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Terrasses radicales : La souffrance précède une production abondante

Redigé par
Le 20 juillet 2011 à 11:22

Le programme de la construction des terrasses radicales lancé par le gouvernement rwandais en 2007, importune les agriculteurs sans récolte, bien qu’une fois cette consolidation en place, l’adoption de nouvelles techniques de culture permettra de doubler, voire même de tripler la production.
Jean de Dieu Musabyimana, un agriculteur, s’adressant à l’agence Syfia Grands Lacs, invoque que la politique de la construction des terrasses radicales et la consolidation des terres fait souffrir sa famille : (...)

Le programme de la construction des terrasses radicales lancé par le gouvernement rwandais en 2007, importune les agriculteurs sans récolte, bien qu’une fois cette consolidation en place, l’adoption de nouvelles techniques de culture permettra de doubler, voire même de tripler la production.

Jean de Dieu Musabyimana, un agriculteur, s’adressant à l’agence Syfia Grands Lacs, invoque que la politique de la construction des terrasses radicales et la consolidation des terres fait souffrir sa famille : « J’avais des bananiers et des patates douces qui n’étaient pas encore récoltés. Tous ont été arrachés. Aujourd’hui, ma famille souffre de la faim, nous n’avons pas de quoi manger », se plaint-il, craignant la famine jusqu’à la récolte du manioc récemment planté sur ses terrasses.

De nombreux agriculteurs ont souffert ou souffrent encore lors de la construction des terrasses radicales rendue obligatoires par le gouvernement rwandais.

Celles-ci sont nécessaires pour mettre en pratique le programme de consolidation des terres qui vise à la mise en commun des champs des agriculteurs pour y planter une seule et même culture approprié à telle ou telle autre région.

Le chargé du programme VUP (programme de la vision 2020 au niveau des secteurs), Claude Muganga, a fait savoir aussi à Syfia Grands Lacs que ce programme a beaucoup d’avantages car la production peut aller jusqu’à tripler, l’érosion maîtrisé, le travail des champs se fait à plusieurs.

Pour les cultivateurs, les inconvénients de ce programme, mis en pratique de façon autoritaire, sont, au début, très lourds à supporter.

Cela se remarque, lors de la construction des terrasses qui nécessite un long travail exécuté par les paysans eux-mêmes et des ouvriers ou des prisonniers, les cultures existantes sont arrachées et les agriculteurs n’ont alors plus rien à manger et aucune ressource.

« Nous avons vendu notre unique cochon qui nous donnait du fumier au prix de 20 000 Frw/mois pour pouvoir acheter des aliments », témoigne Marie Goretti Mukanyandwi, mère de trois enfants.

Selon Immaculée Uwizeye, mère de deux enfants, certains agriculteurs ont commencé à voler dans les champs : « On m’a volé mon manioc sur la parcelle où l’on n’a pas tracé les terrasses ». Elle ajoute que son voisin Ladislas, un vieux qui a perdu sa bananeraie dans l’opération, a vendu des engrais chimiques donnés par VUP pour acheter de quoi se nourrir. Pour cet acte, il a été emprisonné pendant quelques jours.

Claude Muganga défend son projet, selon lui, les agriculteurs ne devraient pas souffrir de la faim, car les plus pauvres sont employés par VUP : « Ceux dont les terrasses sont tracées dans leurs champs sont employés comme ouvriers journaliers avec une rémunération de 1 000 Frw/jour ».

Le projet VUP emploie 650 ouvriers depuis 2010, parmi ces ouvriers qui touchent chacun 1000frw par jour, certains ont pu acheter des chèvres, d’autres des vaches même et des forêts.

Ils ont aussi pu payer la mutuelle de santé, le minerval de leurs enfants, affirme le chargé du programme VUP.

D’un autre côté les ouvriers réclament la majoration de leur rémunération.

Une fois les aménagements finis, les agriculteurs doivent, dans cette région, planter du manioc et s’associer dans des coopératives pour bénéficier d’engrais, de produits de traitement mais aussi de semences sélectionnées.

Chaque région a en effet, l’obligation de planter des cultures spécifiques déterminées par le ministère de l’Agriculture. Le programme VUP devrait aussi les aider à trouver un marché pour leurs produits.

Là où les travaux sont terminés depuis deux ou trois ans, les agriculteurs ont vu leur production doubler voire tripler, en particulier les producteurs de maïs.

Certains agriculteurs qui ont déjà appliqué cette stratégie, affirment que ces techniques agricoles diminuent les coûts de production mais dans d’autres régions, la transition a été très dure, car ceux qui devaient planter du café ou du thé devaient attendre plusieurs années avant de récolter et de vendre, de même pour le manioc qui ne se récolte qu’au bout d’un ou deux ans.

Photo : Terrasses radicales, plutôt adaptées au relief accidenté du Rwanda 


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