Divisions orchestrées en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 23 décembre 2025 à 12:47

Le sommet de l’État congolais, par le biais d’une rhétorique méthodiquement calculée et de mécanismes de communication sophistiqués, a choisi de transformer la division en instrument de gouvernance.

Cette stratégie, pleinement assumée est déployée avec acuité où des messages clivants et des procédés médiatiques manipulatoires ont consciemment semé le rejet de l’autre, fragilisant le tissu social et minant la cohésion nationale.

Les populations du Kivu, et en particulier les communautés tutsies, ont subi les effets directs de cette politique : marginalisation, stigmatisation, vulnérabilité accrue face aux discriminations et exclusions systémiques. Le pouvoir, loin de se contenter d’une simple indifférence, a instrumentalisé ces divisions pour consolider sa domination, démontrant que la fragmentation identitaire était un objectif politique délibérément poursuivi depuis les plus hautes sphères de l’État.

Le procédé le plus emblématique de cette entreprise de division est la campagne dite « de père et de mère », qui a conduit à la stigmatisation des candidats dont les épouses étaient étrangères, accompagnée de slogans tels que « lakisa mama ».

Cette pratique, loin d’être un simple détail de procédure électorale, a neutralisé des voix légitimes et affaibli les fondements de l’unité nationale, instaurant un climat de polarisation identitaire qui ravive des fractures historiques et fragilise durablement la gouvernance du pays.

Cette dynamique n’est pas nouvelle : elle s’inscrit dans une continuité politique où la division est instrumentalisée, planifiée et assumée, révélant la conscience et la responsabilité directe du pouvoir dans l’affaiblissement de la cohésion sociale.

Responsabilité et conséquences

Les conséquences de cette politique sont multiples et d’une gravité exceptionnelle. Sur le plan politique, elle érode la confiance des citoyens dans leurs institutions, mine l’autorité de l’État et compromet durablement l’exercice d’une gouvernance démocratique et inclusive.

Sur le plan juridique, les discriminations orchestrées par les plus hautes autorités de l’État constituent une violation manifeste des principes constitutionnels de non-discrimination, de participation politique égale et de protection des droits fondamentaux.

Cette responsabilité n’est pas théorique : elle engage la reddition de comptes des acteurs étatiques complices, tant devant les juridictions nationales qu’au plan international, pour prévenir la banalisation des exclusions et la légitimation de la division comme instrument de pouvoir.

Les discours creux des pyromanes-pompiers, qui prétendent éteindre les flammes qu’ils ont eux-mêmes attisées, ne sauraient tromper l’observateur averti. Sous un vernis de bonnes intentions et de proclamations moralisatrices, se dissimule une vérité indiscutable : ces artifices rhétoriques ne servent qu’à masquer la continuité d’une politique de division orchestrée depuis le sommet de l’État.

La prétendue neutralité de ces interventions contraste avec l’instrumentalisation calculée des fractures sociales et identitaires, révélant l’usage cynique du pouvoir pour consolider une domination au détriment de l’unité nationale et de la cohésion sociale.

Il est vain d’espérer que de telles proclamations puissent effacer les conséquences tangibles de cette politique systémique. Les populations, témoins et victimes des exclusions, des discriminations et des fractures, constatent avec lucidité que la responsabilité première repose sur les autorités qui ont délibérément entretenu ces tensions.

L’évidence de cette responsabilité assumée ne saurait être occultée par de simples discours : elle appelle, au contraire, une reconnaissance explicite et une reddition de comptes rigoureuse, condition sine qua non pour restaurer la confiance, la justice et l’unité au sein de la nation.

Les populations du Kivu, et en particulier les communautés tutsies, subissent les effets directs de la marginalisation et de la stigmatisation

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