En France, c’est une vidéo qui a surtout fait sourire. On y voit Zlatan Ibrahimovic, l’attaquant du PSG, gambader dans les forêts de son pays fusil sur le dos en chassant le cerf, plonger dans des lacs gelés et embrasser sa famille au coucher, le tout très virilement, pour vanter les mérites de la dernière Volvo.

Mais en Suède, le débat est allé beaucoup plus loin que ça, occupant les journaux, les radios et les télévisions depuis dimanche soir. D’autant que le fabriquant de voiture avait soigneusement orchestré son teasing en laissant filtrer des extraits depuis quelques jours. « En Suède, il y a trois marques connues suédoises connues mondialement : Volvo, Ikéa et Zlatan. Et là, il y en a deux qui font quelque chose ensemble », fait remarquer Johanna Franden, correspondante à Paris pour le quotidien suédois Aftonbladet.

Dans cette séquence de deux minutes, Ibrahimovic ne fait pas que vanter les mérites d’une voiture, il récite aussi l’hymne suédois. Comme si Zidane tourné dans une publicité Renault en chantant la Marseillaise. « Pourquoi un mec qui n’a jamais chanté l’hymne national avec la sélection le ferait dans une pub ? En Suède, c’est une année d’élection parlementaire et on a un parti d’extrême-droite, très dur sur l’immigration. Est-ce qu’il a voulu envoyer un message politique ? », reprend Johanna Franden.

« Moi je suis né en Suède, et je suis citoyen suédois, on ne peut pas le changer »

Dans une interview accordée au moment de la diffusion de la fameuse publicité, le natif de Malmö a lâché un début d’explication. « Je ne parle pas parfaitement suédois, mais c’est comme ça, je peux quand même être suédois. Tout le monde est différent mais tout le monde se ressemble. Mon père est bosniaque musulman, ma mère croate catholique. Moi je suis né en Suède, et je suis citoyen suédois, on ne peut pas le changer. »

Ce qu’il a changé en revanche, c’est un mot du « Du gamla, du fria », l’hymne suédois, remplaçant le couplet Toi l’antique, toi le libre et montagneux Nord » par « Toi l’antique, toi le libre et montagneux de Suède ». Une sortie politique, la première qu’on lui connaisse. « On a eu très peu de fils d’immigrés qui ont joué régulièrement en sélection. Donc tout ce qui se passe avec Zlatan, c’est la 1ere fois. Ça rend le geste un peu plus fort », conclut Johanna Franden.