Le 17 septembre 1981, alors garde des Sceaux, il prononça devant l’Assemblée nationale un discours solennel et vibrant qui scella l’abolition de la peine capitale. Paix éternelle à son âme, lui qui fit de ce combat l’axe cardinal de son engagement public, et qui arracha la République à une tradition séculaire entachée de sang et de remords.
Mais son action ne se limita point aux frontières hexagonales. Une fois l’abolition acquise en France, Badinter entreprit de porter ce flambeau au-delà des mers, convaincu que la peine de mort constituait à la fois une aberration juridique et une régression morale indigne des sociétés qui se réclament de la civilisation.
Dans les enceintes européennes, au Conseil de l’Europe comme à l’Union européenne, il œuvra à ce que l’abolition devienne une condition impérative d’adhésion. Grâce à son influence, l’Europe se transforma progressivement en un espace abolitionniste, un bastion où le droit à la vie fut sanctuarisé contre la tentation vengeresse de l’État.
À l’échelle internationale, il ne cessa de plaider, dans les universités, les colloques, les forums ou encore devant les instances onusiennes, en faveur d’une prise de conscience universelle de l’inhumanité de la peine capitale. Il voyait dans l’exécution d’un être humain, quel que fût son crime, non pas une justice rendue, mais une violence légalisée, un simulacre de droit qui ne faisait que singer le meurtre.
Par ses discours, ses écrits et ses innombrables interventions, il constitua un arsenal intellectuel et moral qui inspira bien des nations d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie à franchir le pas de l’abolition, ou à instituer des moratoires préparant les esprits à cette mutation décisive.
Robert Badinter incarna ainsi, au-delà du juriste et du ministre, la figure du héraut de la dignité humaine. Sa croisade contre la peine de mort ne fut jamais un calcul politicien ni une posture médiatique, mais l’expression d’une vocation intime, enracinée dans la certitude qu’aucune justice véritable ne peut s’édifier sur le sang versé.
« Lorsqu’il s’agit d’arracher un homme à la mort, confiait-il, il n’y a plus que vous et vos mots. Et c’est pourquoi je n’ai jamais utilisé de notes : pour convaincre, il fallait que cela jaillisse des profondeurs de soi-même. Jamais je n’ai connu épreuve comparable. »
De cette épreuve est née une conquête morale impérissable : l’effacement progressif de l’ombre de l’échafaud et l’avènement d’un droit plus digne, respectueux de la vie et de l’humanité de chacun. Tel est l’héritage immortel de Robert Badinter, auquel la conscience universelle restera redevable.

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