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Une excursion touristique : « Remarkable Rwanda » ou mieux, les femmes d’exception.

Redigé par Gatsinzi Jean Pierre
Le 11 octobre 2016 à 03:21

Durant la fin de semaine du 30 septembre au 1er octobre 2016, le “Rwanda Development Board” (RDB), a lancé une campagne de sensibilisation et de promotion du tourisme domestique.
Les Rwandais sont encouragés au tourisme intérieur afin de mieux connaître les richesses insoupçonnées de leur pays. Il est aberrant de constater qu’un étranger connaisse plus que nous notre pays ou que nous dépensons des milliers de dollars pour visiter les grandes places occidentales, les musées, alors que notre pays des (...)

Durant la fin de semaine du 30 septembre au 1er octobre 2016, le “Rwanda Development Board” (RDB), a lancé une campagne de sensibilisation et de promotion du tourisme domestique.

Les Rwandais sont encouragés au tourisme intérieur afin de mieux connaître les richesses insoupçonnées de leur pays. Il est aberrant de constater qu’un étranger connaisse plus que nous notre pays ou que nous dépensons des milliers de dollars pour visiter les grandes places occidentales, les musées, alors que notre pays des Mille Collines est également celui des mille fortunes.

Dans ce billet, je voudrais revisiter quelques facettes de notre histoire contemporaine et récente à travers quelques femmes illustres : Nyagakecuru, roitelette du Bungwe Nyamagabe, Huye et Gisagara au Sud du pays ; Kankazi, la dernière reine-mère du Rwanda avec résidence à Shyogwe, une colline jouxtant celle de Kabgayi et les femmes de Ntarama au Sud Est du pays.

Nyagakecuru ou la femme stratège du XVII ème siècle :

De son vrai nom Benginzage et femme de Samucyende, cette roitelette du Bungwe, royaume couvrant la région sud du Rwanda, fut convoitée par Ruganzu II Ndoli. Elle installa son palais sur le sommet du Mont Huye, à plus de 2400 m d’altitude. Elle dirigea une armée forte et crainte par le roi Ruganzu II à telle enseigne que celui-ci dut user d’un habile stratagème pour la conquérir et la dominer.

Ruganzu s’approcha d’elle pour mieux l’étreindre en concluant avec elle un pacte de non-agression. Il lui offrit des chèvres, véritable « cadeaux empoisonnés » puisque ces bêtes broutèrent toutes les hautes herbes qui entouraient la résidence de Nyagakecuru. Cela fit fuir le serpent qui entourait son palais.

La grande armée de Ruganzu II Ndoli du nom d’Ibisumizi eut enfin accès sur elle et remporta une victoire qui n’était pas de tout repos. Nyagakecuru est le symbole d’une des rares femmes qui avait régné sur un territoire assez étendu, organisé avec une armée forte et crainte par d’autres roitelets.

Kankazi Radegonde était la reine-mère de Mutara III Rudahigwa et femme de Yuhi IV Musinga. Dès l’exil forcé de son mari Musinga, les colonisateurs belges avaient tout fait pour qu’elle perde de son autorité sur son jeune fils devenu roi en la mettant à l’écart du monarque. Malgré cela, elle garda toute son influence auprès de la population.

Selon les témoignages recueillis, elle avait un cœur plein d’amour et de compassion envers les démunis. De son domicile en matériaux durables et propre de Shyogwe, elle donnait de l’eau potable à toute la population environnante, distribuait des vaches en guise de don et rassemblait les jeunes enfants pour leur offrir du lait.

Jusqu’au moment de son exil au Burundi en 1959 après la mort de son fils Mutara III Rudahigwa, assassiné à Bujumbura, elle vivait en toute humilité et amour réciproque avec sa jeune sœur Kabanyana.

Sur les vestiges de son domicile de Shyogwe, il ne reste que la chapelle et un mur sur lequel les voisins venaient puiser l’eau potable. Kankazi est le modèle de la femme intérieure, d’une simplicité hors pair et d’une piété attachante. Elle incarne la femme qui a gardé son influence dans la discrétion.

Les femmes de Karama ou les femmes de l’Unité du début du XXI eme siècle :

A environ 10 km de la ville de Huye, à 1 km de la route reliant Matyazo et Kibeho, il fut fondé une association composée par les femmes dénommée « Ubutwari bwo kubaho » (la vaillance de vivre). Cette association est constituée par les femmes rescapées du génocide contre les Tutsis et d’autres pour lesquelles leurs maris ont perpétré le crime de génocide.

Quelques temps après 1994, les deux groupes se regardaient en chiens de faïences de sorte que les rescapés du génocide menaçaient et torturaient les autres pour lesquels leurs maris étaient en prison.

Cependant sous les bons conseils du prêtre Jérôme Masinzo, les deux communautés ont commencé à dialoguer, à demander pardon et ainsi à se rapprocher et vivre ensemble.

Cette initiative de coexistence pacifique a été propagée partout dans le pays et ces dames qui regroupent actuellement plus de mille membres ont reçu le prestigieux prix du club de l’Unité. Actuellement, cette initiative s’est répandue auprès des jeunes en créant l’association dénommée « Inyange z’ubutwari bwo kubaho ».

Les femmes de Karama nous apprennent énormément de choses : le dépassement, le refus d’être sous l’emprise de l’esprit de vengeance, la volonté convaincante de vivre ensemble, la responsabilité sociale pour mieux vivre en cohésion tout en se projetant vers l’avenir et le souhait d’une société pleine de promesses et de prospérité.

Voilà des valeurs que le Rwanda devrait conserver jalousement non seulement dans les musées et les livres mais dans le vécu de tous les jours.

Ces dames qui ont traversé l’histoire contemporaine et récente du Rwanda, c’est-à-dire du XVII eme siècle à nos jours, mériteraient d’être soulignées suffisamment car elles nous livrent de grandes leçons au présent et au futur : les vertus d’amour du prochain, la résilience, le leadership féminin, le regard profond vers l’avenir et la projection pour un pays plein de potentialités. C’est à nous tous de découvrir ces pans entiers de notre histoire et notre culture.

Le tourisme culturel que vient de lancer le « Rwanda Development Board » est une belle opportunité à ne pas manquer ! Il est potentiellement gagnant à tous points de vue : auprès des bénéficiaires qui apprennent beaucoup sur notre culture parfois méconnue, auprès des opérateurs de ce type de tourisme, auprès de la population visitée qui reçoit des retombées de ce genre de tourisme et enfin la levée des recettes fiscales de l’Etat.

Mais ce dernier devrait aménager toutes les infrastructures requises pour faciliter l’accès aux sites culturelles, construire des musées, créer des environnements compétitifs pour favoriser à investir dans ce domaine. Le ministère de la culture et celui des infrastructures en collaboration avec le Rwanda Development Board devraient revoir en profondeur la copie de leurs plans stratégiques.


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