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Mille ha de riziculture du marais de Rurambi : Paysans Coopérateurs et investisseurs associés

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 6 août 2015 à 09:14

Non loin du quartier urbain Masaka, Sud-Est de Kigali, un gros marais que longe la rivière Akagera s’étend à perte de vue dans tout le Bugesera. Un génie rural y a été appliqué sur quelques 1000 ha essentiellement aménagés pour la culture du riz.
Ici tout le marais est géré par la Coopérative CORIMARU (Coopérative de Riziculture du Marais de Ruramba) avec 1575 membres. Pour gérer cet espace, le Minagri à travers le RAB (Rwanda Agriculture Board) et le projet PAERB, a mis à la disposition des (...)

Non loin du quartier urbain Masaka, Sud-Est de Kigali, un gros marais que longe la rivière Akagera s’étend à perte de vue dans tout le Bugesera. Un génie rural y a été appliqué sur quelques 1000 ha essentiellement aménagés pour la culture du riz.

Ici tout le marais est géré par la Coopérative CORIMARU (Coopérative de Riziculture du Marais de Ruramba) avec 1575 membres. Pour gérer cet espace, le Minagri à travers le RAB (Rwanda Agriculture Board) et le projet PAERB, a mis à la disposition des coopérateurs 8 ingénieurs agronomes. Il y a aussi une équipe d’électromécaniciens qui actionnent les vannes d’eau reliées au potentiomètre électrique.

Exploitée, cette vallée de l’Akagera sur plusieurs milliers d’hectares, elle sera un véritable grenier du pays. Comment aménager le génie rural suffisant ? Investisseurs à vos marques !

« Nous encadrons ces riziculteurs depuis la préparation des champs à la récolte du paddy et à l’usinage du riz. 20% de la production lui revient en nature tandis que les 80% restants sont collectés par la direction de la Coopérative. Il les reçoit en équivalent d’argent après déduction des coûts ayant résulté dans tout le processus de production », a indiqué Ir agronome Damascene Havugimana, Chef du Team technique de la Coopérative de Ruramba qui indique que la surface cultivée du marais est de 400 ha seulement, invitant par là des investisseurs dans l’agriculture à venir occuper les 450 restants.

« Depuis que ce marais a été aménagé par les Chinois, ceci est la 4ème saison que nous venons de récolter. La production s’accroît saison après saison. A la deuxième saison, sur un hectare que je cultive, j’ai réalisé un chiffre d’affaire de 500.000 Frw. Le coût de production était de 250.000 frw, a confié le Vice président de la CORIMARU, Bihoyiki Jonas.

la distribution de 20% de la récolte de chaque paysan pour consommation familiale. Les 80% restants leur reviendont sous forme d’argent gagné à la saison.

Faisa Muteteri, elle, cultive un demi-hectare. Elle a dépensé 150.000 Frw pour la culture et a reçu 300.000 Frw à la récolte.

L’agronome Damascène dit que tout est bien organisé au point que le paddy récolté est acheminé à l’usine de décorticage de Mayange dans le Bugesera. 20% de ce riz bien préparé revient aux riziculteurs. Le grand reste de la production de chaque coopérateur, 80%, est acheté par l’usine qui se charge de la commercialisation et donne l’argent aux coopérateurs au prorata de leur production.

MINAGRI souhaite un entrepreneur qui prendrait en charge les Infrastructures
Impact sur l’ habitat des riverains de ce marais

Damascène Havugimana, Ingénieur-encadreur de CORIMARU à ses côtés, Jonas Bihoyiki, Vice-Président de la coopérative et deux des 15 encadreurs formés sur le tas aux techniques de la culture du riz.

Les habitants riverains du marais de Rurambi ont la priorité d’occupation des espaces de culture. Il ne leur est rien demandé. Par contre, il leur est interdit de prendre leur récolte de riz à l’état paddy pour le décortiquer à ses propres frais. Du coup on remarque que le village des coopérateurs s’est amélioré. Les revenus de ce riz ont permis un habitat moderne et propre.

« Moi j’ai décliné l’offre de garder un quart d’hectare de champ qui m’a été proposé par la coopérative. Je trouve que gagner durant les 6 jours de la semaine 1000 frs d’ouvrier agricole me va bien. Ceci parce que je ne peut pas trouver au moins cent mille francs pour aplanir et bien apprêter le champ afin de l’ensemencer », a confié Mukamazimpaka, une dame qui va dans la trentaine. Elle, comme ses trois camarades, rentre des champs après son labeur de 5 heures ( de 07.00 à 11.00 heures).

Avec les revenus de ce travail, chacune d’elles a pu acheter de quoi cimenter sa
maison.

« Il est certain que la culture du riz a amélioré nos conditions de vie. Cependant nous souhaitons voir les ingénieurs aplanir les champs pour que nous puissions les occuper et produire », a confié Mukabutera, une autre habitante du village des coopérateurs de riz.

Aire de séchage du riz paddy

D’autres fonctions sont nées dans ce village. Au moment où c’est plutôt les femmes et les hommes pères de familles qui s’occupent majoritairement des champs de riz du marais (ils doivent faire au moins 700 mètres de trajet), les jeunes gens font du taxi vélo et très peu d’entre eux, du moto taxi.

« Pour traverser le marais, sur un trajet de 2 km, le passager me donne 500 Frs (soit environ 0.7$). A la fin de la journée, je verse 1.000 francs pour mon vélo après avoir dégagé toutes les dépenses du jour », a indiqué Majangwe, 23 ans, un jeune qui dit participer pour 500 frw par jour à une tontine dans un groupe de 15 vélotaximen et, par rotation, perçoit une somme qu’il utilise pour se construire une maison et préparer son futur mariage.

Ici, quelques rares mototaxi couvrent la distance du village de Rurambi à la ville de Nyamata, environ 6 km pour 2.500 Frw (env.3.3$).

« Nos jeunes gens vont faire le mototaxi dans la ville de Nyamata pour rentrer ici. Le mouvement entre notre village et la ville se fait plutôt sur vélo qui revient à moins cher, environ 1.000 Frw (1.3$) », confie Bihoyiki Jonas qui déplore le fait que son village n’est pas encore connecté à la ville de Nyamata par bus régulier alors qu’il est plein d’avenir avec son activité de riziculture.

« Il reste plusieurs hectares non encore exploités, 720, et pourtant aménagés par une société chinoise d’ingénierie rurale, dit le Chef du Projet, Ing.J.B. Rwigema. Un investisseur est pressenti pour signer un MOU avec le RAB (Rwanda Agriculture Board) au nom du Minagri (Ministère de l’Agriculture). Il fera le planage et pourra rentabiliser le marais qui est le plus fertile du pays avec un rendement de 6,7 tonnes par hectare ».

Un choix de politique idéologique difficile

L’autorité agricole est devant un choix idéologique difficile à prendre. Comment faire de Rurambi un village urbanisé avec tous les attributs de ville agricole un peu comme Bugarama du District Rusizi ?

Cela demande d’asseoir des stratégies idoines à commencer par exiger des micro finances y opérant à rabattre les taux d’intérêt de leurs crédits pour les petits fermiers agricoles quitte à se faire payer à la récolte.

Cela aura un impact certain sur l’amélioration des conditions culturales du fermier. Ce choix paysan, l’autorité agricole en collaboration avec le district Bugesera et le Ministère de l’Economie peut l’adopter qui donnerait des résultats certains.

Un choix d’intéressement d’une classe d’investisseurs en agriculture
Le Minagri via RAB en panne de budget pour le planage de parcelles rizicoles aménagées se rabat sur les investisseurs privés pour exploiter les 700 hectares restants. Ceci a une implication sur la mauvaise distribution des revenus. Le gros de la production ne va pas construire les fermiers locaux. Cependant il y aura une grande production déversée sur le marché rwandais avec un heureux risque de diminuer les importations céréalières, le gros des revenus revenant aux capitalistes. C’est une question de choix idéologique.

Ce choix est-il rationnel ? Oui dans le sens où banquiers et autres institutions financières seront aiguillonnés par les pouvoirs publics pour qu’ils rabattent très sensiblement les taux d’intérêts de 17 à au moins 5 ou 4% des crédits agricoles qui devront nécessairement être subventionnés.


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