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Kivu : « En Afrique, la situation est affligeante pour la communauté homo »

Redigé par Olivier Kabalisa
Le 29 mai 2012 à 03:51

Le jeune réalisateur rwandais Kivu Ruhorahoza est venu à Cannes pour financer son deuxième long-métrage, « Jomo ».
Jomo, un jeune Kényan homosexuel, est expulsé de Grande-Bretagne. De retour à Nairobi, Jomo découvre, stupéfait, un pays métamorphosé, pétri de principes moralisateurs, conservateurs et homophobes, des valeurs importées par le télévangéliste et ses pasteurs américains. Jomo l’expulsé croise Jomo le prostitué, puis Jomo l’activiste. « Ces trois gagner personnages sont joués par trois comédiens (...)

Le jeune réalisateur rwandais Kivu Ruhorahoza est venu à Cannes pour financer son deuxième long-métrage, « Jomo ». 

Jomo, un jeune Kényan homosexuel, est expulsé de Grande-Bretagne. De retour à Nairobi, Jomo découvre, stupéfait, un pays métamorphosé, pétri de principes moralisateurs, conservateurs et homophobes, des valeurs importées par le télévangéliste et ses pasteurs américains. Jomo l’expulsé croise Jomo le prostitué, puis Jomo l’activiste. « Ces trois gagner personnages sont joués par trois comédiens d’âges différents. Mais c’est le même Jomo.

Pour sa vie, Jomo va faire le gigolo, puis le trottoir, avant de militer pour ses droits. Il passe dans le corps politique  », raconte Kivu Ruhorahoza, à la terrasse d’un café cannois. Quand le cinéaste rwandais, 29 ans, parle de Jomo, des images se forment instantanément comme si le film était en train de se faire.

Le réalisateur de Matière grise, primé au TriBeCaFilm Festival à New York, en 2011, était à Cannes pour présenter son projet de deuxième long-métrage. Jomo a été sélectionné à la fabrique des cinémas du monde, à Cannes, laquelle soutient de jeunes réalisateurs non européens (la Brésilienne, Anita Rocha da Silveira, etc.).

De l’argent, ou du moins un carnet d’adresses et quelques conseils bien avisés, voilà ce que viennent chercher ce cinéaste et les autres. Pour l’instant, Kivu Ruhorahoza dispose de 230 000 euros et cherche 190 000 euros pour démarrer le tournage, avec l’aide de son producteur, l’Australien Dominique Allen. When there is the will, then there is the way !(« quand on veut, on trouve le chemin »), dit le producteur avant de partir pour un rendez-vous.

Kivu Ruhorahoza montre son planning cannois : une vingtaine de rendez-vous en quelques jours, avec le distributeur et producteur Epicentre, la société de production d’Agnès B., Love Streams.

Devant eux, il a pu répondre à toutes les questions qui passent par la tête. Pourquoi Kivu veut-il filmer au Kenya et non pas au Rwanda ? « Il serait exagéré de raconter cette histoire au Rwanda , où l’homosexualité ne constitue pas un délit. De plus, à Nairobi, il y a des bars gays, des associations d’activistes, une véritable culture underground que je voudrais montrer. »

Comment est venue l’idée de Jomo ? « En Afrique , la situation est affligeante pour la communauté homo. Au Cameroun et en Ouganda , des journaux ont publié les noms et adresses de personnes supposées homosexuelles. Le journal ougandais Rolling Stone a donné la liste des "100 tops gays", avec ce titre en une : Pendez-les ! »

Le discours est directement importé par des télévangélistes américains, explique Kivu Ruhogoza . Ces groupuscules ciblent particulièrement de jeunes Africains pauvres. « Le cas de David Bahati est très éclairant. Ce jeune Ougandais de 12 ans a été soutenu par des lobbyistes américains, puis envoyé en stage à l’étranger. A son retour, il est devenu député et a rédigé une loi pénalisant l’homosexualité et prévoyant la peine de mort pour certains actes homosexuels. Une mobilisation internationale avait permis d’obtenir le report du texte, en mai 2011 », poursuit-il.

Il est bientôt 20 heures, jeudi 24 mai. Kivu Ruhorahoza s’apprête à quitter Cannes pour retourner à Kigali. « A cinquante minutes d’avion de Nairobi », précise-t-il.


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