Ce geste, qui se veut conciliant, trahit en réalité l’ampleur de l’impasse politique dans laquelle le chef de l’État s’est lui-même enfermé. Au terme d’années marquées par des improvisations successives, par l’ouverture simultanée de multiples fronts sans cohérence stratégique et par une incapacité manifeste à structurer une vision d’ensemble, Tshisekedi apparaît aujourd’hui au pied du mur, exposé à la fois à l’essoufflement de ses alliés et à l’impatience croissante de ses soutiens traditionnels.
La lassitude qui gagne son propre camp, les défections feutrées de partenaires jadis loyaux, et le discrédit qui accompagne ses revirements successifs, composent un tableau politique où la perte de maîtrise n’est plus une impression, mais une évidence.
L’appel, même indirect, adressé aux évêques de la CENCO, ces mêmes prélats naguère dénigrés et caricaturés en « politiciens en soutanes » révèle la profondeur de la déstabilisation du pouvoir. Ce revirement, presque contrit, s’apparente à un aveu silencieux : celui d’un dirigeant réduit à rechercher auprès de ceux qu’il avait offensés la légitimité morale qu’il n’est plus en mesure d’incarner seul.
L’heure des comptes : un pouvoir désorienté à la recherche d’un salut moral
La démarche du régime, aussi tardive qu’embarrassée, s’inscrit dans une dynamique plus vaste de dislocation de l’édifice présidentiel. Tshisekedi, ayant multiplié les initiatives brouillonnes, les stratégies avortées et les postures martiales sans traduction concrète, se retrouve désormais esseulé sur la scène politique.
Ses alliés, fatigués de l’inconstance présidentielle et de ses tergiversations permanentes, s’éloignent peu à peu, tandis que les crises sécuritaires, diplomatiques et sociales s’amoncellent sans qu’aucune réponse cohérente ne se dessine.
Dans ce contexte, la CENCO demeure l’une des rares institutions jouissant d’une crédibilité intacte, d’une autorité morale reconnue et d’une capacité d’influence réelle sur les dynamiques nationales.
Revenir vers elle, tête baissée, après les avoir publiquement vilipendés, relève d’un calcul politique désespéré autant que d’une reconnaissance implicite de leur rôle incontournable dans les moments de bascule. Le régime cherche dans ce dialogue hypothétique non seulement une médiation, mais une forme de réhabilitation symbolique que ses propres actions ont rendue nécessaire.
Cependant, cette démarche soulève une interrogation fondamentale : le pouvoir est-il mû par une volonté authentique de réconciliation nationale ou ne cherche-t-il qu’un palliatif conjoncturel destiné à sauver ce qui peut encore l’être ?
La réponse dépendra de la capacité du président à dépasser les réflexes de déni, à se confronter à ses propres responsabilités et à accepter l’idée que la légitimité politique ne se décrète pas, mais se reconquiert par l’humilité et la constance.
L’envoi d’un émissaire auprès des évêques de la CENCO s’apparente moins à une démarche d’ouverture réfléchie qu’à une tentative de rattrapage politique imposée par l’urgence. Il révèle un pouvoir en perte de repères, un président cerné par ses propres contradictions et une coalition qui se délite sous l’effet combiné de la lassitude, de la défiance et de l’absence de vision stratégique.
Au-delà des apparences diplomatiques, ce geste est le reflet d’un régime qui, ayant méprisé ceux qu’il sollicite aujourd’hui, se trouve contraint de revenir vers eux dans un état de vulnérabilité politique rarement atteint.
En d’autres termes, Tshisekedi, désormais acculé, cherche dans l’autorité morale des prélats ce que l’exercice du pouvoir ne lui a plus permis de conserver : la crédibilité.














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