Kampala devenant de plus en plus incertain, Kinshasa explore d’autres voies pour sortir du bourbier de l’Est du pays. Ainsi, après Brazzaville où il est allé voir Denis Sassou Nguesso, le chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, lorgne vers Luanda où il a fait hier mardi un aller-retour, après une tripartite à laquelle s’est joint le président sud-africain, Jacob Zuma. Hôte du sommet, le président angolais, Eduardo Dos Santos, a appelé à une réflexion plus approfondie afin de garantir l’efficacité des mécanismes prévus dans l’accord-cadre d’Addis-Abeba.
L’internationalisation de la crise congolaise consacrée par la signature le 24 février 2013 à Addis-Abeba de l’accord-cadre sur la paix et la stabilité de la RDC a obligé les Etats de la sous-région (CIRGL et SADC) à s’impliquer davantage pour aider la RDC à recouvrer le plus rapidement possible la paix dans sa partie Est. C’est ce qui explique, commente-t-on dans les milieux du gouvernement, les multiples déplacements du chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, auprès de ses pairs de la région.
Hier, c’était le Congolais Denis Sassou Nguesso, suivi juste après par l’Ougandais, Yoweri Museveni. Aujourd’hui, c’est le tour de l’Angolais Dos Santos auquel s’est joint à partir du Luanda, le Sud-africain Zuma. Aussi l’Angop a-t-elle parlé de la tripartite RDC-Angola-Congo hier mardi dans la capitale angolaise.
La suite du président sud-africain traduit toute l’importance que le pays de Nelson Mandela accorde à cette tripartite. Pour l’événement, Jacob Zuma a atterri à Luanda avec les ministres Nkoane Mahe Mashabane de la Défense, Nosiviwe Mapisa des Affaires étrangères et Siyabonga Twele de la Sécurité d’Etat. Ceci pour dire que la crise congolaise continue de mobiliser. Signé par 11 pays autant de la CIRGL que de la SADC, l’accord-cadre d’Addis-Abeba ne cesse de préoccuper tous les partenaires concernés, lesquels cherchent en garantir la mise en œuvre.
Selon Angop, qui relayait un communiqué de la Maison civile du président de la République distribuée lundi à Luanda, les trois chefs d’Etat devaient se concerter sur l’application de l’accord-cadre pour la paix, la stabilité et la coopération dans l’Est et dans la région des Grands Lacs.
Dès l’ouverture de la rencontre, rapporte la même source, le président Dos Santos n’a pas caché son scepticisme quant à l’efficacité des mécanismes prévus dans l’accord-cadre d’Addis-Abeba. Dans son discours d’ouverture à ce sommet, il a appelé à une réflexion sur la contribution des pays de la région en vue de renforcer et rendre efficaces les mécanismes qui seront établis pour garantir l’application avec succès de l’accord de paix et de sécurité signé à Addis-Abeba.
Le Sommet de Luanda, qui s’est terminé dans la soirée, aura eu l’avantage d’avoir analysé fondamentalement la situation qui prévaut dans l’Est.
Les enjeux en présence
Si rien de consistant n’a filtré de cette rencontre à trois, l’on suppose que Luanda et Pretoria veulent s’impliquer davantage dans la crise qui mine la partie Est de la RDC. Compte tenu de leur poids politique dans la région, leur implication semble s’imposer dans la recherche d’une solution de sortie de crise dans l’Est.
Puissance militaire incontestable de l’Afrique centrale, l’Angola a certainement un mot à dire dans la crise dans l’Est de la RDC. Luanda se montre réticent dans la mise en œuvre d’une solution qui serait en déphasage avec les enjeux de la sous-région. Pays post-conflit qui partage plus de 2 000 km de frontières avec la RDC, l’Angola joue à la prudence, conscient qu’une solution mal négociée en RDC aura inévitablement des conséquences sur son territoire. Aussi évite-t-il des effets surprise.
Une RDC fragile, comme c’est le cas actuellement, est une menace permanente pour l’Angola. Que Dos Santos cherche à avoir de plus amples assurances du président Kabila, c’est de bonne politique. Luanda se veut pointilleux sur tout ce qui touche à la RDC aussi sur le plan sécuritaire, humanitaire que du développement.
Si l’implication de l’Angola peut se justifier, l’on se demande quelles peuvent être les bonnes raisons qui feraient courir l’Afrique du Sud. D’aucuns soutiennent que l’Afrique du Sud est la première puissance économique non seulement de la SADC et du Comesa mais aussi du continent africain tout entier. A ce titre, elle pourrait s’inviter si jamais on ne l’associait pas à l’évolution des événements qui se déroulent sur le sol congolais.
Pour rappel, c’est l’Afrique du Sud, après s’être alliée à la Tanzanie, qui s’était opposée à Addis-Abeba à la première version de l’accord-cadre présenté à la signature par les Nations unies. C’est que, comme l’Angola, l’Afrique du Sud ne manquerait pas d’intérêts économiques et autres en RDC. L’on cite, entre autres, le pétrole du Graben Albertine pour Pretoria et celui du plateau continental pour Luanda.
Au nom de leurs intérêts, ces deux pays ne sont pas prêts à se voir écartés du schéma de sortie de crise qui se met en place en RDC, sous l’égide des Nations unies. Autant d’éléments qui donnent un sens à la tripartite de Luanda.
Toutefois, il reste la question capitale : de quel côté se trouvent les intérêts de la RDC dans ce fourmillement qui mobilise la communauté internationale pour un retour rapide de la paix dans l’Est ? Une question en appelant une autre : Va-t-on assister infiniment à rencontres internationales alors que la paix en RDC reste toujours précaire, sinon virtuelle ?
Kampala devenant de plus en plus incertain, l’on attend ce que va donner l’axe Brazzaville-Luanda-Kinshasa.
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