Ce n’est pas la première fois que le Rwanda et la RDC parviennent à un accord sur certains points, sans que ceux-ci ne soient véritablement appliqués.
Cela s’est particulièrement fait remarquer lors des pourparlers de Luanda, où une trêve avait été conclue, mais rompue dès le lendemain, quand les forces congolaises ont repris les attaques, tandis que les accusations contre le Rwanda se multipliaient.
L’accord signé entre le Rwanda et la RDC à Washington D.C. comporte plusieurs clauses majeures, notamment le démantèlement du groupe armé FDLR, la levée des mesures de défense mises en place par le Rwanda, le respect de la souveraineté des deux pays, l’engagement à ne pas recourir à l’agression, ainsi que la facilitation du retour des réfugiés.
Devant le Secrétaire d’État américain chargé des affaires étrangères, Marco Rubio, ainsi que les représentants du Qatar, du Togo et de l’Union africaine, le Ministre des Affaires étrangères, l’Ambassadeur Olivier Nduhungirehe, a réaffirmé la volonté du Rwanda de respecter pleinement les engagements pris dans cet accord.
Dans son discours, l’Ambassadeur Nduhungirehe a néanmoins fait part de ses préoccupations quant au respect réel de cet accord, insistant pour que les États-Unis accompagnent les deux parties tout au long du processus de mise en œuvre, rappelant que ce n’est pas la première fois qu’un tel accord est signé sans être appliqué.
« Nous devons reconnaître qu’un fort scepticisme règne dans notre région et au-delà, car de nombreux accords antérieurs n’ont pas été respectés. Le chemin à parcourir ne sera certainement pas facile, mais avec le soutien constant des États-Unis et d’autres partenaires, nous pensons être arrivés à un moment crucial qui pourra faire changer les choses. Le Rwanda est prêt à travailler avec la RDC pour tenir ses engagements. » a-t-il déclaré.
Après la signature de cet accord, le ministre Nduhungirehe et sa consœur congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, ont été reçus par le président américain Donald Trump.
Lors de son discours à la Maison-Blanche, Nduhungirehe a une nouvelle fois exprimé ses inquiétudes quant à la volonté de la RDC de respecter cet accord, appelant le président Trump à les accompagner tout au long du processus.
« Merci beaucoup, Monsieur le Président. C’est un jour historique, car nous signons un accord de paix entre la RDC et le Rwanda, mettant fin à un conflit qui dure depuis 30 ans. Par le passé, plusieurs tentatives de médiation ont été engagées, sans succès », a-t-il déclaré, soulignant que la réussite de cette médiation américaine repose sur la bonne gouvernance de l’administration Trump et sur les nouvelles dispositions contenues dans cet accord.
« Nous croyons que c’est grâce à votre leadership et à votre engagement, ainsi qu’aux nouvelles approches intégrant la coopération économique, que le Rwanda et la RDC pourront mieux collaborer. Cette région est très riche, avec un commerce transfrontalier dynamique, des ressources minérales et naturelles importantes », a-t-il ajouté.
Nduhungirehe a expliqué que cet accord ne réussira que si les États-Unis suivent bien sa mise en œuvre.
« Si les États-Unis continuent de soutenir le Rwanda et la RDC, nous sommes confiants de pouvoir construire une paix durable. Comme mon homologue de la RDC l’a dit, il est important que les États-Unis restent engagés, car même si nous avons signé cet accord aujourd’hui, il faut maintenant le mettre en pratique pour entrer dans une nouvelle période de prospérité et profiter des bénéfices économiques de la paix », a-t-il indiqué.
« Pour que la coopération économique fonctionne vraiment, il faut que les États-Unis accompagnent les deux pays dans la mise en œuvre de cet accord. Par le passé, beaucoup d’accords ont été signés sans être appliqués. Nous espérons qu’avec votre soutien et celui des États-Unis, nous réussirons cette fois-ci. »
D’éventuelles sanctions
Au-delà du ministre Nduhungirehe, plusieurs journalistes présents à la cérémonie ont exprimé des doutes quant à la mise en œuvre effective de cet accord.
Répondant à une question sur une possible violation de l’accord, le président Trump a assuré : « Nous travaillerons avec eux pour que cet accord soit appliqué. Ils en ont la capacité. Cela dit, nous exercerons une pression pour que cela se réalise. Ce sont deux personnes compétentes qui savent qu’elles doivent agir, car les conséquences seraient lourdes. »
La journaliste Hariana Verás a pour sa part demandé à Trump de préciser les sanctions en cas de non-respect.
« Je dirais que de lourdes sanctions seront prises s’ils ne respectent pas l’accord, même si je ne pense pas qu’ils iront jusque-là. Nous avons des sanctions économiques très fortes », a-t-il répondu.
La mise en œuvre de cet accord devrait débuter par l’éradication du groupe FDLR, avant de pouvoir envisager la levée des principales mesures de défense, ce qui signifie que la deuxième étape ne pourra être respectée que si la première est réalisée.
Le vice-gouverneur de la province du Nord-Kivu, contrôlée par l’AFC/M23, Willy Manzi, a exprimé ses doutes quant à la capacité des FARDC à démanteler la FDLR, qu’il juge plus puissante que l’armée congolaise elle-même.
« Les soutiens de la FDLR dans la région doivent maintenant être dans une impasse, alors que le gouvernement de Kinshasa a pris un engagement presque impossible à tenir : désarmer un groupe armé plus fort que ses propres forces », a-t-il déclaré.

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