00:00:00 Nos sites KINYARWANDA ENGLISH FRANCAIS

Une nouvelle ère de la démocratie avec des droits et des pouvoirs pour les citoyens et les salariés

Redigé par L'Humanité
Le 25 décembre 2013 à 04:14

L’avenir n’est pas écrit. Construire des lendemains qui chantent pour le plus grand nombre dépend de nos choix et de la volonté politique de dépasser la logique actuelle.
Le paradoxe est que même si, d’une part, il existe un constat de plus en plus partagé selon lequel nous vivons une crise systémique du capitalisme – c’est-à-dire une crise liée aux structures et à la logique du système – et que, d’autre part, l’absurdité du fonctionnement de la sphère financière est de plus en plus dénoncée, les choix (...)

L’avenir n’est pas écrit. Construire des lendemains qui chantent pour le plus grand nombre dépend de nos choix et de la volonté politique de dépasser la logique actuelle.

Le paradoxe est que même si, d’une part, il existe un constat de plus en plus partagé selon lequel nous vivons une crise systémique du capitalisme – c’est-à-dire une crise liée aux structures et à la logique du système – et que, d’autre part, l’absurdité du fonctionnement de la sphère financière est de plus en plus dénoncée, les choix politiques adoptés en Europe visent avant tout à «  rassurer  » les marchés financiers.

Malgré la responsabilité de ces derniers dans la crise, leur puissance n’a pas été entamée. Pourtant, le système repose sur une spéculation parasitaire qui privilégie la logique du dumping et du court-termisme au nom de la rentabilité maximale. La plupart des transactions financières ne passent plus par l’économie réelle car ses rendements financiers sont considérés comme insuffisants.

Concentré dans les mains d’une minorité, l’argent disponible – en réalité en abondance – n’est pas utilisé pour répondre aux immenses besoins qui s’expriment sur l’ensemble de la planète ainsi qu’aux défis sociaux et environnementaux auxquels l’humanité est confrontée.

La lutte contre les déficits publics, érigée en priorité sans aucune analyse critique de leur nature réelle et de leurs causes, entraîne en pratique une dégradation progressive des services publics et des mécanismes de protection sociale ainsi qu’un accroissement des inégalités.

Quant à l’impératif de «  compétitivité  », il n’offre comme perspectives que la mise en concurrence généralisée de tous les travailleurs à l’échelle de la planète et l’extension du pouvoir des multinationales, seules en mesure de rivaliser dans cette guerre.

Dans ce cadre, la décision politique semble impuissante à transformer un système qu’elle a elle-même contribué à créer. La résignation et le désespoir se diffusent dans toute la société, ce qui ouvre la porte au repli sur soi et à la démagogie xénophobe.

À rebours du fatalisme ambiant, il faut affirmer que d’autres choix sont possibles et replacer les questions du sens, des valeurs et des buts au centre des débats. Pour faire grandir une espérance collective, nous avons besoin de penser ensemble des utopies réalistes s’appuyant sur toutes les potentialités à l’œuvre dans le réel.

Cela signifie qu’il faut commencer par débattre de l’avenir dont nous voulons ouvrir les voies, c’est-à-dire de l’avenir souhaitable. Le possible n’est pas une donnée a priori, il résulte toujours d’une bataille.

Comme l’affirmait Hannah Arendt, la liberté n’est pas «  de choisir entre ce qui est déjà donné  » mais d’avoir la possibilité «  de vouloir que ceci ou cela soit autrement  ».

La souveraineté du peuple étant encore au fondement du pouvoir dans nos sociétés, nous pouvons, si la majorité des citoyens le décident, amorcer un processus de transformation en profondeur de l’ordre existant.

Il est possible d’améliorer concrètement les conditions d’existence et du vivre-ensemble comme d’intégrer pleinement dans nos décisions et actions les exigences écologiques pour que notre espèce évolue dans un environnement propice à la vie. Les propositions alternatives existent et les expériences foisonnent.

Nos leviers d’action reposent sur la légitimité et la force du nombre, la logique de coopération et l’appropriation populaire de ces objectifs de transformation. Au regard de la complexité des défis et de l’ampleur des révolutions à entreprendre pour que nos modes de développement soient émancipateurs et pérennes, nous avons besoin d’une nouvelle ère de la démocratie.

Il s’agit de revisiter sa dimension représentative pour renforcer le rôle du Parlement contre la tendance à la personnalisation et à la concentration du pouvoir et favoriser le pluralisme des courants politiques.

Il s’agit aussi de promouvoir des débats d’idées sortant du cadre étroit dans lesquels ils sont aujourd’hui insérés. Il s’agit surtout de reconnaître de nouveaux pouvoirs pour les citoyens et les salariés afin qu’ils puissent intervenir dans la détermination des décisions qui les concernent.

C’est par la force de l’action collective et l’appropriation des droits existants et à conquérir que nous pourrons libérer les énergies, les intelligences, les savoir-faire et les volontés indispensables pour apporter des réponses aux défis et aspirations du XXIe siècle et construire une société dont le moteur est l’épanouissement humain.

Par Louise Gaxie, juriste de droit public et essayiste.


Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité