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L’UDPS ou d’un idéal fondateur à une coquille vide en voie d’implosion

Redigé par Tite Gatabazi
Le 22 septembre 2025 à 03:09

De l’héritage des pères fondateurs de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), il ne reste aujourd’hui qu’une silhouette effilochée, un simulacre de parti dont l’âme a été trahie et les idéaux dilapidés par des héritiers plus soucieux de prébendes que de fidélité à l’histoire.

Jadis flambeau de la contestation face aux dictatures successives, l’UDPS apparaît désormais comme un parti présidentiel livré à des querelles intestines, incapable de transcender les luttes d’appareil et réduit à une bicephalie grotesque. L’exercice du pouvoir, loin d’affermir son unité et de donner corps à ses principes fondateurs, l’a précipité dans un marasme interne qui expose crûment l’absence d’une vision politique et morale partagée.

C’est dans ce climat délétère qu’a éclaté une nouvelle crise autour de la direction du parti, opposant Augustin Kabuya à Déo Bizibu Balola. Malgré une médiation directe du chef de l’État Félix Tshisekedi, l’ambiguïté demeure totale quant à l’identité du véritable secrétaire général de l’UDPS.

Le 20 septembre dernier, Déo Bizibu, s’arrogeant le titre de « secrétaire général a.i. », a réuni l’Exécutif national du parti. À l’issue de cette session extraordinaire, un communiqué a été publié, rappelant qu’une audience avait été accordée par la « Haute Autorité de Référence » du parti à Bizibu et à Kabuya, ce dernier étant désigné comme « ancien secrétaire général ».

Dans ce texte, l’Exécutif s’est félicité de la volonté présidentielle de voir convoqué un congrès extraordinaire en décembre 2025, conformément à l’article 19 des statuts. Le communiqué appelle les militants à privilégier l’intérêt général, la tolérance et le respect des textes, tout en affirmant que « Kabuya va revenir aux bons sentiments et préparer dans la sérénité la remise et reprise », afin de garantir la continuité du parti.

En réponse, Augustin Kabuya a tenté de reprendre l’initiative par une déclaration publiée sur sa page Facebook. Tout en reconnaissant les « turbulences » qui ont entravé la progression du parti, il a plaidé pour l’unité et la réconciliation, affirmant avoir décidé avec Bizibu de « tourner la page sombre » des divisions. Dans une posture d’humilité inhabituelle, il a présenté ses excuses à ceux qu’il avait offensés et offert son pardon à ses contradicteurs.

Cette déclaration suivait de près une réunion tenue dans la nuit du 19 au 20 septembre à la Cité de l’Union Africaine, sous la présidence du chef de l’État et en présence de figures de proue comme Peter Kazadi, Jacquemain Shabani et Jean-Claude Tshilumbayi. Selon le compte rendu officiel, Félix Tshisekedi avait enjoint les deux protagonistes de travailler ensemble, confirmant Kabuya dans ses fonctions de secrétaire général, mais assisté de Déo Bizibu, dans l’attente du congrès de décembre.

Or, malgré cette médiation présidentielle, le camp Bizibu persiste à considérer son leader comme le véritable secrétaire général du parti, entretenant une confusion qui mine encore davantage la crédibilité de l’UDPS.

Ce spectacle de rivalités internes révèle moins une querelle de personnes qu’une faillite collective : celle d’un parti qui, à force de renier son histoire, s’est vidé de sa substance au point de se fracturer au moment même où il exerce le pouvoir suprême.

De l’héritage des pères fondateurs de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), il ne reste aujourd’hui qu’une silhouette effilochée

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