Au cours de la séance de procès Béatrice Munyenyezi, 43 ans et 3 enfants, soupçonnée d’avoir caché son rôle dans le génocide des Tutsi de 1994 pour qu’elle puisse bénéficier de la nationalité américaine, le débat contradictoire était nourri.

Mme Munyenyezi, Femme d’Arsène Ntahobali condamné à vie en Première Instance du TPIR-Arusha
L’Agence AP rapporte que David Ruoff, avocat de l’accusée a montré que sa cliente était une grande personne mais qu’elle n’était pas capable de prononcer un seul mot d’anglais au moment où elle remplissait le formulaire de demande de nationalité américaine en 1995.
Le Procureur de la République, Aloke Chakravarty qui a, 10 ans avant, reçu le serment de Munyenyezi lors de l’obtention de la nationalité américaine l’a peinte comme une personnalité membre de la clique de Bahutu qui ont préparé et organisé rien qu’en 100 jours le génocide contre les Tutsi et le massacre de Hutu modérés.
Depuis 1995, le Ministère public américain a montré que Munyenyezi a menti de diverses façons avec sa déposition selon laquelle ‘‘elle n’a en aucun cas été liée de près avec les plans de génocide, qu’au contraire, elle a perdu les siens durant ce génocide’’
Les juges ont entendu le témoin Dr Rony Zachariah de MSF (Médecins Sans Frontières) qui était au Rwanda au moment où le génocide éclatait. Il déclare être passé par des barrières érigées où des Tutsi en attente d’être tués étaient parqués.
Il a particulièrement ciblé une barrière montée prés de la frontière avec le Burundi où quelques 70 personnes étaient poursuivies dans leur course par des Bahutu armés de machettes. « Il se peut que seuls 7 à 10 personnes ont pu franchir la frontière burundaise. D’autres ont été tués », a-t-il dit.

Au moment du génocide. Munyenyezi avait un nourrisson et enceinte de deux jumeaux, rapporte AP qui suit le procès ajoutant qu’elle résidait dans un hôtel de Butare appartenant à la famille de son mari.
Le Ministère Public intervient disant que devant cet hôtel, il y était érigé une barrière occupée par de criminels Bahutu qui arrêtaient tous les passants et retenaient ceux qui exhibaient des cartes d’identité Tutsi et qui étaient tués sur le coup. Les femmes Tutsies y étaient violées.
Le Ministère public déclare qu’en ces moments-là, Munyenyezi sortait de l’hôtel et prenait une décision sans appel de ceux qu’on devait tuer et d’autres qui bénéficiaient de son sursis.
Un débat houleux particulièrement contradictoire
Ruoff défendant sa cliente et Chakravarty, le Procureur, ont montré des divergeances profondes. Ruoff avançait qu’il n’était pas question de faire foi aux dépositions des témoins à charge : « Il ne faut pas faire foi aux témoins à charge à cause de leurs origines (au Rwanda) et des conséquences qu’ils subiront », a-t-il déclaré.
Cette répartie a été balayée d’un revers de la main par le procureur qui y a vu des stratagèmes de la défense tendant à faire des digressions dans le procès pour cacher la vérité aux juges.
Le procureur tient la femme par le mensonge qu’elle a proféré au TPIR Arusha en 2004 et 2008 au moment où elle a déposé à décharge au profit de son mari Arsène Shaloom Ntahobari.
« Elle a menti disant que devant l’hôtel où elle résidait il n’y avait pas de barrière montée par les Interahamwe et qu’elle n’y a vu aucun corps de tutsi tués alors que le ‘satellite’ montre bel et bien des photos des personnes tuées », a-t-il essayé de confondre l’accusée Munyenyezi.
Les séances de Procès Munyenyezi s’étaient compliquées et arrêtées en mars 2012 devant le mutisme de l’accusée. Elles ont été reprises en ce début 2013.
La séance de ce jeudi 7 février a entendu un témoin qui a déclaré à la cour que le Mari de Munyenyezi avait été son camarade d’école secondaire, qu’il a vu à deux reprises Munyenyezi portant l’uniforme d’Interahamwe, jeunesse du parti MRND, qui est connu de triste mémoire pour avoir joué un rôle particulièrement criminel dans le Génocide des Tutsi.
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