Ce reflux précipité, mêlant miliciens Wazalendo, éléments des FDLR et segments des FARDC, a fait irruption sur le sol burundais avec son cortège de pratiques, de codes et de violences symboliques.
L’installation de ces groupes au camp militaire de Mwaro a ainsi suscité stupeur et malaise au sein de la population, heurtée par des comportements perçus comme profondément étrangers à ses normes culturelles et morales.
L’exil armé comme symptôme d’une défaite politique et morale
La fuite vers le Burundi, pour ceux qui n’ont pu emprunter la voie lacustre menant à Kalemie, s’inscrit dans une logique classique de débâcle : lorsque l’édifice militaire se fissure, les alliances de circonstance se disloquent et la survie individuelle supplante toute prétention idéologique.
Loin de toute stratégie concertée, ce repli traduit l’échec d’un projet de violence qui, incapable de se maintenir sur le terrain conquis, cherche refuge au-delà des frontières.
Ce déplacement n’est toutefois pas neutre. Il charrie avec lui des pratiques forgées dans l’anomie des zones de conflit, où l’effacement de l’État et la banalisation de la force ont progressivement dissous les repères éthiques.
Le choc culturel qui en résulte, notamment face à des comportements jugés attentatoires aux usages burundais, révèle la profondeur du fossé entre une société encore régie par des normes communautaires fortes et des groupes armés socialisés dans la brutalité et l’arbitraire.
Ce hiatus n’est pas anecdotique : il constitue un signal d’alarme quant à la capacité d’un pays d’accueil à absorber, sans dommages, des forces qui ne reconnaissent ni limites ni lois.
Le Burundi face au risque d’importation du désordre
L’hébergement de combattants défaits ne se réduit jamais à une simple question humanitaire ou sécuritaire ; il engage la stabilité même de l’État hôte. Les premières manifestations de heurt culturel ne sont, à cet égard, que les prémices d’un danger plus vaste : celui de voir s’installer durablement des acteurs armés « sans foi ni loi », porteurs d’une économie de prédation et d’une violence décomplexée.
Pour le Burundi, le défi est double. Il s’agit, d’une part, de préserver la cohésion sociale et le respect des valeurs locales face à des comportements perçus comme une profanation du tissu moral commun. Il s’agit, d’autre part, d’empêcher que ces groupes, aguerris par des années de guerre irrégulière, ne transposent sur son territoire les logiques de déstabilisation qui ont ravagé l’Est congolais.
L’histoire régionale enseigne avec constance que l’accueil non maîtrisé de forces armées en déroute se paie souvent d’un tribut élevé : insécurité chronique, criminalité transfrontalière et fragilisation de l’autorité publique.
Ainsi, l’épisode de Mwaro dépasse de loin le fait divers ou l’indignation culturelle qu’il suscite. Il met en lumière une crise plus profonde, celle de la circulation incontrôlée de la violence dans les Grands Lacs, et de l’incapacité persistante des États et des alliances militaires à endiguer ses effets de contagion.
Pour le Burundi, la lucidité s’impose : tolérer l’implantation de groupes armés déracinés, c’est courir le risque d’importer un désordre dont les premières secousses ne sont que l’annonce d’un séisme plus vaste. Seule une réponse ferme, fondée sur le droit, la vigilance sécuritaire et le respect des équilibres culturels, pourra prévenir que l’hospitalité contrainte ne se mue en tragique erreur stratégique.














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