudes méprisantes envers l’autre ethnie, sont punis sévèrement de la même façon », a constaté Vénuste Karambizi, professeur à l’Université Libre de Kigali montrant qu’un tel leader peut ne pas rassembler le consensus dans l’arène politique rwandaise de la diaspora ou une classe sociale moyenne rwandaise composite mais qu’au niveau de ‘grassroot people’ (Citoyens de la Base communautaire) fait de plus de 85% de la population totale rwandais, il ne peut que récolter ovations, louanges …

Une procession au Parlement de pétitionnaires

Les médias rwandais et internationaux avant que les citoyens rwandais ont plébiscité Paul Kagame pour sa touche en matière de développement fulgurant de la société rwandaise ; une façon de dire que tous les citoyens rwandais sont entrés de plein pied dans l’économie de marché.


Tant mieux ! Mais ce n’est pas tout !

« Kagame a attiré l’attention des citoyens rwandais par son tempérament à ne pas tolérer des formes d’injustice sociale. Certes comme toute société doit passer par le stade du capitalisme économique, comme celui-ci génère des inégalités sociales nécessairement de par la chance ou autres mécanismes illégaux qu’il combat énergiquement avec un quelconque succès, les citoyens remarquent son effort. Et Ils savent que sans lui, ces injustices commenceraient à être légion le premier jour de son départ », a indiqué le Révérend Jean Pierre Uwimana montrant que la seule erreur due au difficile parcours qui aura été commis tout au long des deux septennats légaux du règne de Paul Kagame, il lui a été difficile de préparer un dauphin qui devrait le succéder en 2017.

« Mais bon dieu ! J’ai cherché parmi vous quelqu’un pour prendre la relève à mon départ en 2017, je ne le trouve pas », avait alors déclaré Paul Kagame, Chairman du FPR, au cours d’un meeting du Bureau Politique Elargi de ce parti en 2012. Ce message valait tout son poids au moment où il était émis.

Les citoyens rwandais ont-ils alors entendu le message de leur président ? « Les citoyens, il est difficile de les tromper. Pour l’immédiat, ils ont des intérêts à défendre depuis qu’ils ont des titres de propriété sur leurs lopins de terre boisés ou d’agriculture. Ils comprennent que leur progéniture a, toute, droit à l’éducation jusqu’au niveau de technicien supérieur en ceci ou cela. Ils savent que leurs enfants ne vont plus être astreints à retourner à l’analphabétisme comme dans le temps où les plus entreprenants ne terminaient que leur cycle Primaire »,

a dit ce Pasteur d’Eglise réformée qui loue ce système d’accompagnement de BDF (Business Development Centers) installés dans presque tous les districts du pays qui facilitent les demandeurs de crédits bancaires sans hypothèques sérieuses afin qu’ils démarrent leurs affaires pour rayonner dans les contrées reculées du fin fond du pays.

Avouez que cette redistribution de revenus et de richesses, sans savoir réellement ce qu’il en est, les paysans qui, à la faveur d’une électrification rurale, accèdent aux métiers autrefois urbains comme la soudure de leurs portes métalliques et autres travaux d’ingénierie civile, sont très épatés par ce nouvel ouragan de développement socio économique.

Une légalisation des pétitions populaires au Parlement

Au lieu d’insister sur une alternance démocratique revendiquée généralement par toute une frange de partis politiques qui eux aussi devraient lutter pour la direction du pays, au vu de l’expression populaire en faveur du troisième mandat du Chef de l’Etat Paul Kagame, le PSD (Parti Socio démocrate), le PDI (Parti Démocrate Idéal), le PL (Parti Libéral), le PS Imberakuri et bien d’autres.


Un bémol : le Parti des Verts rwandais

Au moment où le Parti Démocratique Idéal du Ministre Moussa Fadhil Harelimana criait à qui veut l’entendre le 28 décembre 2014 que « la Constitution rwandaise ( qui prescrit deux mandats limités) allait à l’encontre des principes de la démocratie parce qu’elle prévoit des entraves à la volonté populaire, recommandant déjà en 2014 qu’elle soit amendée, telle n’a pas été la position du parti écologiste rwandais, le Green Democratic Party of Rwanda.

« Nous au PSD, notre conviction est que les mandats légaux du Chef de l’Etat doivent être gérés par les aspirations du peuple. En ce jour, donc, nous soutenons, en accord avec la volonté populaire exprimée, que l’article 101 prescrivant à deux le nombre de mandats d’un Président, soit changé », a déclaré le Dr Vincent Biruta, Président du PSD après que 3.7 millions sur les quelques 6.4 millions de Rwandais en âge de voter, aient pétitionné au Parlement rwandais pour une reconduction de mandat de leur président Paul Kagame.

Le DGPR du Dr Frank Habineza se voyant minorisé par des pétitions massives est intervenu dans les médias locaux et internationaux (Voix de l’Amérique) pour s’opposer à cette volonté populaire. A-t-il attaqué en justice la procédure légale poursuivie par le Parlement pour entériner les pétitions populaires ?

« Votre requête n’est pas fondée Monsieur Habineza. Montrez au moins un vice dans cette procédure et nous l’annulons », lui a-t-il rétorqué le juge de la Cour Suprême.


Des Partis politiques sans assises populaires

Le DGPR a de ce fait montré qu’il est une invention qui ressort des préoccupations des citoyens au risque d’aller à l’encontre de leurs intérêts. Les citoyens ont-ils besoin d’être sécurisés dans le long terme ? Munis de leur assurance-maladie, ont-ils besoin d’un leader de la trempe de Kagame innovateur qui leur amène des programmes pouvant changer leurs vies dont l’électrification rurale, les centres de santé et écoles juste à côté ? Ce leader leur montre-t-il qu’ils peuvent faire assez d’épargne publique pour, dans les périodes de soudure, solliciter comme un droit de petits crédits bancaires dans une banque d’à- côté ?

Les partis politiques autres que le FPR n’ont pas su réclamer et négocier des espaces politiques et idéologiques au sein de leur NFP (Organe de Concertation des Familles Politiques Agréées) afin que l’un et l’autre puissent participer à l’essor de la culture démocratique dans une arène politique rwandaise où il manque cruellement, à l’intérieur ou dans la diaspora, des leaders politiques visionnaires positifs et indépendantistes de la trempe de Kagame. Les Rwandais auront-ils raison ?


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