22ème édition : Guerre au négationnisme et loi sur réparations de droits rescapés

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 9 avril 2016 à 12:06

La commémoration du 22ème anniversaire du génocide des Tutsi de 1994, le 7 avril dernier a laissé pantois plus d’un observateur de la scène politique rwandaise. On était familiarisé à des sorties véhémentes du Président Paul Kagame contre ses contradicteurs et autres rwandais véhiculant le discours haineux négationniste, montrant, à la Corbin, que ce génocide est, au contraire, celui commis sur les supposés bourreaux.
Ce 7 avril, Kagame avec son invité président Tanzanien John Pombe, ont préféré écouter un (...)

La commémoration du 22ème anniversaire du génocide des Tutsi de 1994, le 7 avril dernier a laissé pantois plus d’un observateur de la scène politique rwandaise. On était familiarisé à des sorties véhémentes du Président Paul Kagame contre ses contradicteurs et autres rwandais véhiculant le discours haineux négationniste, montrant, à la Corbin, que ce génocide est, au contraire, celui commis sur les supposés bourreaux.

Ce 7 avril, Kagame avec son invité président Tanzanien John Pombe, ont préféré écouter un sociologue, Dr Jean Damascène Bizimana, Secrétaire Exécutif de la CNLG (Commission Nationale de Lutte contre le Génocide) pour comprendre la psychologie et les motivations des négationnistes et es forces qui se cachent derrière eux.

M. le Dr J.D. Bizimana pérore sur le négationnisme du génocide des Tutsi. Rien n’est dit sur les conditions déplorables des rescapés. Pourtant tout est lié

Sans les nommer, le docteur a lancé des flèches contre les pays qui soutiennent des groupes de négationnistes du génocide des Tutsi et ceux qui mettent à leur disposition des espaces de libre expression et leur accorder gracieusement asile et résidence au lieu de es traduire en justice.

En cela il rejoint Bernard Makuza, président du Sénat rwandais qui au cours de la fin de cette semaine écoulée est monté lui aussi au créneau, il dirigeait la Commission Parementaire de Lutte contre l’idéologie du génocide, pour montrer que les négationnistes et révisionnistes du génocide des Tutsi de 1994 sont actifs dans le seul but de se dédouaner. Pour cela ils accusent de criminels de génocide, survivants de ce génocide et ceux qui l’ont arrêté

"Ils sont poursuivis par un sentiment du non achevé de leur projet de génocide. Pour cela ils, ces négationnistes, ne peuvent que répendre cette idéologie dans les pays où ils sont exilés", a dit le Dr Jean Damascène Bizimana avant d’accuser nommément la RDC et le Burundi voisins de donner tous les moyens d’action et le libre champ à ces criminels au lieu de les traduire devant a justice.

Le cachet indélébile de la machette sur les femmes tutsies violées, un stigmate. Comment l’effacer ? La lutte contre le négationnisme, ce n’est pas uniquement le verbe.

D’un ton docte, le docteur monte les enchères et aggrandit les cercles d’accusation pour attaquer certains pays occidentaux qui ont été intéressés en géostratégie à la commission de ce génocide des Tutsi en 1994 : la France qui ne décolère pas.

"La France est au top de pays qui ne veut pas traduire en justice les présumés génocidaires exilés sur son sol. Elle n’a jamais voulu extrader ce derniers sous prétexte de non rétroactivité de la loi réprimant le génocide qui a été voté après 1994 par le nouveau régime rwandais. Pourtant, cela est un faux-fuyant car d’après es instruments internationaux, le génocide est un crime imprescriptible...", a-t-il lancé pour aller au principal :

"De 2003 à 2014, l’ONU a appelé les pays de la Communauté internationale à mettre en quantaine les FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) et éradiquer ce mouvement fait de commandants génocidaires à travers plus de 10 résolutions. Pourtant rien n’y fait. Certains pays ne s’exéciutent pas", a-t-il indiqué citant néanmoins en excellence l’initiative de la justice allemande d’arrêter et traduire en justice deux hauts dirigeants de ces FDLR, le Dr Ignace Murwanashyaka et Straton Musoni, respectivement Président et Secrétaire Général de ce mouvement.

Le docteur Jean Damascène Bizimana a circonscrit les démarches des négationnistes du génocide des Tutsi de 1994. Il a montré le rôle particulièrement néfaste et particulièrement actif négationniste des lobbies français composés d’hommes politiques et militaires de ce temps-là qui géraient au jour le jour le dossier Rwanda.

Comment se manifeste ce négationnisme ? La falsification des faits. Pour cela les victimes de ce génocide des Tutsi dénombrées à 1.074.017 par un recensement dûment documenté du Minaloc en 2002, les négationnistes, par un tour de passe, les réduiront à leur très simple expression, a-t-il dit pour poser en victimes d’un régime FPR.

Main coupée, à défaut, les doigts : infirme et esseulée pour toute la vie. Entretemps, le bourreau ayant demandé et obtenu le pardon est bien au chaud tranquille à côté. Réfléchir profondément au modus opérandi.

Pourtant le Docteur n’a pas montré comment ces négationnistes affûtent leurs armes de combat : l’exploitation de tous les média et l’utilisation d’un discours qu’on force d’être persuasif avec des allures mi scientifique mi mensonger.

Ces négationnistes sont-ils assez financés pour remplir les espaces médiatiques pluriels et continuer à ressasser leurs voix, images et écrits partout où cela est possible ? Sont-ils obligés de faire un travail d’écriture de livres polémiques, d’analyses parfaitement cousues sur le mensonge et la désinformation afin de prolonger leur sursis jusqu’à ce qu’ils ébrèchent sérieusement un régime de Kigali qu’ils qualifient de Tutsi, un régime qui lui aussi enfourche un train endiablé de développement économique dans une tentative de changer de fond en comble le citoyen rwandais afin de l’arracher à l’emprise de cette idéologie incendiaire ?

Les stratégies de lutte contre le négationnisme du génocide des Tutsi devraient être repensée pour mener des actions quotidiennes bien assises. La première action hautement politique aussi quoiqu’apportant une solution matérielle aux survivants, c’est la création d’un Fonds de Réparation des Droits des Survivants du Génocide des Tutsi de 1994. Peu importe qu’il soit maigre ou étoffé, ce fonds permettra aux survivants de ne pas mourir dans l’isolement et la misère, il leur permettra de s’exprimer par écrit et verbalement.

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Ceci a un double impact. Le Régime FPR qui les a sauvés connaôtra une grande moisson de témoignages vécus. Ces derniers feront que l’industrie du livre rwandais soit active. La Communauté internationale apprendra-t-elle à ne pas être leurrée par une très grande littérature négationniste actuelle.

D’autre part, ce fonds apportera une affirmation du survivant du génocide. Cette réparation de ses droits va le vacciner d’un certain opprobre qui lui ont lancé ses tortionnaires et bourreaux à qui il a accordé le pardon au cours des séances de juridiction Gacaca qui ont clos leurs travaux sur la soif de ces rescapés.


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