Sous les applaudissements nourris d’un auditoire manifestement conquis, le chef de l’État rwandais a lancé un appel sans ambages, dénué de toute langue de bois, aux consciences africaines : « Nous avons le savoir, nous avons la vision, nous avons tout. Nous avons les ressources, et nous avons des organisations. L’Afrique devrait être bien plus avancée que là où elle se trouve actuellement, et nous ne devrions tirer aucun réconfort du fait que quelques progrès aient été réalisés ici ou là. Nous devons simplement faire ce que nous avons à faire. Et nous disposons de tous les moyens pour y parvenir. »
Ces mots, loin d’être un simple exercice oratoire, résonnent comme un réquisitoire contre l’inertie institutionnelle et les compromissions morales, mais aussi comme un manifeste de réarmement intellectuel et stratégique pour un continent trop longtemps confiné aux marges de sa propre destinée.
Une exigence de lucidité : renoncer à la médiocrité satisfaite
La force du propos présidentiel tient à sa capacité à conjuguer la vérité des faits avec l’audace des perspectives. Car ce que le Président Kagame met en lumière, c’est moins un déficit de moyens qu’un déficit de volonté collective, une forme de résignation endémique qui se dissimule derrière des bilans en demi-teinte. Il dénonce, en creux, l’illusion dangereuse selon laquelle des avancées ponctuelles suffiraient à endiguer la profondeur des retards structurels.
Il récuse la tentation de se satisfaire d’un progrès fragmentaire, alors même que les nations africaines possèdent désormais, en leur sein, les instruments de leur propre transformation : intelligences fécondes, ressources abondantes, institutions en germination.
Ainsi, en convoquant à la fois la mémoire des luttes pour l’indépendance et les promesses non tenues du développement, Kagame appelle à dépasser les rhétoriques creuses pour entrer de plain-pied dans une ère d’efficacité, de responsabilité et de souveraineté assumée.
Ce qu’il exige, c’est une conversion du regard et une mutation des pratiques, une sortie résolue de l’improvisation et du mimétisme institutionnel.
Pour une Afrique qui se pense et s’accomplit par elle-même
Ce discours, dans sa densité et sa portée, participe d’une nouvelle grammaire du leadership africain. Il affirme avec force que la libération réelle de l’Afrique ne viendra ni d’injonctions extérieures, ni d’aides conditionnées, mais d’une volonté intérieure, ancrée dans la conscience que le continent ne manque de rien pour édifier sa propre modernité.
A ceux qui doutent encore, il oppose une certitude : les moyens existent : humains, naturels, organisationnels. Reste la tâche, impérieuse et non négociable, de les ordonner au service d’un dessein commun.
Dès lors, il ne s’agit plus simplement d’admirer le modèle rwandais ou de célébrer son inspirateur, mais de se saisir de cette parole pour initier, partout ailleurs, une dynamique d’émancipation lucide. Car le Président Kagame ne propose pas un modèle figé, mais un esprit de rigueur, un rapport adulte à la gouvernance, une culture de la redevabilité. L’Afrique, nous dit-il, doit se penser dans ses propres termes et s’accomplir selon ses propres rythmes.
En définitive, son intervention au 12e Forum des CEO Africains ne fut pas un simple moment de prestige, mais une invitation à rompre avec les alibis, à congédier l’infantilisation, et à entrer pleinement dans l’âge de la responsabilité historique.
À nous, désormais, de transformer cette parole en action, cette ovation en chantier, cette lucidité en destin.

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